C’était un homme remarquable… avec un programme remarquable… et peut-être le seul à pouvoir vraiment réformer le système politique et financier actuel. Mais le marigot a eu sa peau.
Les fils se tissent… les lignes convergent… les points se relient…
L’état de l’Union…
Le système à deux partis…
« Eux contre nous »…
Notre propre « nous » vacillant…
… Et la catastrophe financière qui se profile.
Mensonges et sottises
Personne ne veut entendre parler du discours sur l’état de l’Union américaine. Plein de bluff et de vantardises… de mensonges et de sottises — il vaut mieux l’oublier, et vite.
Nous revenons cependant à celui de la semaine dernière comme on revient sur les lieux d’un meurtre — non pas pour faire l’éloge du défunt mais pour l’enterrer.
Car ci-gît DJT… Donald J. Trump… assassiné. Comme César au Capitole — mais de sa propre main.
Nous sommes d’avis qu’il ne se relèvera jamais. Nous sommes également d’avis qu’il entraînera le pays avec lui.
Le problème avec son discours, c’est qui ne mentionnait rien de significatif ou d’utile. En d’autres termes, il a évité toute mention du véritable état de l’Union.
Qui parlerait d’une entreprise sans mentionner qu’elle est endettée de 22 000 Mds$… qu’elle perd actuellement de l’argent à hauteur de de 100 Mds$ par mois… et qu’elle n’a pas le moindre plan — ni même l’espoir — de réduire ses pertes ou d’éviter un effondrement financier monumental ?
Qui estimerait l’état d’un pays sans parler du fait qu’il recule dans tous les domaines qui comptent : richesse per capita, lancements d’entreprises, brevets, liberté, égalité et intégrité de ses institutions ?
Quelle sorte de commandant en chef décrirait des réussites courageuses et héroïques datant d’il y a plus d’un demi-siècle… mais n’aurait pas le courage d’affronter un motif récurrent de vies gâchées et de milliards gaspillés en aventures militaires sans stratégie cohérente, sans possibilité de victoire et sans issue prévisible ?
Hélas, M. Donald J. Trump est cette sorte de bonhomme.
La dernière grande opportunité
Pourtant, les choses auraient pu être très différentes. C’est lui qui a déclaré que les dépenses du Pentagone étaient « folles ». Il a dit que ses prédécesseurs avaient créé « une grosse bulle bien moche ». Il a dit qu’il avait vu le déclin des Etats-Unis, et offert de rendre sa grandeur au pays.
Ainsi… il y a quelques jours… le spectacle a commencé. C’était la dernière grande occasion de DJT… sa chance de redonner un sens à ses promesses de campagnes… d’apporter une raison d’être à son administration… et à sa vie.
Né dans la pourpre et guidé par Roy Cohn, l’une des canailles les plus visqueuses de l’histoire politique des Etats-Unis… ne se laissant pas entraver par les scrupules, la dignité ou la pression de ses pairs, M. Trump est unique dans l’histoire de la Maison Blanche.
Personne ne s’attendait à ce que Barack Obama s’attaque aux initiés. Ni Hillary Clinton. Ni George Bush. Tous étaient eux-mêmes des initiés. Mais Trump ? En un sens, il avait raison : il était « le seul » à avoir le culot nécessaire pour contrer le système — et le réparer.
Il a passé toute sa vie à se donner en spectacle — mentant sur sa fortune, faisant une publicité éhontée à sa propre marque, apparaissant régulièrement comme clown et bouffon dans les journaux, les magazines et à la télévision… pour quoi ?
Puis, battant toutes les probabilités, il a remporté le poste. C’était une réussite remarquable de la part d’un homme remarquable. Trump les a tous défiés — les chefs de parti… les experts… les sondages. Et il a gagné.
Tout cela n’en valait-il pas la peine s’il pouvait un jour se tenir sur l’estrade, prononcer un discours et guider les Etats-Unis dans la bonne direction ?
Affliction présidentielle
Tel est bien le problème avec la politique. Si l’on veut être élu, on doit faire semblant de se soucier de gens que l’on n’a jamais rencontrés, et serrer la main de parfaits étrangers comme s’il s’agissait d’amis perdus de vue.
Il faut également affirmer que l’on a la solution de problèmes auxquels on ne connaît rien… identifier des ennemis qui nous vous ont fait aucun mal… et offrir d’arnaquer quelqu’un, quelque part, afin de pouvoir payer les compères et les zombies dont vous avez besoin pour vous faire élire.
Une fois arrivé à la Maison Blanche, on a consacré tant de temps et d’énergie à jouer les idiots que ce n’est plus un rôle.
On n’a pas le temps de réfléchir sérieusement à la manière dont un gouvernement devrait fonctionner… ou ce qui fait une société paisible et prospère. Tout ce qu’il reste, ce sont des sottises et des mensonges.
Ce syndrome n’est pas spécifique à Donald Trump. Il a affligé tous les présidents, en proportion plus ou moins grande, au moins depuis Calvin Coolidge. Même M. Trump, en dépit de toute sa force de caractère, n’a pas pu résister.
Ainsi, son discours sur l’état de l’Union a décollé comme une fusée… grimpé dans les nuages du Noble Passé des Etats-Unis… puis s’est abîmé dans le marigot du présent sordide de l’Amérique… sans laisser la moindre trace de dignité, d’honneur ou d’intelligence flottant à la surface.
C’est ce marigot que M. Trump avait promis d’assainir. C’est ce marigot qui dirige les Etats-Unis… et c’est ce marigot dont M. Trump ne pourrait pas s’échapper, même s’il le voulait.