Toutes les mesures de relance se réduisent à une chose au final : l’inflation. Aujourd’hui, les autorités n’ont plus le choix pour maintenir l’équilibre économique.
Ces deux dernières semaines, nous avons tiré sur des fils. Aujourd’hui, nous essayons de les tricoter.
D’abord, nous avons observé que la « relance », quel que soit le nom qu’on lui donne, n’est en réalité qu’une forme d’inflation. Que les autorités accumulent des déficits, baissent les taux, offrent des réductions d’impôts ou achètent des obligations – l’idée reste la même : mettre plus d’argent dans la partie.
En préambule, notez que les autorités ne peuvent pas vraiment « augmenter » la masse monétaire. Elles n’ont pas de vrai argent. Tout ce qu’elles peuvent faire, c’est diluer le stock d’argent existant avec de la fausse monnaie, réduisant ainsi la valeur réelle de chaque unité. Telle est la signification de « l’inflation ».
Lorsque le président annonce que la Réserve fédérale devrait réduire les taux, par exemple, il ne fait qu’appeler à plus d’inflation. Sans cela, pense-t-il, il se passera des choses affreuses.
Il n’est pas seul. Comme l’a observé Milton Friedman il y a quatre décennies, « nous sommes tous keynésiens, maintenant ». Il voulait dire par là que quasiment tous les économistes étaient tombés d’accord sur le fait qu’ils pouvaient trafiquer les taux d’intérêts pour fournir un peu – mais pas trop – d’inflation. Le résultat, pensait-on, vaudrait mieux que du « laisser-faire ».
Vladimir Poutine est pour, lui aussi. Il y a quelques jours, le Financial Times le citait disant que l’idée de marchés libres et de sociétés ouvertes est « obsolète ».
Républicains, démocrates, socialistes, conservateurs, communistes, bolchevistes et trotskistes – désormais, ils semblent tous en être convaincus… et sont même prêts à truquer le prix le plus important du capitalisme – le prix du capital lui-même – pour le prouver.
Cela, bien entendu, nous place dans une toute petite minorité. Nous ne sommes pas keynésien. Pour autant que nous en sachions, personne n’a jamais trouvé de meilleure explication du fonctionnement du monde de l’argent que les économistes classiques des XVIIIème et XIXème siècles – Smith, Ferguson, Cobden, Turgot, Bastiat et les autres.
Pas plus que nous ne pouvons comprendre comment laisser quelqu’un dévaluer votre monnaie a des chances de déboucher sur une conclusion satisfaisante. Nous attendons aussi que quelqu’un nous démontre que la planification centrale, les restrictions commerciales ou le bidouillage des prix par des économistes ont eu des effets bénéfiques sur une économie. Cela n’existe pas.
Les sauveurs de la civilisation
John Maynard Keynes a battu Poutine de vitesse : il a écrit son article La Fin du laissez-faire en 1962. Il était clair à l’époque qu’il ne comprenait pas plus les marchés ou les économies que le président actuel de la Fed, Jerome Powell.
Mais c’est incroyable à quel point on peut être idiot lorsqu’on est payé pour cela. Chez Keynes comme chez Powell, l’attrait du pouvoir – où l’on peut non seulement observer mais commander – a étouffé tout bon sens potentiel.
Cela a payé. Powell est désormais le boss, à la Fed. Deux de ses prédécesseurs, les bidouilleurs de taux Alan Greenspan et Ben Bernanke, ont vu leur portrait s’étaler en première page de grands magazines… tandis qu’on les remerciait d’avoir sauvé la civilisation elle-même.
Mais le seul médicament que ces charlatans ont à offrir est… vous l’aurez deviné… l’inflation. C’est tout ce dont ils ont besoin pour faire un énorme gâchis.
Bon marché et de court terme
Nous avons aussi réalisé que l’inflation – qu’elle concerne l’économie financière ou l’économie réelle – a plus ou moins le même effet. Elle fait un beau ragoût avec les signaux de prix cruciaux.
Ensuite, plus personne ne sait rien. Les gens sont perdus. Ils font des erreurs. Les prix grimpent mais le PIB chute. Les gens ont plus d’argent mais ils s’appauvrissent.
Ce processus est indéniable dans l’inflation des prix à la consommation. Il suffit de regarder ceux du Venezuela. Ils ont toute la « relance » qu’on pourrait souhaiter… à tel point qu’ils en ont la tremblote.
Ce qui arrive lorsque les prix des actifs sont gonflés est moins évident. La Fed baisse les taux. De l’argent s’écoule dans les prix des actifs (inflation). Les gens pensent que les actions valent plus – alors qu’elles ont probablement moins de valeur, parce que l’argent bon marché et de court terme pousse les entreprises à appliquer des stratégies bon marché et de court terme… comme acheter leurs propres actions pour en faire grimper le cours.
Dans le même temps, elles négligent la sorte d’investissements difficiles, risqués et de long terme nécessaire pour la croissance et la prospérité. C’est pour cette raison que les investissements réels stagnent depuis deux décennies… alors même que les prix des actions ont doublé et que des taux proches de zéro rendaient le capital (factice) abondant et peu cher.
Dans les faits, les marchés d’actifs ont été « retournés »… Alors qu’ils étaient autrefois des aides loyaux et honnêtes pour les investisseurs, les entreprises et les consommateurs, ils sont devenus rabatteurs pour les manipulateurs de Washington et Wall Street. Comme un ami sans scrupules, ils nous disent ce que nous voulons entendre, non la vérité.
Troisièmement, une fois que l’inflation est lancée – qu’elle concerne les prix des actifs ou les prix à la consommation –, les autorités n’ont que deux possibilités : l’inflation ou la mort.
Un choix honorable
Paul Volcker a fait le choix honorable. Il a mis l’inflation dans le fossé, restauré les informations de prix honnêtes et équipé le véhicule pour une longue route vers la prospérité.
Aujourd’hui, il est impossible de « faire un Volcker ». Nous avons déjà dépassé le point de non-retour – politiquement et financièrement. Aux Etats-Unis, les initiés, les élites, les grands pontes et le Deep State ont gagné quelque 30 000 milliards de dollars de gains boursiers immérités. Cette richesse mal acquise disparaîtra si les autorités mettent fin à l’inflation.
Comme nous l’avons montré hier, la valeur de toutes les entreprises cotées aux Etats-Unis est de 30 000 milliards de dollars environ. Elles doivent cependant 15 000 milliards de dollars, en grande partie à cause des 15 000 milliards de dollars qu’elles ont dépensés pour racheter leurs propres actions surévaluées.
Une chute de 50% du marché boursier rendrait toute l’affaire insolvable.
Les deux partis politiques américains sont pour une augmentation de l’inflation. Sans cela, ils pensent être condamnés. Ils ont raison. Ils augmenteront donc l’inflation.
Suite à quoi nous serons encore plus condamnés.