▪ Pas question de célébrer Independance Day sur fond de déprime boursière ! La résilience initiale de Wall Street s’est confirmée jusqu’au coup de cloche final, à l’issue d’une demi-séance peu animée où il était assez facile de soutenir les cours sans employer les grands moyens.
Si les indices américains ne clôturent pas au plus haut, ils finissent tous dans le vert avec un Dow Jones à +0,4%, un Nasdaq à +0,3% et un S&P 500 à +0,1%.
Le CAC 40 en avait terminé 90 minutes plus tôt à 3 702 points (soit -1,08%). Toutefois, beaucoup d’opérateurs avaient le sentiment de s’en être bien tirés : ils étaient peu nombreux à envisager vers 16h30, alors que Paris chutait de 1,7%, que le palier des 3 700 points puisse être sauvé vu les actualités négatives sur le Vieux Continent.
▪ Nouvel épisode dans la crise de la Zone euro
La méthode Coué a ses limites : répéter à l’envi que la Zone euro est tirée d’affaire et qu’elle est à l’abri des turpitudes obligataires grâce au verbe magique de Mario Draghi ne suffit pas !
Les difficultés économiques et budgétaires ne disparaissent pas par enchantement simplement parce que les marchés traversent une zone d’accalmie de quelques mois.
La récession risque de se prolonger en 2014 ; le taux de chômage des jeunes restera durablement le pire de l’après-Deuxième guerre mondiale.
Nous assistons à l’éclatement d’un nouvel épisode de la crise politique qui couvait au Portugal depuis le début de l’année. Il prend rapidement une dimension beaucoup plus préoccupante pour les marchés avec la perspective d’un éclatement quasi-inéluctable de la coalition gouvernementale de M. Coelho. On constate également une incertitude majeure concernant la poursuite de la rigueur voulue par Berlin et Bruxelles.
Les taux longs portugais se sont envolés de 150 points de base hier matin, franchissant le cap des 8%.
La bourse de Lisbonne a plongé de 5,3% dans le sillage des banques… ce qui plombait l’ensemble du secteur financier du nord au sud de l’Europe.
Wall Street fait déjà le pari que la crise portugaise va finir par se résoudre — peut-être même d’ici vendredi matin — comme les précédentes : par un compromis sur la duration de la dette portugaise. Cela permettra à Lisbonne de respecter de la ligne budgétaire fixée par Berlin, Bruxelles et le FMI.
▪ La ligne rouge a été franchie
Sauf que la crise provient justement de la fameuse ligne budgétaire — et de l’exaspération de l’opinion face à l’enchaînement implacable des mesures d’austérité « exceptionnelles » qui ne débouchent sur aucune perspective de redressement économique dans un avenir prévisible.
Qui plus est, la coalition gouvernementale portugaise vacille. Des ministres clé dans les deux principales formations au pouvoir viennent de démissionner, refusant de cautionner la poursuite — voire la radicalisation — du plan d’austérité en vigueur depuis trois ans.
De nombreux ministres de toutes sensibilités jugent qu’une « ligne rouge » a été franchie avec un projet de budget contenant de nouvelles mesures portant atteinte au niveau de vie des retraités (en application du schéma archi-classique de l’euthanasie des rentiers).
Les marchés sont bien convaincus que les turpitudes portugaises ont un caractère hautement contagieux. En effet, toutes les populations européennes soumises à une rigueur sans issue se reconnaissent dans le refus de davantage d’austérité.
Chypre est — faut-il le rappeler — au bord de la banqueroute et de l’explosion sociale au moment où vous lisez ces lignes… Et en cas de répudiation de la dette, la Grèce suivra !
Mais comme lors de chaque surgissement d’une situation critique, la BCE (qui se réunit ce jeudi) va certainement sortir la grande échelle et les lances d’incendies… car avec des taux à 5% en Espagne et 4,75% en Italie, il y a le feu.
▪ En France, pendant ce temps…
Pendant que le sud de l’Europe est au bord du chaos, la France se lance dans la mise en oeuvre de quelques mesurettes « techniques ».
Le gouvernement tente de « fluidifier » les ventes de voitures avec le déblocage de l’épargne salariale. Il souhaiterait par ailleurs obtenir une baisse graduelle des prix immobiliers, ce qui resolvabiliserait les primo-accédants et les salariés-locataires, sans hausse des revenus et donc sans menace inflationniste… Mais dans ce cas, les compagnies d’assurance ont du souci à se faire avec une chute de leurs rendements locatifs !
La baisse des prix immobiliers pourrait constituer le troisième et dernier volet de l’éclatement d’une méga-bulle globale, conformément au scénario observé aux Etats-Unis de 2007 à 2009.
La grande correction de 2008 avait commencé par celle de l’or (c’est chose faite !). Il s’en était suivi une flambée du pétrole de 100 $ vers 145 $ en trois mois — il fallait bien que le trop plein d’argent fictif se déverse quelque part. Parallèlement, le secteur bancaire se retrouvait de plus en plus sous pression.
Les élites nous expliquaient que la crise des subprime (que vous remplacerez aujourd’hui par les dettes d’Etat) était gérable et que le système financier avait la solidité de l’acier… Les actions s’étaient offert un dernier baroud d’honneur au début de l’été 2008 ; le Russell 2000 avait même battu son record absolu à ce moment-là, neuf bons mois après le plafonnement du S&P 500, du Dow Jones et du DAX 30.
Tout rebond indiciel nous semble désormais propice à des arbitrages au profit de produits indexés sur la volatilité, puis de l’or chaque fois qu’il effectuera une incursion sous 1 200 $.