▪ "La force d’une correction est égale et opposée à la tromperie qui l’a précédée".
Vous avez déjà entendu notre dicton. Nous venons de vivre la plus grande bulle de l’histoire — préparez-vous au plus grand krach. Et il ne provoquera pas uniquement du chômage à 10%, la faillite d’une centaine de banques et une baisse de 30% des prix de l’immobilier.
Noooooon… nous parlons d’une correction digne de ce nom… une vraie correction… une correction noble et distinguée… une correction qui peut sortir en public la tête haute.
Nous avons là une correction qui prendra de nombreuses années… fera baisser l’immobilier pendant au moins cinq ans… et ramènera les prix des actions au point où les gens ne voudront plus les acheter. C’est une correction qui ira assez profondément et durera assez longtemps pour faire son travail — effaçant les mauvais investissements et les erreurs de l’ère de bulle, tout en permettant aux survivants de rembourser leurs dettes et construire leur épargne.
Et voici un petit élément intrigant. On a appris cette semaine que les dépenses de consommation, en tant que pourcentage de l’économie américaine, ont grimpé jusqu’à frôler les 71%. Non mais attendez juste une petite minute. Comment les dépenses de consommation peuvent-elles grimper ?
Restons calme. Elles ne grimpent pas. Elles baissent. Simplement, les autres composantes de l’économie baissent plus encore.
Au deuxième trimestre 2009, les consommateurs américains ont dépensé 195 milliards de dollars de moins que l’année précédente — une chute de 1,9%. Durant les 20 années qui ont précédé, les dépenses de consommation ont augmenté au taux moyen de 3,3%. Il suffit de faire le calcul… c’est un demi-tour de plus de 5% du PIB — une perte de près de 700 milliards de dollars pour l’économie !
▪ Le crédit à la consommation baisse… le chômage grimpe… les dépenses de consommation baissent…
… ce ne sont pas des conditions dans lesquelles les actions se vendent 27 fois les bénéfices… et grimpent. Ce sont des conditions dans lesquelles les actions s’effondrent.
David Rosenberg :
"Selon certains critères, le S&P 500 s’échange déjà à des niveaux de valorisation qui seraient d’ordinaire associés à une expansion économique vieille de cinq ans, par opposition à une reprise qui, dans le meilleur des cas, en est encore à sa plus tendre enfance".
Donc… voilà… oui… aujourd’hui, nous hissons officiellement notre drapeau d’Alerte au Krach, depuis nos bureaux londoniens de la Chronique Agora. Traversez le Blackfriars Bridge et vous le verrez peut-être flotter au vent, entre les deux gigantesques boules dorées qui ornent le toit de l’immeuble.
Nous ressortons le pavillon rouge parce que les actions sont devenues trop chères… et parce que le rebond devrait atteindre son apogée actuellement. Les banques centrales parlent déjà de réduire leurs efforts pour soutenir la croissance avec du crédit facile. L’Australie a ouvert la voie la semaine dernière avec une hausse de taux.
Il devient également de plus en plus clair que les efforts des autorités ne fonctionnent pas vraiment. Elles peuvent donner de l’argent à leurs amis du secteur bancaire. Elles peuvent donner de l’argent aux spéculateurs qui parient ensuite sur les marchés boursiers, entre autres choses. Elles peuvent renflouer les grandes entreprises. Mais elles ne peuvent pas vraiment mettre beaucoup d’argent dans l’économie réelle.
▪ Au contraire, elles retirent de l’argent de l’économie réelle. Les autorités américaines absorberont 700 milliards de dollars d’épargne privée rien que cette année… pour financer leur déficit. On s’attend à 1 000 milliards de dollars de déficit minimum durant les 10 prochaines années. Ce qui ne laisse guère d’argent pour le secteur privé.
Evidemment, Washington DC se porte bien. Alors que le chômage frôle les 10% dans le reste des Etats-Unis, il n’est qu’à 6% environ dans la région de Washington.
Mais il faut regarder les choses en face : ce qui est bon pour Washington est mauvais pour le reste du pays. Les autorités ont exploité la correction pour augmenter leur puissance… et leur richesse. L’employé fédéral américain moyen gagne désormais deux fois plus que son homologue dans le secteur privé — quand il a un emploi !
Une dépêche d’actualité nous apprend que les destinataires du TARP ont dépensé 114 millions de dollars en lobbying pour leur renflouage — la majorité revenant évidemment à Washington.
Et les autorités possèdent désormais des parts majeures dans ce qui était autrefois le secteur privé — l’assurance, l’automobile et le secteur bancaire.
La période a été vraiment prospère pour le gouvernement. L’argent, la puissance… tout coule dans son sens.
Notre conseil aux autorités : profitez-en tant que ça dure. Lorsque les actions chuteront une fois encore… et que les gens comprendront quel gâchis a été fait avec l’économie… vous aurez de la chance de ne pas vous retrouver couverts de goudron et de plumes, et conduits hors de la ville à califourchon sur un rail.