En 1933, Roosevelt a limité par décret le droit d’accès à l’or des citoyens ordinaires et légitimé le remboursement des dettes en monnaie dévaluée.
Aujourd’hui, nous nous sommes réveillé à Buenos Aires, avec un déplaisant mal de tête… et une hypothèse déprimante :
Premièrement, peu importe que Kavanaugh siège ou non à la Cour Suprême : un crapaud de plus venu du Deep State, cela ne changera rien.
Deuxièmement, la Cour Suprême manque à son devoir depuis ces 80 dernières années.
Pendant des années, elle détournait son regard tandis que l’Etat dépouillait une catégorie de citoyens (les travailleurs ordinaires) et en récompensait une autre (l’élite).
Troisièmement, par conséquent, l’empire américain est confronté à une crise monétaire catastrophique… qui s’accompagnera probablement de schismes intérieurs, de troubles sociaux et de dangereuses luttes politiques.
Commençons en observant le nouveau lien entre temps et argent.
Comment le temps perd de son pouvoir d’achat
Si vous avez un emploi payé à l’heure, quelqu’un qui a de l’argent peut vous acheter votre temps. Voilà ce que cela signifie vraiment, de dire que quelqu’un est « riche » : il a plus de temps, car non seulement il peut employer son propre temps, mais aussi le vôtre.
En 1971, quelqu’un qui détenait 1 000 $ d’actions pouvait s’acheter à peu près 250 heures d’un travailleur moyen. Aujourd’hui, ces 1 000 $ d’actions valent environ 28 000 $… Ce qui, selon le taux horaire moyen actuel, lui permet de s’acheter 1 077 heures d’un travailleur moyen. Soit quatre fois plus qu’en 1971.
Autrement dit, comparé au travailleur salarié, le capitaliste est quatre fois plus riche.
Si vous inversez, c’est à peu près la même chose. En 1971, un travailleur moyen aurait dû travailler 212 heures pour s’acheter 30 actions de l’Indice Dow Jones Industrial Average. Aujourd’hui, son temps vaut nettement moins : il doit trimer 1 000 heures pour s’acheter ces mêmes 30 actions.
Voilà pourquoi les adeptes du social-libéralisme râlent à propos des « inégalités »… Et voilà pourquoi, probablement, Donald J. Trump a été élu. Peu de gens ont fait le calcul, mais beaucoup d’entre eux ont pensé qu’il y avait anguille sous roche.
Ils avaient raison.
Beaucoup d’entre eux — y compris le président — ont pointé du doigt quelque chose… Mais ce n’était pas la bonne anguille !
Ils pensaient que c’étaient les étrangers, qui leur avaient fait du mal : les Chinois avec leurs « pratiques commerciales déloyales »… les Mexicains « qui se déversent à la frontière et volent nos emplois », c’était le discours patriote.
De leur côté, les investisseurs, les riches, les compères et les initiés se sont crus malins. Ils ne l’avaient pas volé, leur argent, croyaient-ils, en finançant les entreprises américaines… et en allouant soigneusement de précieux capitaux à des sociétés qui les méritaient, dirigées par des as de la gestion d’entreprise.
Mais les dés étaient pipés.
L’Ordre Exécutif 6102
Comment les dés ont-ils été pipés ?
En 1933, cette question est arrivée pour la première fois devant la Cour Suprême. L’Ordre exécutif 6102, de Franklin Roosevelt, avait interdit aux citoyens de détenir de l’or, excepté en toute petites quantités.
Elle est arrivée entre les mains des juges de la Cour Suprême dans le cadre d’une série de litiges appelés les « Dossiers de la Clause Or ». « Mais de quelle partie de la Constitution le président avait-il pu tirer ce pouvoir ? » se demandaient les gens.
A l’époque, certains investisseurs se souvenaient encore que l’Etat peut agir de façon irresponsable, avec le dollar, comme l’a fait Lincoln pendant la Guerre de Sécession.
Alors dans certains contrats, ces « Clause Or » les protégeaient en prévoyant un remboursement en or. La suppression de cette « Clause Or » signifiait que l’on supprimait la possibilité de se prémunir contre l’inflation… et que l’on modifiait considérablement les termes du contrat.
Les Juges de la Cour Suprême ont laissé faire. Notre confrère, Dan Denning, nous raconte cette histoire :
« … D’abord, permettez-moi de citer de brefs passages de l’opinion dissidente du Juge McReynolds. Ils reflètent l’esprit de son objection, ainsi que la relation entre une monnaie saine et la liberté politique. Voici ce qu’a écrit McReynold :
‘Les hommes justes observent avec aversion le désaveu et la spoliation des citoyens par leur souverain ; mais il nous est demandé d’affirmer que la Constitution accorde le pouvoir d’accomplir ces deux choses. Il n’existe aucune délégation de pouvoir de la sorte ; et nous ne pouvons croire que les rédacteurs clairvoyants qui oeuvraient en espérant établir la justice et protéger les bienfaits de la liberté, aient pensé que le gouvernement envisagé aurait le pouvoir d’annihiler ses propres obligations et de détruire les droits mêmes qu’il s’efforçait de protéger. Non seulement il n’existe aucune permission relative à ces agissements mais ils sont interdits. Aucun argument, aussi abondant soit-il, ne peut les rendre conformes à notre charte.’
McReynold poursuit en précisant que lorsque vous achetez une obligation ou accordez un prêt, ‘le créancier consent à accepter et le débiteur s’engage à restituer la chose prêtée ou son équivalent’. Comme l’Ordre Exécutif de Roosevelt signifiait que les sociétés pouvaient être remboursées en dollars dévalués au lieu de pièces d’or ou d’équivalent-or de la valeur du prêt d’origine, McReynold a reconnu qu’il s’agissait d’un défaut de paiement de facto.
La ‘Clause Or’ garantissant que les créanciers soient remboursés en or, ou en équivalent-or, ’empêche l’emprunteur de s’acquitter de sa dette en monnaie dévaluée' ».
Et le Congrès l’a laissé passer, lui aussi. Ensuite, alors qu’il faisait toujours partie de la minorité, McReynold a compris ce qui se tramait. L’Etat lui-même en serait peut-être le principal bénéficiaire. Le Congrès pourrait emprunter… et puis faire disparaître sa propre dette grâce à l’inflation :
« Nous avons affaire, ici, à un étalon dévalué, adopté dans le but précis de détruire certaines obligations. De tels agissements arbitraires et tyranniques sortent du cadre du pouvoir parlementaire tel que reconnu jusqu’ici. Le pouvoir accordé au Congrès pour qu’il crée des obligations ayant cours légal en période de paix découle du pouvoir d’emprunter de l’argent ; il ne peut être étendu à une démarche de destruction de tous les crédits. […]
Il serait monstrueux que le gouvernement déclare que nous avons violé notre contrat mais que nous échappons aux conséquences grâce à nos propres lois. Sur les questions concernant l’obligation contractuelle, le gouvernement ne peut légiférer aux fins de s’excuser lui-même. […]
Quelle que soit la situation à laquelle nous sommes confrontés actuellement, elle est le résultat de tentatives visant à détruire des engagements légitimes par des mesures législatives ; et nous pensons que la Cour devrait désapprouver cela en termes clairs. […]
La perte de notre réputation concernant le respect de nos engagements nous apportera des humiliations incessantes, le chaos moral et juridique à venir sera effroyable. »
L’humiliation en marche
Une fois la « Clause Or écartée », la voie était libre. L’Etat a lancé une succession de programmes qui se mêlaient de tous les aspects de la vie des gens.
Désormais, lors de chaque transaction, un troisième larron était presque toujours là : le régulateur fédéral.
Dès les années 1950, les guerres bidon ont commencé, également — des guerres majeures — sans aucune déclaration ni financement émanant du Congrès.
Dès les années 1960, l’équipe de Johnson a déclenché une guerre totale au Vietnam (un pays qui n’avait ni la capacité, ni l’intention, de nuire aux Etats-Unis).
Et en plus, elle a lancé la Guerre contre la Pauvreté… destinée à créer une « Great Society« , où les agneaux cohabiteraient avec les loups, et où tout serait plus facile dans tous les ghettos.
Mais l’humiliation se préparait. Bientôt, il est devenu clair que l’Etat allait manquer d’argent.
Cette fois, c’est l’équipe de Nixon qui s’est défilée. Au lieu d’admettre qu’elle avait trop dépensé, Nixon a rompu le dernier lien avec l’argent réel : la possibilité, pour les gouvernements étrangers, de convertir leurs dollars en or à l’échéance promise.
Désormais, l’Etat passait au tout-papier. Leur argent n’était plus rien que des bouts de papier adossés à ce qui serait bientôt le plus grand débiteur du monde.
Désormais, plus rien ne pouvait les arrêter. Et rien ne pouvait stopper le chaos que McReynolds avait vu arriver.
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3 commentaires
» Autrement dit, comparé au travailleur salarié, le capitaliste est quatre fois plus riche. »
Je n’ai pas vraiment compris la logique dans le fait de comparer l’évolution du capital sur une période de 50 ans d’un mec qui aurait pris son épargne pour l’investir dans un fond indiciel (c’est à dire un actif adossé à des entreprises qui produisent de la richesse, donc nécessairement à long terme le cours va monter, ca a toujours été le cas dans l’histoire, étalon or ou pas) avec l’évolution du salaire immédiatement perçu par un employé (souvent c’est le même mec) pour avoir vendu son temps contre de l’argent à un moment t.
En plus le prix des actions ne peut pas vraiment être exprimé en terme de dollars. L’indice monte dans le temps simplement parce qu’une large part des bénéfices accumulés est réinvestie pour permettre aux sociétés qui le composent de se développer. Si ces bénéfices avaient été intégralement distribués l’indice n’aurait pas du tout augmenté dans les mêmes proportions.
@Sébastien Maurice
Vous observez que :
« L’indice monte dans le temps simplement parce qu’une large part des bénéfices accumulés est réinvestie pour permettre aux sociétés qui le composent de se développer. Si ces bénéfices avaient été intégralement distribués l’indice n’aurait pas du tout augmenté dans les mêmes proportions. »
Je crois qu’aujourd’hui si les indices montent, c’est surtout grâce à la planche à billets de la FED !
@ Hannibal Pantalacci
Et bien mettez la courbe du SP500 en parallèle avec celle des bénéfices des sociétés américaines.
Par ailleurs le QE c’est fini depuis bien longtemps aux USA, on est passé en phase de réduction de la taille du bilan et de hausse des taux.