En Argentine, le retour à une économie de marché a mis fin au blocage des prix. Le rattrapage est violent, l’inflation s’envole et le peso chute.
« Ca, c’est une hausse de taux ! »
Notre collègue James Wells nous a envoyé un article du New York Times. On y apprend que la banque centrale argentine ne plaisante pas.
Au lieu de faire joujou avec 0,25% de hausse par trimestre comme la Fed, elle fonce dans le tas avec une hausse de 12,75%.
Le titre : « L’Argentine augmente son taux directeur à 40% ».
Oh oh… l’Argentine est-elle en route vers une autre crise financière ?
Il y a une chose sur laquelle on peut compter, dans le monde financier : c’est qu’on ne peut jamais compter sur rien.
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La stabilité engendre la crise. La crise engendre la stabilité. Les riches deviennent pauvres. Les pauvres deviennent riches.
Mais ça prend du temps.
Au début du XXème siècle, l’Argentine était le septième pays le plus riche du monde – plus riche que la majeure partie de l’Europe.
Les grands propriétaires immobiliers de la pampa possédaient d’élégantes demeures à Londres et Paris. Ils y donnaient des fêtes somptueuses et menaient grand train. Les autochtones leur présentaient leurs filles en murmurant « il est riche comme un Argentin ».
Mais l’argent, comme le pouvoir, s’auto-corrige.
Un cocktail de socialisme, de militarisme et dinguerie
Avant longtemps, les pauvres et la classe moyenne étaient prêts à voter pour quelqu’un qui promettait une nouvelle donne.
Le quelqu’un en question était Juan Perón, un officier de l’armée qui avait été envoyé en Italie pour étudier le nouveau système de Mussolini.
La bataille politique qui en a résulté a opposé l’aristocratie terrienne riche et traditionnelle des campagnes aux classes ouvrières jeunes, urbaines et plutôt à gauche de Buenos Aires.
Perón – qui représentait la modernité… le progrès… et l’avenir – a gagné.
Et le péronisme – un cocktail de socialisme, de militarisme et de dinguerie – a régné sur l’Argentine pendant les 70 ans qui suivirent, jusqu’à ce que Mauricio Macri remporte de justesse la Casa Rosada en 2015.
Le retour de la concurrence
Depuis, Macri a tenté d’écarter le pays de la voie vénézuélienne pour retrouver une économie « normale », basée sur la concurrence.
Cette tendance n’est pas propre à l’Argentine. Après avoir goûté aux fruits amers des accords gagnant-perdant pendant si longtemps, toute l’Amérique du Sud semble être en route vers des marchés plus libres.
Pendant ce temps, le champion d’origine du libre-échange – les Etats-Unis – prend le chemin opposé.
Le Prix Nobel de littérature et défenseur du capitalisme Mario Vargas Llosa, l’explique au Financial Times :
« Les Etats-Unis ont peut-être succombé à la démagogie, mais l’Amérique Latine vit une vague démocratique… L’attrait de la règle militaire a disparu. Plus personne ne soutient cela…
Le socialisme n’a plus non plus de véritable d’influence… C’est un grand pas en avant. »
L’Argentine mène la charge. Elle a divisé l’inflation par deux durant les premières années de l’administration Macri. Et les actions ont enregistré un gain de 77% en 2017, faisant de l’Argentine l’un des marchés boursiers les plus performants de la planète.
Mais le passage de gagnant-perdant à gagnant-gagnant n’est pas facile.
Quand la libération des prix fait remonter les problèmes
En Argentine, par exemple, le gouvernement a trafiqué les prix pendant si longtemps que leur libération cause bouleversements et rancune.
L’inflation a atteint 45% sous le précédent gouvernement. C’est en grande partie à cause de cela qu’il a été battu. Mais à présent… un ami à Buenos Aires rapporte que sa facture d’électricité a grimpé de 1 000% lorsque les autorités ont mis fin aux contrôles de prix.
Les problèmes étaient inévitables ; ils sont apparus en force il y a quelques jours.
En un jour, le prix du peso en dollar a chuté de 8% – un chiffre gigantesque pour une devise. C’est ce qui a provoqué la hausse de taux dont nous parlions ci-dessus.
Cela n’a pas empêché le peso de chuter plus encore. Au total, il a perdu 13% en 13 jours, augmentant les prix des importations et mettant encore plus la pression sur Macri et son équipe.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Difficile à dire. Macri va dans la bonne direction, mais il n’est pas garanti qu’il puisse continuer son chemin.
Les socialistes, les activistes, les mouches du coche… les empêcheurs de tourner en rond… et les bonnes âmes – tous essaient de l’arrêter.