** Alors que vous pensiez que tous les dégâts avaient été nettoyés… bam ! Une autre tarte à la crème vous arrive en pleine face. Préparez-vous à en recevoir d’autres.
– Splash ! Bloomberg rapporte que Bank of America (BoA) a demandé des garanties de prêt au gouvernement américain pour absorber les pertes liées au rachat de Merrill Lynch. "Les détails devraient être rendus publics le 20 janvier… alors que Bank of America communique ses premières pertes trimestrielles en 17 ans dues au fait qu’elle digère l’achat de Merrill Lynch et Countrywide Financial Corp. L’entreprise fusionnée a déjà reçu 25 milliards de dollars des Etats-Unis".
– Quelqu’un aurait-il parlé d’indigestion ?
– Souvenez-vous que BoA tente d’avaler Merrill et la totalité des pertes que ce dernier a engrangées au quatrième trimestre. Mais l’acquisition de la totalité semble s’être logée dans la gorge de la plus grande banque américaine (en matière de capitaux). Il faudra plus de liquidités du plan de renflouement du gouvernement (ou d’ailleurs) pour la faire passer.
** Si cela vous laisse un mauvais goût dans la bouche, c’est normal, et nous ne parlons pas seulement de ceux qui possèdent des actions BoA. Alors que les grandes entreprises ferment les unes après les autres, la Fed continue à fournir de l’argent pour garder sur pied les plus grandes enseignes financières américaines. Pourtant, c’est loin d’être résolu. La seule bonne nouvelle, c’est que si la Fed décide de nationaliser BoA, ils n’auront pas besoin d’en changer le nom, à moins qu’ils ne choisissent de l’appeler Bank of Amerika.
– Tout idéologie mise à part, le problème principal reste celui que Ben Bernanke a évoqué la semaine dernière à Londres. L’argent du TARP (le plan de renflouement du gouvernement US) a disparu dans les bilans bancaires et n’est pas réapparu sous forme de prêts de consommation ou d’affaires. Il n’aurait pas pu. L’argent a seulement dissimulé les pertes accusées par les banques et les courtiers et leur a donné la possibilité (pendant un temps) de maintenir des capitaux adéquats contre la valeur en chute de leurs actifs.
– Cependant, ces actifs continuent de chuter. Souvenez-vous de ce qu’a dit Bernanke à Londres l’autre jour. Il a déclaré que les actifs difficiles à évaluer sur les bilans "augmentent de façon importante l’incertitude concernant la valeur sous-jacente de ces institutions". Mais la seule façon d’augmenter la certitude est de trouver une vraie valeur — qui sera certainement tellement basse (selon les prix du marché) que soit elle balayera les capitaux propres existants des institutions majeures, soit elle nécessitera des renflouements massifs ou la nationalisation d’entreprises-clé.
– Quels sont les actifs dont la valeur a augmenté cette année sur les livres de prêt des banques ? L’immobilier résidentiel, l’immobilier commercial et à peu près toutes les sortes de prêts titrisés ou garantis par nantissement valent probablement moins aujourd’hui qu’à la même époque l’année dernière. Vous commencez à vous demander combien de "capitaux" il va falloir que le gouvernement fournisse pour compenser les pertes en prêts subis par l’industrie financière cette année, ou même si ce sera possible.
– Mais tous ne sont pas des clowns. Le dirigeant de JP Morgan, Jamie Dimon, a déclaré mercredi dernier au Financial Times que "le pire de la situation économique n’est pas encore derrière nous. Il semble que cela va continuer à se détériorer pendant la majeure partie de 2009. Dans notre secteur, nous nous préparons à ce que les prêts à la consommation et les cartes de crédits aillent de plus en plus mal".
– Cette déclaration de Dimon explique comment JP Morgan pourrait également avoir reçu 25 milliards de dollars du TARP, et n’avoir pourtant fourni que 100 millions de dollars de prêts au dernier trimestre, selon le quatrième rapport de l’entreprise diffusé mercredi dernier. Etonnamment, l’entreprise de Dimon a réussi à obtenir un bénéfice net dans le quatrième trimestre sur — écoutez bien — les gains comptables liés à son rachat du défunt prêteur sur hypothèque Washington Mutual.
– Ce n’est pas une plaisanterie.
– Voilà ce qu’il en est. Si Dimon et les autres dans l’industrie admettent que de nouvelles pertes sont quasiment inévitables, et qui plus est, que la demande en prêts est en train de chuter, qu’est-ce que cela signifie pour les perspectives économiques de rémission en 2009 ?
– Les investisseurs devraient avant tout réexaminer la question suivante : le système financier s’est-il stabilisé depuis le mois d’août de l’année dernière ? "Les banques sont désormais insolvables", a déclaré Paul Miller à Bloomberg en début de semaine dernière. Miller est analyste financier chez Friedman Billings Ramsey & Co. à Arlington en Virginie.
– Il estime que la Fed va devoir payer 1 à 2 milliers de milliards de dollars supplémentaires pour faire en sorte que les institutions financières américaines restent solvables cette année. "Tant qu’on n’abordera pas cette insuffisance de fonds, les banques continueront à se comporter en conservateurs et destructeurs de crédit".