** Début septembre, Frederic Mishkin, un gouverneur de la Fed, a estimé que les prix de l’immobilier pourraient chuter de 20% d’ici la fin 2008, et que cela pourrait coûter jusqu’à 1,5% au PIB US sur les trois prochaines années.
* Cela ne nous semble pas beaucoup — pas assez pour s’inquiéter, en tout cas. Mais Mishkin s’est senti comme un passager sur le Titanic ; il voulait trouver les canots de sauvetage.
* "Les autorités monétaires ont les outils pour limiter les effets négatifs d’un déclin des prix de l’immobilier sur l’économie", a déclaré M. Mishkin à ses collègues.
* Puis, dans son discours du 19 octobre sur "la politique monétaire dans l’incertitude", M. Bernanke déclara qu’il valait mieux agir tôt que tard lorsque les risques deviennent apparents.
* "L’intuition suggère qu’une action plus vigoureuse de la banque centrale pourrait être nécessaire pour éviter des résultats particulièrement coûteux", a-t-il affirmé à un groupe organisé par la Fed de St. Louis.
* Ces paroles ont été suivies de faits. "Une action vigoureuse", la Fed s’en est déjà chargée. Les investisseurs boursiers se sont rassurés. Ce sont les marchés des changes qui sont perturbés. Jusque là, tout va bien. En d’autres termes, personne ne semble beaucoup se soucier de voir le dollar perdre de sa valeur. Les gens en détiennent des milliers de milliards… ils en gagnent… ils les investissent… les étrangers s’en servent même pour épargner… et tous semblent convaincus qu’il ne s’agit que d’une faiblesse temporaire du billet vert. Sinon, ils voudraient sûrement s’en débarrasser, n’est-ce pas ?
* Notre vieil ami Rick Ackerman commente :
* "Nous supposons depuis longtemps qu’un effondrement du dollar emporterait l’économie mondiale avec lui, mais peut-être avons-nous été trop pessimistes ? Après tout, l’indice du dollar a chuté de 45% depuis 2002, mais la vie continue. De plus, lorsque le billet vert a atteint des planchers historiques ces derniers jours, c’est à peine si on s’en est rendu compte. Ou plutôt, ceux qui s’en sont rendu compte ont trouvé que c’était là une occasion de se réjouir. Le Dow Industrials a grimpé de 135 points tandis que les actions dans leur ensemble prenaient le chemin de la hausse — en particulier les valeurs des métaux précieux, ce qui commence peut-être enfin à refléter les craintes selon lesquelles rien n’empêche le dollar de chuter encore. Peut-être beaucoup plus bas…
* "Il y a quelques années, lorsque le métal jaune est soudain devenu batailleur après être brièvement passé sous les 300 $, [Larry] Kudlow a suggéré, dans un éditorial du Wall Street Journal, que l’or trouverait son ‘équilibre’ aux environs de 330 $ l’once (si ma mémoire est bonne). Un cours plus élevé signifierait une politique monétaire américaine trop souple, expliqua Kudlow, tandis qu’un cours plus bas indiquerait des conditions monétaires trop strictes. A présent, alors que l’or semble prêt à dépasser les 800 $, nous aurions tendance à penser que Kudlow, un haussier pathologique, — et avec lui tout le gratin du monde économique — ont simplement ‘ajusté’ leur manière de penser à cette probabilité. Les fanatiques de l’or aussi, de manière anxieuse et futée — et ils sont sur le point d’engranger des profits spectaculaires. Comme nous le rappelle le vieux proverbe de trader : ‘celui qui panique le premier a gagné’."
** "Le temps, c’est de l’argent", disent les économistes. Si le temps est de l’argent, qu’est-ce qu’il n’est pas ? Nous avons récemment été frappé par le manque de profondeur de la pensée économique… ce qui nous a mené à réfléchir au manque de profondeur de toute pensée. Les économistes nous disent que toutes nos prises de décisions sont, ou devraient être, basées sur des calculs rationnels impliquant des résultats quantifiables — ou au moins appréciables.
* Lorsqu’une femme — ou un homme, d’ailleurs — quitte son foyer pour travailler, la production totale de l’économie tend à grimper. Une personne de plus a pris sa place dans la grande machine… produisant une quantité incrémentielle ment observable de résultats. Le PIB grimpe. A présent, cette personne fait quelque chose de mesurable ! Quelque chose que la vie moderne peut apprécier ! Et à présent, nous savons que cette personne vaut quelque chose ; elle gagne de l’argent. Nous pouvons dire sa valeur en observant l’argent qu’elle gagne.
* Mais qu’en est-il de ce que cette personne a abandonné — le temps libre… le temps passé avec sa famille… le temps pour d’autres choses ? Eh bien, disent les économistes, elle fait un calcul… elle évalue ce que ces choses valent pour elle, et elle compare avec ce que lui rapporte le fait de travailler.
* Certes… mais c’est là que la vie commence à imiter les théories universitaires. Les gens ne font pas leurs calculs dans un complet vacuum. Ils les font dans le contexte des goûts et des attitudes du moment, lesquels sont formés — en partie — par des économistes morts qui dictent leur conduite aux gens.