▪Le déficit américain par rapport à la Chine n’a que légèrement diminué pendant la crise mondiale et s’établit actuellement à environ 320 milliards de dollars par an. La situation critique permanente conduit sans cesse à des tensions entre les deux plus grandes économies du monde. D’un côté, les Etats-Unis bénéficient d’importations à bas prix provenant de la Chine, ce qui a pour effet de maintenir une faible inflation des prix.
La Chine est une sorte d’atelier pour les Etats-Unis où sont produits les biens nécessitant une forte main-d’oeuvre, alors que la Chine finance les déficits américains en achetant des bons du Trésor US, dont elle détient désormais 1 263 milliards de dollars (-54 milliards depuis novembre 2013). D’un autre côté, la Chine enregistre des moins-values suite à la dévaluation du dollar. On voit là les limites d’une stratégie économique qui consiste, pour vouloir s’enrichir, à accroître les surplus de ses exportations.
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Depuis le début de l’année le dollar s’est apprécié face au yuan, passant de 6,05 à 6,25 yuans pour un dollar |
Depuis déjà plusieurs années, Washington réclame une réévaluation du yuan (renminbi). Mais tout ce que Pékin a autorisé depuis 2006 a été le crawling peg (parité glissante, ndlr.) et un assouplissement très lent du contrôle des changes qui a permis une légère dépréciation du dollar US. Toutefois, cela a conduit, depuis 2006, à une appréciation du yuan de 25% et autant de moins value sur les réserves monétaires chinoise. Pour la Chine, l’épée est à double tranchant et le crawling peg est maintenant remis en question. Depuis le début de l’année le dollar s’est apprécié face au yuan, passant de 6,05 à 6,25 yuans pour un dollar.
▪ Des tensions qui pourraient s’accentuer
Maintenant un nouveau problème risque d’accentuer les tensions. Si la Fed arrête ses achats de titres américains en novembre 2014 et envisage, à ce moment-là, une première hausse des taux d’intérêt mi-2015, il y aura de grands risques de pertes sur le marché obligataire des Etats-Unis. Les 1 263 milliards détenus par la Banque populaire de Chine, le plus important créancier étranger des Etats-Unis, seraient alors touchés par la dépréciation. Pour éviter cela, la Chine devrait acheter encore plus de bons du Trésor mais cela va l’exposer encore plus aux risques de change : un vrai dilemme pour le pays !
La seule solution qui se présente à la Chine pour se sortir d’affaire est de mettre réellement fin à la suprématie du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale… et non pas juste de remettre en cause ce rôle ! Pékin s’est déjà engagé sur cette voie en demandant à ses partenaires commerciaux de facturer leurs échanges bilatéraux dans leur devise respective en lieu et place du dollar.
Conclusion : grosses difficultés en vue pour le dollar US sur les marchés des changes. Les métaux précieux pourraient profiter de la faiblesse du dollar.