▪ Le CAC 40 a consolidé de -0,22% lundi dans des volumes inférieurs à 200 millions d’euros à l’heure (soit 1,9 milliard d’euros au final). Pour vous resituer le genre d’activité qui règne à Paris, sachez simplement que le chiffre d’affaires sur le seul titre Apple dépassait 10 milliards de dollars (environ 7,5 milliards d’euros) après deux heures de cotations — c’est-à-dire vers 17h35 heure française.
Deviner où va le Nasdaq — et dans son sillage le S&P500 — revient depuis quelques mois à se demander jusqu’où les robots tireront Apple. Rappelons qu’il s’agit de la première capitalisation planétaire (622 milliards de dollars avec un cours de 666$ — un cours d’enfer testé vers 18h lundi !
Apple semble tout proche de rallier le consensus des 700$ à court terme. Mais beaucoup espèrent voir 750$ d’ici la séance des « Quatre sorcières » du 21 septembre prochain, histoire de conclure le troisième trimestre en beauté, sans avoir à se préoccuper du succès (ou non) du lancement de l’iPhone 5.
▪ Paris finit dans le rouge mais l’optimisme règne encore
Au moment où cette chronique fut achevée, Apple flirtait encore avec les 664$, dissipant tout risque de voir Wall Street se démarquer des places européennes. Ces dernières affichaient un repli marginal de 0,2% pour cette entame de nouvelle échéance mensuelle de septembre.
Paris a fini dans le rouge mais c’est totalement anecdotique. Les optimistes ne retiendront que l’inscription d’un nouveau plus haut estival à 3 505,6 points à 11h35 très précise ce lundi.
Cela fait trois points de mieux que vendredi midi — qui a été le zénith de la journée des « Trois sorcières » –, alors que les marchés clôturaient en beauté un terme boursier de juillet flamboyant.
La performance mensuelle s’établit à 5,75% ; mais d’une échéance à l’autre, elle dépasse les 9% et l’envolée devient stratosphérique partant d’un plancher de 3 065 points inscrit le 25 juillet : 14% (+450 points en moins de quatre semaines).
Entre-temps, aucune des incertitudes politiques et économiques du printemps n’a été résolue. Elles ont été simplement occultées par la magie du verbe de Mario Draghi et de certains dirigeants européen.
De « belles paroles » et aucune décision concrète. Les signaux économiques négatifs sont en revanche bien réels — notamment dans certains pays comme la Chine et le Brésil — mais restent complètement ignorés.
C’est bien la preuve que la psychologie ne constitue qu’un vague alibi tandis que les robots algorithmiques maintiennent de manière flagrante les indices en apesanteur, ce qui se traduit par des niveaux de surachats vertigineux.
▪ Apple porte Wall Street à bout de bras
Tous les indices américains ont clôturé très exactement à l’équilibre (entre -0,03% pour le Dow Jones et 0,00% pour le S&P). Il faudrait faire preuve d’une candeur force 10 pour estimer que ce scénario résulte d’une heureux concours de circonstance. Apple a grimpé de 2,65%, ce qui a permis d’alléger en toute discrétion les positions sur une longue série de titres américains.
Parmi les rares hausses marquantes du jour, on notait Celgene (+2,5%) ou Dell (+2,8%) mais les opérateurs ont vendu symétriquement Sears (-3,5%), Autodesk -2,9% ou Best Buy (-10,5%).
On pouvait croire l’actualité macro-économique inexistante en ce lendemain de week-end, mais ce n’est pas le cas. Les autorités allemandes ont fait une série de déclarations de nature à doucher l’euphorie qui porte les marchés vers des sommets depuis un mois, mais le marché refuse d’en tenir compte.
▪ La BCE dément un article de Der Spiegel
Une fois n’est pas coutume, la BCE a très vite réagi — par un démenti — à un article de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel qui rapporte que la BCE étudierait un mécanisme permettant d’imposer des plafonds aux spreads entre les rendements obligataires des pays périphériques et les taux de référence allemands.
Comme par exemple le seuil des 500 points de base, un cas de figure qui a déjà entraîné des réactions musclées de la part de la Banque centrale en 2010 et 2011.
Le problème, c’est que les marchés pourraient y voir une occasion inespérée de se débarrasser du risque à grande échelle et de troquer massivement des créances espagnoles et italiennes en faveur des Bunds, des emprunts helvétiques ou des T-Bonds américains.
Le porte-parole du gouvernement allemand et le ministère des Finances ont surenchéri, estimant qu’un tel engagement de la BCE s’avèrerait dangereux… Et que dire des autorités finlandaises qui ont toujours opposé un refus catégorique face à toute mesure de soutien unilatéral en faveur des pays du sud !
Angela Merkel a de surcroît affirmé qu’aucune décision d’envergure ne sera prise lors du prochain sommet européen traitant de la crise grecque ; elle a aussi affirmé qu’aucun projet d’assouplissement des mesures d’austérité n’était à l’étude, ni de modification du calendrier de la réforme fiscale jugée cruciale aux yeux des pays du nord.
Plus surprenant, les leaders de l’opposition socialiste néerlandais –en tête dans les sondages pour les législatives de la mi septembre — ont averti qu’ils n’appliqueraient pas le programme de rigueur imposé par Bruxelles et qu’ils ne paieraient pas l’éventuelle amende consécutive au dépassement du seuil des 3% de déficit budgétaire en 2013 et 2014.
Les marchés n’ont pas bronché lundi, ni en Europe, ni aux Etats-Unis. C’est à croire qu’ils vivent dans un scaphandre rempli de gaz hilarant, totalement étanche à notre monde réel.
Nous imaginons que les opérateurs font le pari que l’Allemagne et la Finlande retourneront leur veste le moment venu sur la question des rachats de dettes souveraines et des écarts de taux maximum entre pays de l’Eurozone… Mais nous sommes bien davantage convaincu qu’une consolidation des indices boursiers ne fait tout simplement pas partie du plan poursuivi depuis fin juin et qui consiste à tirer sans vergogne les indices vers des niveaux que personne de sensé n’avait anticipé.
Les deux dernières séquences de hausses du milieu de l’été ont été bien trop excessives — et destructrices pour les positions short — pour refléter une réaction naturelle des marchés face à l’émergence d’une possibilité de sauvetage de l’Espagne via un recours plus ou moins furtif à la planche à billets de la BCE.
Et ceci ne résoudrait qu’une partie du problème puisque le pays s’enfonce dans la récession, comme en témoigne une balance commerciale redevenue excédentaire du fait de l’effondrement de 5% des importations au mois de juin.