Par Bill Bonner (*)
En dépit des révolutions Thatcher et Reagan… les déficits comptent toujours.
Le crédit à la consommation est né sur un simple acte de bonté :
"Ne vous inquiétez pas, Mme McMurphy, vous me paierez la semaine prochaine".
Mais le crédit à la consommation a grandi et est devenu méchant. Jusqu’en 1980, la dette totale des marchés du crédit, aux Etats-Unis, n’avait jamais dépassé les 130% du PIB. A présent, elle est supérieure à 330%. Et les contrats dérivés basés sur le crédit ont crû encore plus rapidement. Il y a actuellement l’équivalent de 45 000 milliards de dollars de credit default swaps, par exemple ; ils ont été multipliés par neuf au cours des trois dernières années.
Que s’est-il passé ? Il se trouve que le crédit atteint rapidement le point où les rendements diminuent. Durant toute la période précédant 1980, il fallait environ 1,40 $ de crédit supplémentaire pour produire un dollar de PIB. Depuis, ce ratio s’est détérioré… et les chiffres récents montrent jusqu’à 7 $ de nouveau crédit par dollar additionnel de production.
Et à présent… il semble que nous ayons passé le sommet du cycle du crédit — avec un secteur financier rechignant à rassembler de nouveaux capitaux… et une production en baisse. John Crudele, qui va peut-être plus vite que la musique, déclare que l’économie US pourrait déjà être en récession.
Qui est le coupable ? On peut accuser les banques centrales… ou le monde de la finance… ou les politiciens. On pourrait aussi accuser la race humaine dans son ensemble.
Le mieux est l’ennemi du bien, mais l’humanité semble incapable de s’en contenter, concluons-nous. L’être humain s’empare d’une idée, et les choses vont en empirant. Il la prend maladroitement, comme un nouvel outil. Puis il commence à la déformer… à la marteler… à l’étirer… à l’affûter… jusqu’à ce qu’il puisse l’utiliser pour se couper la gorge.
Toutes les innovations se retournent contre lui. Sa télévision lui montre des émissions de télé-réalité. Ses automobiles le mènent à des embouteillages. Et une génération après qu’il les ait inventés, ses avions lâchent des bombes sur Londres.
Ces petits champignons de crédit n’ont pas fait exception. Ils ont grandi en serre — nourris par d’extraordinaires illusions populaires… enrichis par le fumier gras de la politique… et abondamment arrosés par les liquidités des banques centrales. Les gens les sont absorbés ; leurs dettes ont enflé, devenant aussi grosses que leurs hallucinations.
La suite dès demain…
Meilleures salutations,
Bill Bonner
Pour la Chronique Agora
(*) Bill Bonner est le fondateur et président d’Agora Publishing, maison-mère des Publications Agora aux Etats-Unis. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450 000 lecteurs), il intervient dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning. Il est également l’auteur des livres "L’inéluctable faillite de l’économie américaine" et "L’Empire des Dettes".