** Journée de pause pour les marchés hier — des Etats-Unis à l’Europe, on est restés modérés, calmes et mesurés dans les transactions. L’annonce du plan Geithner avait été digérée la veille… et la Fed n’avait pas encore annoncé sa prochaine séance de shopping, qui aura lieu aujourd’hui même et consistera à acheter des bons du Trésor US de long terme — afin d’"aider à l’amélioration des marchés du crédit". Comme l’explique La Tribune, en faisant grimper les prix des T-Bonds longs, la Fed les rend moins attractifs : "la manoeuvre doit inciter [les investisseurs] à se reporter sur d’autres marchés financiers délaissés, comme celui des obligations d’entreprises (plus risquées et donc plus rentables), afin de les faire fonctionner de nouveau normalement".
Nous verrons bien si ça marche… mais en attendant, le CAC 40 a terminé la journée d’hier sur une augmentation quasiment "de principe", avec +0,17%. Le seuil des 2 900 points n’a pas tenu bien longtemps, l’indice national clôturant à 2 874,39 points. A Londres, le Footsie a perdu 1,05%, tandis qu’à Francfort, le DAX avançait de 0,41%.
De l’autre côté de l’Atlantique, la journée s’est terminée nettement dans le rouge, avec une chute de 1,49% pour le Dow Jones, à 7 660,37 points — tandis que le Nasdaq se prenait une bonne claque en perdant 2,41% à 1 518,31. Le S&P fermait la marche avec une dégringolade de 2,02%, soit 806,31 points à la clôture.
** Est-ce bien la fin du rebond ? Y’a-t-il eu un rebond, d’ailleurs ? Les marchés vont-ils repartir à la hausse à mesure que la stratégie de la Fed et du gouvernement américain sera mise en place ? Qui sait… mais en attendant, mieux vaut ne pas trop compter dessus — surtout en Europe, comme me l’expliquait hier Philippe Béchade — exceptionnellement absent aujourd’hui.
La BCE n’a pas la même force de frappe que la Fed. Il lui est donc impossible de prendre des décisions aussi vigoureuses que la Réserve fédérale américaine. Bill Bonner vous dirait que c’est une bonne chose, au vu de la surchauffe monétaire à laquelle se livre la Fed… mais les marchés, eux, le déplorent — et ce manque de marge de manoeuvre de la part de la BCE, associé à une hausse de l’euro, pèse inévitablement sur les cours des places européennes.
Pour le CAC 40, il faut rajouter à cela une conjoncture française qui ne cesse de se dégrader. La consommation des ménages en produit manufacturés a perdu 2% le mois dernier… le moral des industriels est à 68, c’est-à-dire son niveau le plus bas depuis que l’indice a été créé, en 1976… et les PMI préliminaires d’activités ont eu beau se redresser en France, en Allemagne et dans la Zone euro d’une manière générale, ils restent sous la barre des 50 — celle qui sépare la récession de la croissance.
L’immobilier français a certes enregistré récemment un timide rebond, mais avec 80 000 sans-emploi en plus (annoncés par la chaîne LCI) le mois dernier et un chômage qui explose chez les jeunes… comment voulez-vous soutenir la demande ?
** Sur les autres marchés, les bons du Trésor US se sont légèrement détendus — en attendant les achats gouvernementaux qui commencent donc aujourd’hui, comme je vous le disais plus haut. Le rendement du T-Bond à 10 ans s’est tendu de trois points de base, à 2,69%.
Le pétrole a calmé ses velléités haussières, avec un baril de WTI à 53,98 $, contre 54,16 $ la veille.
Par ailleurs, l’euro a enregistré hier une baisse par rapport au dollar — le billet vert est repassé sous la barre des 1,35, à 1,3445 $ pour un euro, contre 1,3623 $ la veille.
** Et puisqu’on parle du billet vert… l’Empire du Milieu commence à s’inquiéter pour les 2 000 milliards de dollars contenus dans ses coffres. Les décisions de la Fed ne lui plaisent guère — et l’idée de se voir rembourser en monnaie de singe encore moins. Les débats risquent d’être intéressants, au prochain sommet du G20 : "Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque centrale [chinoise], demande, dans un essai publié lundi 23 mars, l’adoption d’une nouvelle monnaie de réserve internationale, pour remplacer le dollar, dans un système placé sous les auspices du Fonds monétaire international (FMI)", lisait-on dans Le Monde hier.
"Le but serait de créer un nouveau système économique mondial, qui ne soit pas facilement influencé par les politiques de certains pays, explique le gouverneur dans un texte publié sur le site internet de l’institution. ‘L’éclatement de la crise et son débordement dans le monde entier reflètent les vulnérabilités inhérentes et les risques systémiques dans le système monétaire international’, écrit-il".
Vulnérabilité inhérente et risques systémiques pour le système monétaire… nécessité d’un nouvel étalon pour les échanges internationaux… voyez-vous vers quelle substance inaltérable, inoxydable et infalsifiable nos regards se tournent, cher lecteur ?
Françoise Garteiser,
Paris