▪ Hier, nous vous avons promis une nouvelle idée. Nos lecteurs les plus attentifs auront remarqué… que nous n’avons pas tenu notre promesse.
Mais lorsqu’on a une nouvelle idée, on ne la jette pas par-dessus les moulins. Il faut une certaine préparation… un peu de fanfare… un roulement de tambour et un compte à rebours.
Hier, nous parlions de la dette européenne. Le Portugal est mis à mal, avec des attaques contre les obligations gouvernementales portugaises. Et les frontières espagnoles semblent menacées.
Partout en Europe, c’est l’affolement : "où s’arrêteront-ils ?"
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C’est un peu comme si les Huns étaient aux portes de Vienne… ou les Maures massés devant les murs de Poitiers. Où est Charles Martel quand on a besoin de lui ?
Il y avait quand même quelque chose d’amusant dans les nouvelles d’hier : le Japon est venu en aide à l’Europe. Suivant l’exemple de la Chine, le Japon a déclaré qu’il allait prêter de l’argent aux pauvres Européens.
Qu’est-ce que ces étranges bienfaiteurs ont derrière la tête ? Pourquoi est-ce que le Japon — qui a la plus lourde dette au monde… et est tout juste capable de financer ses propres déficits — prête aux Européens ? Mais les secouristes asiatiques ne font qu’échanger de mauvaises dettes en dollars contre de mauvaises dettes en euros. Ils doivent penser qu’ils sont dans le papier américain jusqu’au cou ; autant se diversifier un peu en achetant aussi de la paperasse européenne.
Cela signale autre chose : un transfert de richesse renouvelé de l’Occident vers l’Orient. Les Asiatiques sont désormais créditeurs des Européens et des Américains. C’est ainsi que vont les choses. Le Vieux Monde s’endette auprès du Nouveau. Les Etats-Unis font désormais partie du Vieux monde, eux aussi. Ce sont les Asiatiques qui sont aux commandes.
Ce qui nous rapproche de notre idée…
▪ Certaines activités ont un résultat positif. C’est-à-dire qu’elles sont productives. Elles augmentent le total de richesse réelle dans une société.
D’autres activités sont neutres… voire négatives. La guerre, par exemple. Les chicaneries juridiques. La paperasse. L’excès d’études. Ces choses réduisent la somme de richesse réelle dans une société.
Parfois, les gens sont intelligents, honnêtes et travailleurs. Parfois, ils sont paresseux, apathiques et combinards. Mais dans tous les cas, ils préfèrent obtenir richesse et statut le plus facilement possible. Dans certaines sociétés, le meilleur moyen d’y parvenir est de travailler dur. Dans d’autres, c’est d’être malin… de devenir avocat… banquier… ou rond-de-cuir au gouvernement.
Une nouvelle société… ou une économie fraîche (qui a été dévastée par la guerre ou l’hyper-inflation, par exemple)… ou un nouveau modèle économique… sont généralement des sociétés créant de la richesse.
Une société libre est également généralement une société qui crée de la richesse. Les gens font ce qu’ils veulent. S’ils veulent de la richesse, ils sont libres d’en créer.
Mais à mesure que les sociétés (ou les économies) vieillissent, elles deviennent décadentes, arthritiques et arriérées. Elles passent de la création de richesse au brassage de richesse… puis à la destruction. Elles se transforment en sociétés s’inquiétant plus de redistribuer la richesse que de la créer… se concentrant plus sur l’apparence de création que sur la véritable création de richesse.
Les gens évoluent en même temps que leurs sociétés. Lorsque le travail et la créativité paient… ils deviennent travailleurs et créatifs. Lorsque l’entregent et la corruption paient, ils sont à la hauteur là encore.
C’est vrai de quasiment tous les aspects de la société. L’éducation, par exemple. Dans une société libre ou nouvelle, les gens se tournent vers l’éducation parce qu’ils veulent apprendre des compétences utiles… ou par amour de l’éducation et de la réflexion. Dans les sociétés décadentes, ils lorgnent sur les diplômes — de préférence dans des secteurs aussi vides que la "communication" ou les "sciences politiques" — et comptent sur leur parchemin pour leur obtenir un emploi confortable où ils n’auront pas grand’chose à faire. Dans la mesure où tout le monde pense que "l’éducation" est une bonne chose, il y a peu de résistance à de nouvelles dépenses de la part du gouvernement et des parents — même si le seuil de déclin de l’utilité marginale pour ce type d’éducation a peut-être été dépassé il y a bien longtemps.
Il en va de même pour les dépenses militaires. Elles peuvent être une bonne chose en quantité limitée : elles protègent la société des prédateurs externes. Mais les dépenses pour la défense ne tardent pas à devenir "totémiques". L’Etat décadent finit par enregistrer un rendement net négatif. L’entrepreneur privé qui produisait autrefois des uniformes de plombier avec une marge de 10% se met à fournir au ministère de la Défense des uniformes de combat avec une marge de 20%. Non seulement l’économie productive est mise sous pression pour soutenir l’establishment militaire, mais l’armée elle-même, sur-financée, augmente les possibilités d’attaques par des puissances étrangères… et réduit la vraie position défensive de la société.
Et puis bien entendu, il y a le gouvernement lui-même. Comme l’a souligné Jefferson, un peu de gouvernement peut-être "un mal nécessaire", mais un gouvernement endémique est superflu, coûteux et encombrant. Le gouvernement ne crée pas de richesse. Les gouvernements brassent la richesse et l’entravent. Et donc plus on a de gouvernement, moins on a de création de richesse.
Actuellement, les Etats-Unis — et l’Occident dans son ensemble — entament une transition. Ce sont des sociétés vieilles, décadentes… en route vers la faillite… et qui se cherchent un nouveau modèle. L’un des éléments de ce nouveau modèle, ce sont des salaires plus bas. Les gens qui pensaient devoir gagner 100 000 $ par an parce qu’ils avaient une maîtrise découvrent que leurs services ne valent en réalité que 9 $ de l’heure. Plus généralement, les habitants de ces sociétés avancées et décadentes — qui sont habitués à gagner 10 fois plus qu’un citoyen de Chine, d’Inde ou du Brésil — regardent par-dessus leur épaule et voient que les étrangers sont en train de les rattraper. Les salaires réels des Américains, par exemple, vont probablement stagner ou chuter pendant de nombreuses années. Les salaires des marchés émergents, en revanche, vont probablement doubler tous les 10 ans environ.
Les dernières statistiques américaines montrent que le revenu national augmente encore de 1,5% par an à peu près. En nominal. Avant inflation. Si l’on tient compte de l’augmentation des coûts de l’énergie et de l’alimentation (qui augmentent tous deux rapidement… certains segments établissant de nouveaux records), le revenu réel d’une famille moyenne aux Etats-Unis est en fait en baisse.
Demain, nous parlerons du rôle de la Réserve fédérale… des banques… et du secteur financier.
Restez à l’écoute.