▪ Nous séjournons au Peace Hotel à Shanghai. C’est un magnifique bâtiment Art Déco, juste sur le Bund. Nous avons quitté l’hôtel hier soir pour aller dîner à quelques rues de là. Lorsque nous avons vu la ville se découper de l’autre côté de la rivière, nous en avons eu le souffle coupé.
« On se croirait dans le futur », a déclaré Jules. « On s’attendrait presque à voir apparaître une voiture volante ».
Tout est illuminé — y compris les bateaux qui montent et descendent la rivière.
En comparaison, Paris est morose et prévisible. New York est ennuyeux et usé. Le panorama nous a fait beaucoup plus penser à Londres. Là aussi, les bâtiments sont illuminés, on a la même sorte de vue sur la Tamise. Et Londres compte elle aussi des bâtiments frappants et nouveaux.
Mais par rapport à Shanghai, Londres est petit… et lent. La ville fait partie du « vieux monde ». Cela semble en être un nouveau.
Shanghai n’est pas bon marché. Le dîner pour un groupe de six personnes, dans un restaurant pas vraiment haut-de-gamme sur le Bund, nous a coûté 900 $. Notre chambre d’hôtel est à environ 300 $ la nuit. Et l’immobilier ? Les chiffres sont contradictoires. Shanghai était récemment la ville la plus en vogue dans l’économie la plus brûlante au monde. Le gouvernement a tenté de calmer le marché de l’immobilier en Chine — avec quelque succès. Les ventes ont chuté de 70% environ entre le début et la fin de 2010. Les prix ont baissé de 30%.
Et maintenant ?
« C’est bien le problème, avec la Chine », a déclaré un lecteur venu assister à notre cocktail samedi soir. « Lorsqu’on vit en Occident, on peut penser qu’on sait ce qui se passe… mais lorsqu’on vit en Chine, on réalise qu’on n’en a pas la moindre idée ».
▪ Reportons donc notre attention sur les Etats-Unis, au sujet desquels nous n’avons pas non plus la moindre idée… mais beaucoup d’opinions.
Nous avons essayé de nous mettre dans l’esprit de la « reprise ». Impossible d’y arriver. Cette histoire de reprise a toujours été bidon. Alors où se cache la vérité ?
Pour autant que nous puissions en juger, plusieurs histoires se mêlent :
- La Grande Correction — dans bon nombre d’économies développées, mais principalement aux Etats-Unis…
- La hausse continue des économies en développement… pas seulement en Asie, mais aussi en Amérique latine et en Afrique.
- La pénurie croissante d’énergie, de terres, d’eau et de matières premières bon marché.
- Le déclin (suicide serait peut-être un meilleur terme) de l’Empire américain.
- La fin proche du système financier mondial basé sur le dollar.
Il en reste probablement quelques-unes que nous oublions de mentionner. Chacune prise isolément pourrait être relativement simple à déchiffrer et prédire. Mais elles fonctionnent ensemble… et en porte-à-faux. Difficile de comprendre ce qui se passe vraiment… et ce qui le provoque.
La correction pèse généralement sur les prix, par exemple. Mais la grande expansion des pays en voie de développement tend à les augmenter.
Autre chose pèse aussi sur les prix — les autorités. Les Etats-Unis contrôlent la devise de réserve mondiale. Et ils travaillent dur à gonfler la masse de dollars dans le monde. Cela devrait aussi finir par faire grimper les prix.
Le problème, avec l’inflation actuelle, c’est qu’elle est de la pire espèce : elle augmente les prix… mais pas les revenus, du moins pas aux Etats-Unis. Les revenus s’accroissent en Asie. Les gens peuvent donc y acheter plus de voitures et plus de viande — et faire grimper les prix. Les Américains paient donc des prix plus élevés… tandis que leurs revenus n’augmentent pas.
Pourquoi leurs revenus ne grimpent-ils pas ? Parce que les Etats-Unis traversent une Grande Correction. Ils ont trop dépensé et trop emprunté durant les années de boom/bulle. A présent, ils en paient le prix. Voilà pourquoi on y construit si peu de maisons : les maisons de demain ont été construites hier. Et c’est pourquoi on emprunte et dépense si peu d’argent aujourd’hui ; il a déjà été dépensé.
La Fed semble n’avoir pas la moindre idée de ce qui se passe vraiment — c’est probablement intentionnel. Elle essaie de combattre la correction en émettant plus de crédit et en imprimant plus de dollars — comme s’il n’y en avait pas déjà bien assez. Cet argent supplémentaire fait grimper les prix plus encore, aggravant la douleur des Américains.
▪ Aucun homme n’a jamais autant augmenté les profits de l’industrie militaire américaine… ou les pertes financières américaines. On pourrait croire qu’il aurait été traité avec un peu plus de respect. Une plaque sur les terrains d’entraînement de l’armée privée Blackwater, en Caroline du Nord, par exemple. L’entreprise a gagné des centaines de millions de dollars grâce à la guerre contre la terreur ; elle pourrait montrer un peu de reconnaissance à l’homme censé l’avoir déclenchée.
Mais nous avons découvert que non seulement il a contribué à mettre deux empires à terre — l’Union soviétique et les Etats-Unis (une prédiction, non un fait) –, mais il aimait aussi regarder des images coquines. L’équipe chargée de le tuer a découvert une pile de magazines pornographiques dans la maison d’Oussama ben Laden. Hmmm.
Et tiens : le président du FMI a été arrêté à New York suite à des accusations de viol. Hmmm. Il aurait violemment attaqué une femme de chambre dans un hôtel. Hmmm. Il était considéré comme le principal candidat susceptible de résister à Nicolas Sarkozy lors des prochaines élections présidentielles. Hmmm.
Hmmm…
Pour autant que nous en sachions, ces deux histoires sont entièrement vraies.
2 commentaires
[…] Vous vous souvenez des cinq grandes tendances que nous avons mentionnées hier ? Non ? Eh bien, qu’à cela ne tienne, nous allons les […]
[…] Vous vous souvenez des cinq grandes tendances que nous avons mentionnées hier ? Non ? Eh bien, qu’à cela ne tienne, nous allons les […]