La Grèce est la preuve que dette publique et multiplicateur keynésien ne mènent pas au paradis économique mais à la faillite. Pourtant, l’expérience se prolonge.
Hier, la Grèce a réussi à emprunter 3 Mds€ sur cinq ans au taux de 4,625%. C’est une réussite selon les médias.
C’est exact. Qu’un pays notoirement corrompu, qui trafique sa comptabilité publique, qui est incapable d’équilibrer son budget et dont la dette n’a pas été honorée à trois reprises en six ans puisse trouver des prêteurs est vraiment une réussite.
Pourquoi la Grèce emprunte-t-elle ?
Pour racheter de la vieille dette, nous indique Les Echos :
« Athènes souhaitait racheter les obligations émises en 20014, en échange de nouveaux titres de dette. Objectif : rallonger la maturité de sa dette en offrant des titres arrivant à échéance en 2019 contre des titres à échéance 2022. Et à un taux moindre. Il y a trois ans la Grèce avait emprunté à un rendement de 4,95% contre 4,625% mardi. »
C’est la classique cavalerie : on emprunte pour rembourser un emprunt. Quand les taux baissent, tout va bien… et comme les banques centrale oeuvrent pour que les taux baissent, tout va bien.
Mais pourquoi, initialement, un Etat s’endette-t-il au lieu de solliciter ses contribuables ?
Ah là là, malheureux ignare et mécréant… Vous ne connaissez pas le miracle de Saint Fisc et la multiplication selon Saint Keynes ?
Le miracle de Saint Fisc transforme de l’argent privé, laid et sale, acquis en exploitant des pauvres et des faibles, en bon argent public. L’argent privé est purifié lorsqu’il est pris par les hommes de l’Etat et devient argent public distribué par les hommes d’Etat.
L’argent public est forcément bon car il est dépensé dans « l’intérêt commun ».
« Cette manipulation des esprits portée à la hauteur d’un mythe est sans doute l’opération de subversion la plus réussie des 20 derniers siècles par les hommes de l’Etat.
L’argent privé corrompt, l’argent public soulage. C’est pourtant rigoureusement le même, mais qui s’est transformé en se bonifiant par le miracle de Saint Fisc.«
Théorie de la révolte fiscale – Enjeux et interprétation – Ou pourquoi la révolte fiscale n’aura pas lieu, Serge Schweitzer et Loïc Floury
Ce mythe, cher lecteur, est déjà, en soi, magistral. Le mythe fondateur du code d’Hammurabi – qui faisait du roi un dieu et instituait une classe d’esclaves – est, en comparaison, pipi de sphinx.
Mais ce mythe moderne fut encore raffiné par Saint Keynes. L’argent public crée plus de richesse que l’argent privé. C’est ce qu’on appelle le « multiplicateur keynésien ».
Si l’Etat investit 1 €, son retour sur investissement sera supérieur à celui des personnes privées.
Ainsi l’Etat n’est pas obligé de ponctionner violemment des contribuables. Il peut simplement emprunter puisque son retour sur investissement sera toujours positif. Tandis qu’un misérable entrepreneur isolé, poursuivant ses coupables intérêts égoïstes peut se tromper. Il peut faire faillite, son retour sur investissement peut être négatif.
Les keynésiens définissent le coefficient multiplicateur comme le rapport entre une variation des dépenses publiques et la variation consécutive du revenu global. C’est ce qui justifie les « politiques de relance » financées par l’emprunt.
Le multiplicateur keynésien repose aussi sur la croyance étrange selon laquelle « la consommation enrichit ». Si les gens ne consomment pas assez, il suffit de leur distribuer de l’argent (créé à partir de rien, pris à d’autres, emprunté, peu importe…) ce qui combattra dépression économique et chômage.
Hélas, hélas, les faits sont têtus même si les bricolages statistiques peuvent faire illusion un certain temps.
Ce graphique vous montre combien de dollars de dette publique il faut dépenser pour obtenir 1 $ d’accroissement du PIB de l’économie américaine.
En 2016, 3 $ de dette publique produisent seulement 1 $ de croissance…
Après 65 ans d’expérimentation on pourrait conclure que le concept de multiplicateur keynésien est de la foutaise, une escroquerie, erroné.
Mais de telles conclusions contrarient de nombreux intérêts. Ceux de la Parasitocratie. Chez nous en France, politique du logement, politique énergétique, TGV, politique industrielle… Comment voulez-vous financer tout cela si vous doutez des miracles de Saint Fisc et du multiplicateur de Keynes ?
[NDLR : En parallèle de ces élucubrations économiques et financières, des entrepreneurs cherchent à financer des projets viables. Des entreprises avec des produits, des clients et des bénéfices cherchent de l’épargne pour grandir. Découvrez comment financer ces projets de l’économie réelle, engranger des plus-values et percevoir des intérêts bien supérieurs à ceux que vous propose la Grèce. Tout est expliqué ici.]
1 commentaire
Si tous les articles d’économie pouvaient être aussi drôles…