** Nous avons vu vendredi que les autorités américaines font tout leur possible pour orchestrer l’inflation — espérant ainsi se sortir de la déflation. Mais cette stratégie pose quelques problèmes…
– Et si l’inflation arrivait plus tôt que prévu ? Et si la déflation anticipée par beaucoup ne se produisait jamais ? Les détenteurs de bons du Trésor à longue échéance ne gagneraient pas grand-chose. Et ceux qui n’achètent pas d’or pourraient être, au mieux, très chagrinés. Voyons donc cette question en deux parties :
1. Le rendement à 2,89% d’un bon du Trésor à 10 ans est-il si attractif qu’il justifie de risquer une énorme perte de capital (si l’inflation arrive plus vite que prévu) ?
2. Les matières premières sont-elles si risquées, à leurs cours actuels (en plein déclin), que les investisseurs devraient continuer à les éviter, quel qu’en soit le prix ?
– Il ne fait aucun doute que le raisonnement derrière la "théorie d’une déflation imminente" repose sur la logique intuitive et insaisissable selon laquelle que les récessions ont tendance à réduire la demande et par conséquent, les prix. Qui plus est, les dépressions ont tendance à réduire la demande et les prix plus encore que les récessions.
– Cette logique répond à des précédents historiques notables, comme la Grande Dépression. Et il est tout à fait vrai que le ralentissement de l’activité économique tend à réduire la demande. Mais cet argument ne tient pas compte du facteur de l’offre dans l’équation de la déflation — non seulement l’offre de biens et de services, mais aussi l’offre de devise.
** Les dépressions ne se contentent pas de réduire la demande ; elles peuvent aussi réduire l’offre de biens et de matières premières essentiels. Dans la mesure où les producteurs de ces marchandises luttent pour obtenir des crédits et gagner leur vie malgré la chute du prix de leurs produits, certains d’entre eux réduisent la production ou ferment boutique — un facteur qui contribue à l’augmentation des prix : la boucle est bouclée.
– Qui plus est, dans un contexte macroéconomique, l’offre de devises peut exercer une influence bien plus importante sur les prix que l’offre de biens et de services. Dans certains coins du monde plutôt malchanceux, par exemple, où des gouvernements désespérés ont imprimé trop de pesos, de bolivars, de roupies, de marks ou de roubles, le taux d’inflation a explosé, même si l’inflation reste stable dans d’autres pays du monde.
– Au Zimbabwe, le tristement célèbre créateur du premier billet d’un milliard de dollars, l’inflation fait rage depuis des années. Mais les prix sont restés relativement stables dans toutes les économies en voie de développement. Plus récemment, alors que l’Occident tout entier tremble de peur de voir arriver la déflation, les prix (en devises locales) des produits de base explosent en Russie, au Mexique, en Lettonie, en Pologne, en Islande, en Corée et dans beaucoup d’autres pays.
– Si la diminution de la demande causait à elle seule la déflation, pourquoi assiste-t-on à des épisodes inflationnistes dramatiques partout dans le monde ?
– Ces récents épisodes inflationnistes dans le monde développé nous envoient un signal impossible à manquer qui dit que la différence entre l’inflation et la déflation est subtile… Tout se joue au niveau de la planche à billets.
– Résumons :
1. La déflation semble être une menace légitime en ce moment.
2. La Fed combat cette menace avec un alourdissement sans précédent de ses engagements — c’est-à-dire une campagne d’impression de billets.
3. L’impression de billets tend à entraîner une augmentation du prix des biens et des services que nous appelons, nous citoyens lambda, "l’inflation".
4. Il est impossible de savoir quand une nouvelle tendance inflationniste peut arriver, ni quelle sera son amplitude, même si elle risque très certainement d’arriver.
5. Par conséquent, achetez de l’or. Oups… nous n’en étions pas encore là.
– Mais nous n’avons plus le temps aujourd’hui. Revenez nous voir mercredi pour avoir un petit aperçu de quelques bonnes opportunités qui se présentent en période d’inflation.