▪ Les marchés américains ont connu le pire début d’année boursière jamais enregistré.
Sur le S&P 1500 — qui englobe environ 90% de toutes les valeurs cotées aux Etats-Unis — la valeur moyenne a désormais perdu plus de 26% par rapport à son sommet.
La définition standard d’un marché baissier est une chute prolongée de 20% ou plus par rapport à de récents sommets.
"Des bénéfices lamentables", avance MarketWatch comme cause de la baisse.
Une autre supposition : "les marchés boursiers perdent la tête au sujet de Trump et Sanders".
Barron’s était plus proche de la véritable source du plongeon : "sans la ‘gnôle’ de la Fed, les marchés connaissent un sevrage douloureux".
En 1971, la monnaie fiduciaire factice a remplacé le vieux dollar adossé à l’or… et de la devise "sortie de rien" a remplacé la véritable épargne.
Au début, le taux d’inflation a grimpé. Personne ne faisait confiance au nouveau dollar fiduciaire. Et puis est arrivé Paul Volcker, président de la Fed, qui a montré au monde que les Etats-Unis pouvaient gérer leur devise de manière responsable.
L’inflation des prix à la consommation a chuté, ainsi que les taux d’intérêt. La dette a augmenté. Et progressivement, le moindre ménage est devenu dépendant d’une quantité accrue de crédit bancaire.
La bulle des dot.com a éclaté en 2000. La bulle de la finance hypothécaire a explosé en 2007. A présent, on dirait qu’une autre bulle est en train de se vider |
La bulle des dot.com a éclaté en 2000. La bulle de la finance hypothécaire a explosé en 2007. A présent, on dirait qu’une autre bulle est en train de se vider…
▪ Excès éthyliques
En 2008, la Fed a réduit ses taux jusqu’à frôler le zéro pour tenter de maintenir tout l’échafaudage en place. Mais après sept années de politique "d’urgence" avec des taux zéro, il est devenu évident qu’il fallait faire quelque chose pour revenir à la "normale".
Comme après une longue période d’excès éthyliques, les choses commençaient à devenir un peu bizarres.
Il fallait arrêter la gnôle.
Nous doutons cependant que le schnaps ait été mis de côté pour longtemps. Malgré l’annonce de grandes améliorations dans le domaine de l’emploi, par exemple, il n’y a jamais eu si peu d’Américains de sexe masculin au chômage.
Les ventes au détail chutent. L’industrie du transport — navires, camions, chemin de fer — est au 36ème dessous. Et le secteur de l’énergie est en crise… avec près d’un tiers de la dette du secteur en route pour le défaut de paiement.
Que se passe-t-il ?
La réponse simple est que le crédit ne se développe pas assez rapidement. Les prêteurs sont devenus méfiants. Il devient de plus en plus difficile de prolonger le financement à court terme.
Les rendements des bons du Trésor censés être "sans risques" baissent (et les prix grimpent). Les rendements des junk bonds grimpent (et les prix baissent).
"Chaque fois que le crédit manque d’augmenter d’au moins 2% par an", déclare l’analyste de crédit Richard Duncan de Macro Watch, "l’économie se réduit" |
"Chaque fois que le crédit manque d’augmenter d’au moins 2% par an", déclare l’analyste de crédit Richard Duncan de Macro Watch, "l’économie se réduit".
▪ Du boom à l’effondrement
Et que se passe-t-il à présent ? A quelle vitesse le crédit augmente-t-il ?
Oh oh…
Il n’augmente pas du tout. Il chute… pour la première fois depuis 2009.
Non seulement le jus n’entre plus dans le système… mais il en sort !
C’est exactement ce à quoi on pourrait s’attendre. Le boom factice créé et financé par la monnaie factice de la Fed se transforme actuellement en véritable effondrement.
Les réserves de change de la Chine chutent. Les navires restent au port. Les commandes pour de nouveaux camions, de nouveaux wagons, de nouveaux tankers… et des engins de toutes sortes… atteignent des planchers record.
Tout le système est en train de s’immobiliser.
Et voilà que Bloomberg demande :
"Est-ce terminé ?"
Voilà au moins une question à laquelle il est facile de répondre : non, ce n’est pas terminé. Cela a tout juste commencé.
6 commentaires
> il n’y a jamais eu si peu d’Américains de sexe masculin au chômage.
N’est-ce pas le contraire de ce que vous vouliez dire ?
Il n’y a jamais eu autant d’Américains au chômage, non ?
M. Bonner. Il me semble bien qu’il n’y a jamais eu autant d’individus de sexe masculin au chômage aux USA. C’est logique puisque tous les secteurs en crise emploient surtout des hommes et que les secteurs « porteurs » (services, commerces, care …) peu faciles à rentabiliser emploient 80% de femmes. Mais le problème, c’est le dégonflement de la dette. Qui a vraiment intérêt à la voir disparaître ? Les créanciers (Chine en tête) ? Les consommatrices et consommateurs ? Les politiques qui ont initié le système ? Personne ! Le symptôme de la crise, c’ est un appauvrissement général programmé et invisible. Mais ceux qui nous gouvernent ont tout intérêt à nous en cacher les mécanismes jusqu’à l’effondrement final…. le plus tard possible. Seuls les citoyens de base se doivent de réagir. Mais notre « démocratie » n’est pas calibrée pour cet usage.
Bonjour Bill,
Tous les efforts imposés pour nous sortir de la crise en cours ne font que nous enfoncer dans un système qui génère des crises en série auxquelles il n’est jamais préparé puisque chacune d’entre elles surgit des solutions apportées à celle qui l’a précédée.
Je tente, modestement mais obstinément, de me faire une idée d’ensemble du système financier et en permanence j’aperçois une des causes évidentes de ses naufrages répétés : l’argent supposé enrichir tout le monde n’engendre plus que des super prédateurs. Et quand il n’en restera plus qu’un, nous nous prosternerons et mangerons ensemble la poussière du Royaume Global. Youpie…!!!
> l’argent supposé enrichir tout le monde n’engendre plus que des super prédateurs
Et il en ira ainsi tant que la monnaie ne sera pas basée sur un étalon réel, mais sera de l’argent-dette et pourra être émise en quantité infinie.
ma Pomme et Echo:
Et si on prenait le problème à l’envers ? Quelles sont les personnes qui ont intérêt à faire des dettes indéfiniment car elles ne les rembourseront jamais ? En fait, le crédit illimité appauvrit insidieusement tous les citoyens qui utilisent la monnaie de ces crédits. Sauf celles qui se sont organisées pour ne jamais rembourser. Si nous découvrons ces personnes, nous pourrons alors les empêcher de nuire à la collectivité.
@gastirad39
Je ne me scandaliserais pas si on pendait le dernier socialiste avec les tripes du dernier employé de Goldman-Sachs…