** Eh bien alors ? Que se passe-t-il ? Est-ce un effet du décalage horaire ? Faut-il ajouter 700 points aux indices comme on ajoute sept heures pour avoir l’heure du pays que je viens de quitter ?
Enfin quoi, à peine ai-je le dos tourné qu’on fait dégringoler les indices, qu’on élit un nouveau président américain et qu’on révolutionne les bases de la finance mondiale ! C’est à vous décourager de partir en vacances…
Enfin, quoi qu’il en soit, me voilà de retour du Japon — et dans la mesure où Philippe Béchade n’est exceptionnellement pas en mesure d’assurer sa Chronique aujourd’hui, c’est à moi de prendre la température des marchés.
Ladite température était bouillante sur les marchés américains hier, mais plutôt tiédasse du côté européen : le CAC 40 a enregistré une molle hausse de 1,10% sur la journée d’hier, terminant à 3 269,56 points, dans des volumes faibles. Du côté de Londres, le Footsie a chuté de 0,31%, tandis qu’à Francfort, le DAX progressait de 0,62%.
Aux Etats-Unis, en revanche, les hausses ont été fulgurantes hier. Le Dow Jones a grimpé de 6,67% pour rejoindre les 8 835,17 points… le Nasdaq s’est adjugé 6,50%, à 1 596,70 points… et le S&P 500 a fusé de 6,92%, ce qui le porte à 911,27 points.
Pour arriver à de tels scores, les investisseurs ont dû délibérément ignorer des nouvelles économiques plutôt lamentables : aux Etats-Unis, le département du Travail annonçait hier 32 000 inscriptions hebdomadaires au chômage, ce qui fait passer le chiffre à 516 000. Parallèlement, le département du Commerce annonçait tout de même une réduction du déficit commercial, à 56 milliards de dollars, soit 4,4% de baisse — un peu mieux que les attentes du consensus, qui mettait la barrière à 57 milliards de dollars.
En Europe et dans le reste du monde, on ne faisait guère mieux : l’Allemagne, notamment, est désormais officiellement en récession, avec un PIB qui a reculé de 0,5% au troisième trimestre 2008. "La première économie européenne est ainsi entrée en récession technique pour la première fois depuis le premier trimestre 2003", rapporte Investir.fr.
L’OCDE a apporté un triste couplet à cette litanie en annonçant qu’elle revoyait à la baisse ses prévisions de croissance pour les Etats-Unis, la Zone euro et le Japon ; selon l’organisation, la récession devrait se poursuivre en 2009 — et au-delà, ai-je envie d’ajouter…
** Tout cela n’a pas porté chance au dollar : le billet vert a terminé la journée d’hier en baisse par rapport à l’euro, à 1,2767 contre 1,2498 la veille. "Récemment soutenu par son caractère de valeur refuge dans un environnement économique incertain, le billet vert se replie parallèlement à l’apaisement de l’aversion au risque reflété par le net rebond des marchés financiers", analysait en outre Investir.fr.
Il me semble tout à fait paradoxal de considérer le dollar, ce géant aux pieds d’argile, comme une valeur refuge, mais qui sait ? Peut-être que le billet vert deviendra la première monnaie fiduciaire de l’histoire à ne pas terminer en débâcle ? On peut toujours rêver…
En attendant, l’or fait les frais de cette tendance : l’once continue son repli — elle était à 713,5 $ au second fixing de Londres hier soir, contre près de 725 $ la veille. Sur le marché obligataire, les taux se sont tendus, avec un bon du Trésor à 10 ans se tendant de 13 points de base, pour arriver à 3,86%.
Un petit mot du pétrole pour terminer : le département de l’Energie américain annonçait des réserves stables (alors qu’on s’attendait à une hausse), tandis que l’OPEP s’interroge sur l’opportunité d’avancer sa réunion de décembre. Tout cela fait grimper le cours du WTI New York, qui était hier à 58,24 $ le baril, contre 56,16 $ mercredi.
Françoise Garteiser,
Paris