** Aussi incroyable que cela paraissait il y a deux ans, le pétrole semble sur le point d’atteindre les 100 $… et l’or semble paré à dépasser le seuil des 800 $.
* Aïe aïe aïe… et le dollar est passé sous les 1,44/euro. Mais qui s’en soucie ? Les experts nous disent que la baisse du dollar simplifie la vie des exportateurs américains. Les entreprises US vont prospérer, disent-ils.
* On s’attend à ce que la Fed favorise les exportateurs américains, cette semaine. Bon nombre d’analystes parient que les taux seront réduits d’un quart de point supplémentaire. Bernanke s’inquiète bien plus des problèmes de l’immobilier, disent-ils, que de la chute du dollar. Ils ont sûrement raison. Personne ne semble particulièrement inquiet du déclin du billet vert.
* Un dollar est une livre… qui est un euro… qui est un peso. Le trajet en taxi entre la gare de Cologne et notre hôtel de Bad Godesburg coûtait 70 euros. A Buenos Aires, il aurait coûté 70 pesos. Aux Etats-Unis, 70 $ auraient à peu près fait l’affaire. Et hier à Paris, nous avons déjeuné avec un collègue. Cela nous aurait coûté environ 40 livres à Londres… 40 $ aux Etats-Unis… ou 40 pesos en Argentine ; nous en avons eu pour 40 euros. Mais le coût réel varie selon les devises. Les Américains sont effarés du coût de la vie en Europe… et agréablement surpris lorsqu’ils reçoivent l’addition à Buenos Aires. L’Argentine est un pays bon marché.
* "Il est peut-être bon marché pour vous les étrangers", nous a dit Gabriela, "mais il ne l’est pas pour nous". Les salaires sont plus bas également. Nous sous-traitons une partie de nos publications à Buenos Aires parce que nous pouvons embaucher des gens pour moins cher là-bas. Et pour économiser votre temps, cher lecteur, nous allons passer directement à notre prévision : bientôt, les étrangers sous-traiteront des tâches VERS les Etats-Unis !
* Aha… nous avons là une longueur d’avance sur le reste du monde, pas vrai ?
** Mais regardez ce qui se passe. Le dollar chute. Il pourrait chuter en douceur. Il pourrait rebondir. Ou il pourrait chuter à pic. Mais une chose est quasi-certaine : il vaudra moins dans le futur que ce qu’il vaut aujourd’hui.
* Tout le monde pense que le marché boursier se porte bien… mais voyons ce qu’il fait en termes de véritable monnaie — c’est-à-dire d’or. Richard Russell nous rappelle qu’on aurait pu acheter une once d’or le 18 janvier 1980 pour 835 $. Le même jour, le Dow était légèrement plus élevé, à 867. En d’autres termes, on aurait pu acheter l’intégralité du Dow, ou presque, pour une once d’or.
* Si seulement nous avions pu vous donner une Transaction de la Décennie — vendez l’or, achetez le Dow — à l’époque ! Vous auriez pu voir vos actions grimper à plus de 13 000… tandis que l’or chutait sous les 270 $ — après quoi, vous auriez pu échanger vos actions du Dow contre 43 onces d’or. Quelle transaction !
* Malheureusement, internet n’avait pas encore été inventé… la Chronique Agora n’avait pas été imaginée… et votre correspondant n’avait pas assez de jugeote pour dénicher l’affaire. Nous étions convaincu, comme tous les fanatiques de l’or, que l’or continuerait de grimper. Nous nous trompions du tout au tout, bien entendu. L’or a chuté et le Dow a grimpé — pas seulement durant une décennie, mais bien deux !
* 20 ans, cela fait un long marché baissier à subir pour votre matière première préférée. Cela donne des raisons de réfléchir… et le temps de le faire. Si vous êtes encore solvable… et sain d’esprit… à la fin de cette période, vous avez un grand avantage sur les autres mortels. Vous avez fait une erreur si énorme, pendant si longtemps, que les lois statistiques commencent à œuvrer en votre faveur. Personne n’est aussi stupide éternellement.
* Enfin, la petite ampoule s’allume. Hé, vous dites-vous… les marchés grimpent… et baissent.
* C’est ainsi qu’avec la confiance des humiliés de fraîche date, votre correspondant a donné le signal de la légendaire Transaction de la Décennie en janvier 2000 : vendez le Dow, achetez de l’or. Depuis, le prix de l’or a plus que doublé… tandis que le Dow grimpait un peu. Au lieu d’obtenir 43 onces d’or pour le Dow, de nos jours, vous n’en obtiendrez pas même 18.
* Nous ne sommes qu’à la moitié de ce cycle, selon nous. Le Dow et l’or se reverront à un moment ou à un autre. Probablement vers le milieu — aux environs de 7 000… lorsque les investisseurs se seront dégoûté des actions US et que le dollar aura chuté… et lorsque les spéculateurs auront fait grimper le prix du métal jaune à des hauteurs vertigineuses.
* Et cette fois-ci, faites-nous confiance, cher lecteur : nous nous rappellerons de donner le signal de "vendre l’or, acheter le Dow". Du moins nous l’espérons.
* En attendant, les Etats-Unis sont probablement en train de devenir moins chers. Et les Américains sont probablement en train de s’appauvrir. C’est ainsi que les comptes mondiaux sont réglés. Les Américains doivent une fortune aux étrangers. A mesure que la valeur de leur devise papier diminue, il en va de même pour leurs dettes. Ils devront moins. Mais ils posséderont également moins — parce que la valeur de leurs détentions en dollars… et de leurs revenus en dollars… baissera. Les étrangers profiteront de la situation de deux manières différentes. Ils achèteront des actifs US à bas prix. Et ils profiteront des salaires US bas pour sous-traiter une partie de leurs propres emplois aux Etats-Unis.
* Les Etats-Unis sont déjà bon marché ; nous avons tendance à penser qu’ils le deviendront plus encore.