▪ Mars 2009, Istanbul : le cinquième forum mondial sur l’eau s’ouvre. L’occasion pour l’ONU de déclarer que l’accès aux ressources en eau n’est pas le seul objectif. Mais que la gestion des eaux usées est également une priorité.
Certains pays sont en avance dans ce domaine et peuvent servir d’exemple, comme Singapour. Ainsi, certaines usines qui s’y trouvent ont plusieurs niveaux de traitement des eaux et séparent l’eau destinée à des utilisateurs industriels de celle, qui doit être plus pure, destinée à la consommation domestique. Singapour compte parmi les meilleures entreprises dans le domaine du traitement des eaux usées, malheureusement, elles ne sont cotées que localement.
Nous allons de plus en plus vers un système qui recyclera les eaux usées et les acheminera ensuite selon leur utilisation finale. C’est déjà le cas dans certaines villes des Etats-Unis, où les eaux retraitées issues des usines servent à arroser des parcours de golf ou des jardins municipaux. La Chine n’entend pas être en reste, elle dont les besoins sont si importants. Elle s’est fixé un objectif : retraiter 100% de ses eaux usées d’ici 2013 ! Quant à l’Inde, elle se lance dans un vaste projet : nettoyer son fleuve sacré, le Gange. Traiter ses eaux polluées et celles de ses affluents coûtera 4 milliards de dollars.
L’assainissement est clairement identifié comme un secteur porteur de croissance dans l’univers de l’eau. Arnaud Bisschop, qui gère le fonds Pictet Water, explique ainsi que le marché des services d’eau et d’assainissement pèse pas moins de 260 milliards de dollars et qu’il connaît une croissance de 7% par an. Il souligne également le potentiel du marché chinois.
▪ Le sel, cet intrus
Près de 97% de l’eau disponible sur Terre est salée. La solution à tous les problèmes d’approvisionnement en eau semble donc être de pouvoir boire l’eau de la mer. Une solution en passe de devenir réalité grâce à la technique de dessalement. Déjà, environ 300 millions de personnes boivent de l’eau tirée de la mer ou saumâtre, deux fois plus qu’il y a 10 ans.
Au départ, le dessalement était réalisé par distillation, une technique toujours en cours, mais complétée par l’osmose inverse, qui consiste à projeter l’eau sur un filtre qui empêche le sel de passer. Une réelle amélioration en termes de consommation d’énergie, mais dont le coût reste très élevé.
Car si le dessalement semble avoir de beaux jours devant lui, il n’est pas exempt de défauts, parfois lourds. Tout d’abord, le coût, tant financier qu’énergétique. En effet, les usines de dessalement sont énergivores et, de manière générale, leur prix est trop élevé pour qu’elles représentent une solution pour les pays les plus pauvres. Enfin, un vrai problème de pollution existe : les rejets de ces usines sont difficiles à éliminer et polluent la mer dans laquelle elles les déversent, ce qui peut gravement endommager leurs écosystèmes.
Malgré de sévères défauts, les pays assez riches pour le faire sont de plus en plus nombreux à succomber aux sirènes du dessalement. Ainsi la Catalogne a fait construire son usine. La Californie également, qui a opté pour le gigantisme dans ce domaine. Global Water Intelligence observe qu’entre 1990 et 2009, la capacité en termes de dessalement dans le monde a augmenté de 17% par an. La tendance s’est accélérée à partir de 2004, avec, chaque année, 800 nouvelles usines.
Face aux problèmes réels que pose cette technique, des amorces de solutions sont trouvées. Les coûts sont réellement en train de baisser et dans certains pays, comme aux Etats-Unis, le prix de l’eau issue du dessalement devrait bientôt égaler le prix de l’eau "fraîche" qui est parfois pompée très profondément sous terre, à l’aide d’infrastructures coûteuses, a annoncé Fortune il y a quelques mois. De plus, l’Arabie Saoudite prévoit d’ouvrir sa première usine de dessalement fonctionnant aux panneaux solaires en 2013. Ce qui conduit un responsable de la société Veolia, qui est présente sur ce secteur, à dire que d’ici à fin 2015, les capacités mondiales de dessalement auront doublé.
▪ La Chine, un marché de choix
La Chine est dans une situation particulièrement précaire en ce qui concerne l’eau. Une situation sur laquelle je vais maintenant m’attarder, car elle ouvre de belles opportunités pour les investisseurs individuels.
En 2006, la Chine comptait 20% de la population mondiale pour 7% des réserves en eau sur Terre. Réserves qui n’ont pas bougé, tandis qu’en quatre ans, sa population n’a cessé de croître. Sans compter des problèmes de pollution énormes. Résultat : la Chine fait partie du classement de l’ONU qui regroupe les 13 pays où le niveau "d’eau par tête" est le plus faible.
Les problèmes de la Chine viennent de l’explosion de sa croissance non seulement démographique mais aussi économique. Le ministre des Ressources en eau, Wang Shucheng, déclarait l’année dernière : "le prix du boom économique chinois se paye avec l’eau". Les deux tiers des 600 plus grandes villes chinoises connaissent déjà des carences de ce précieux liquide et la répartition de la population pose problème, car près de la moitié des Chinois résident dans les provinces du nord-est, où se trouvent seulement 14% des ressources en eau du pays. Des projets faramineux sont donc lancés autour de la gestion de l’eau. Le plus emblématique est bien évidemment le barrage des Trois Gorges. Le réservoir qui va être créé sera si lourd qu’il va dévier l’axe de rotation de la Terre de 2,5 centimètres !
Nous verrons demain les conséquences de tout cela…