▪ Nous nous attendions à une plus grande baisse du prix de l’or. Le métal a chuté, d’environ 300 $ si nos souvenirs sont bons, mais pas autant que nous le prévoyions.
Durant le dernier grand marché haussier de l’or, dans les années 70, le prix a décliné d’environ 50% avant d’atteindre un nouveau record. Le recul de 1974 a poussé les investisseurs à remettre en question le principe même du marché haussier. Nombre d’entre eux ont clôturé leurs positions et manqué le gros lot.
Les marchés mettent toujours leurs admirateurs à l’épreuve. Les vétérans — comme Richard Russell — font allusion au « principe des 50% ». On peut s’attendre à ce qu’un marché haussier retrace jusqu’à 50% de ses gains… avant de repartir de l’avant vers son destin. S’il baisse de plus de 50%, toutefois, le marché haussier est peut-être terminé.
Malheureusement, ce n’est pas une règle gravée dans le marbre. Elle est tout de même bien utile pour comprendre comment les marchés fonctionnent… et empêcher de commettre de grosses erreurs.
Le marché de l’or a corrigé à peine 20% de ses gains. Est-ce que c’est tout ? Nous n’en savons rien.
Ça ne semble pas assez. Nous ne nous sentons pas du tout mis à l’épreuve, et vous ?
C’est en partie la raison pour laquelle nous pensions que l’économie glissait dans un sommeil proche du coma. Ce serait une vraie épreuve.
Imaginez que la Chine ralentisse. Imaginez que l’Europe se traîne d’une crise à une autre. Imaginez que l’économie US suive le Japon le long d’une crise longue et lente. Qu’obtient-on ?
Une chute des prix pour tout ou presque — or compris. Et avec cette chute des autres actifs, les investisseurs, les épargnants, les compagnies d’assurance et les fonds de pension mettraient tout leur argent dans la dette du Trésor US. Cela maintient les taux au plus bas et permet aux Etats-Unis de financer leurs déficits quasi indéfiniment. L’économie ne se remet jamais, mais elle ne meurt pas non plus.
▪ Bernanke & co. veulent peut-être se lancer dans une opération dramatique et casse-cou. Ils pourraient ne pas en avoir besoin. Comme au Japon, ils pourraient simplement prendre leur mal en patience…
Petit à petit, les gens en viendraient à penser que l’économie mondiale est entrée dans une phase plus ou moins permanente de croissance basse et d’inflation limitée. Qu’arriverait-il ensuite au prix de l’or ? Il chuterait. Les gens achètent le métal inerte pour se protéger contre des humains qui sont tout le contraire. Mais si les humains qui gèrent les banques centrales et les ministères des Finances restaient immobiles, pourquoi détenir de l’or ?
La logique du marché haussier de l’or, c’est que les autorités ont infligé — et infligeront — des choses stupides et désastreuses au système monétaire. Peut-être que ce sera le cas. Mais tant qu’elles peuvent financer de profonds déficits sans douleur, elles n’ont pas de raison de le faire. Elles suivront plutôt le conseil de l’économiste Richard Koo et utiliseront le financement déficitaire pour payer des projets de relance budgétaire. Infrastructures… programmes de transfert… impôts pour les riches… pain et jeux pour les pauvres — tout ça pourrait durer longtemps.
Lorsque les spéculateurs et les épargnants réaliseront qu’ils n’ont pas besoin de détenir d’or pour se protéger contre les autorités, ils le vendront. Le prix chutera — peut-être sous les 1 000 $. Nous aurons alors une vraie épreuve.
Si l’économie est coincée dans une phase d’inflation baisse, pourquoi posséder de l’or ?
Si les autorités n’ont pas besoin d’imprimer de monnaie, pourquoi le feraient-elles ?
Si les prix — en dollar — sont stables ou en baisse, pourquoi ne pas s’en tenir aux dollars ?
Nous voyons d’ici les gros titres :
« Les investisseurs abandonnent l’or ».
« Même les fanatiques de l’or sont déçus par le métal jaune ».
« Aucun besoin d’or alors que l’économie mondiale entre dans sa septième année de prix stables ».
Et vous, alors, cher lecteur. Que ferez-vous ? La logique du marché haussier aura disparu. Abandonnerez-vous l’or vous aussi ?
A court terme, les choses semblent plutôt positives pour l’or. En fait, dans la mesure où il n’a pas autant chuté que nous l’attendions… peut-être que notre ralentissement « désinflationniste » à la japonaise a été retardé… a moins qu’il n’ait déraillé ?
Actuellement, les banques centrales ont toutes une folle envie de se mêler des affaires des autres. Le programme « twist » de Bernanke est une perte de temps. Il ne fait que prendre l’argent de la Fed, le transférant de la dette du Trésor US de court terme à la dette du Trésor US de long terme. C’est une très mauvaise idée — qui laisse la Fed vulnérable à de gigantesques pertes. Mais c’est une autre histoire. Il est peu probable que ce programme ait un quelconque avantage pour l’économie. Les taux hypothécaires sont déjà au plus bas depuis un demi-siècle. Le faire baisser un peu plus ne fera pas une grande différence.
Plusieurs membres du FOMC de Bernanke appellent déjà à une intervention plus vigoureuse — une sorte de QE3. Si l’économie US se détériore, il ne pourra qu’y avoir plus d’actions de la part de la Fed.
Parallèlement, les Européens « recapitalisent » leurs banques. Idem pour les Chinois. Les capitaux doivent venir de quelque part… ou bien il faut les inventer. Plus ils créent de nouvelle monnaie, moins l’ancienne a de valeur… et plus l’or devient attractif.
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[…] lu la publication de Bill Bonner du 17 octobre qui prévoit que l’or pourrait être à moins de 1 000 $ et une hausse à […]