Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Mardi dernier, les Etats-Unis nous annonçaient l’effondrement de l’indice de confiance des consommateurs, de 61 points à 38 points. Un effondrement d’une ampleur sans précédant, très supérieur aux anticipations des analystes (52 points). L’indice touche un plus-bas historique, les ménages anticipant une nette aggravation de la crise économique.
Une telle nouvelle, si elle était tombée il y a quelques jours, aurait fait plonger les indices boursiers de la planète dans le rouge. Violemment.
Mais mardi, le Dow s’est envolé de presque 11% quelques heures après l’annonce de cet indicateur. Il a été suivi le lendemain "en fanfare" par tous les indices européens. Le CAC terminait ainsi en hausse de plus de 9%. Comment expliquer cela ?
Nouvelle vague mondiale de baisse des taux d’intérêt
L’envolée du Dow trouve probablement son explication dans la baisse des taux d’intérêt. On s’attendait à une baisse des taux de la Fed. Nous assistons en fait à une nouvelle vague mondiale de baisse.
Car après la Chine, la Norvège et les Etats-Unis (qui ont ramené hier leur taux directeur à 1%), ce sera au tour de la BCE et de la Banque d’Angleterre d’abaisser leurs taux la semaine prochaine. Et je m’attends à une détente significative de ces taux. Même le Japon, qui a pourtant des taux au plancher, devrait se joindre au mouvement en fin de semaine.
Les banques centrales qui étaient dans un cycle de baisse des taux poursuivent et accélèrent la tendance. Celles qui étaient dans un cycle de hausse des taux y mettent un terme et renversent la vapeur à toute vitesse. Le tournant est net. D’où l’envolée des bourses.
Quel est le mécanisme en jeu ?
Il faut avoir conscience que les gros investisseurs — fonds et assureurs en tête — ont actuellement 20% de leur portefeuille en cash, ce qui est énorme.
Ensuite, pourquoi voulez-vous que ces gros investisseurs aillent prendre des risques démesurés sur les marchés actions alors qu’en plaçant leur argent à trois mois, ils perçoivent quelque 4,82%, avec un risque faible. Leurs capitaux sont bien rémunérés. L’aversion au risque est maximale, tout comme la prime de risque.
En revanche, si les taux devaient baisser et leur rendement descendre par exemple à 2%-2,50%, nos investisseurs ne se poseront plus la question de la prise de risque. Ils seront contraints d’aller vers les actions, quitte à prendre des risques. Et ils le feront dans un mouvement généralisé.
Le retour sur les marchés actions pourrait être violent
Violent, parce qu’avec des PER de six sur le CAC et des titres complètement bradés, aucun investisseur n’aura envie de râter le coche.
Violent, parce que les positions short (vendeuses) devront être rachetées.
Violent, parce que les liquidités en attente d’investissement sont énormes…
En sommes-nous arrivés à ce point ?
Toute la question est là. Si la réponse est OUI, le rebond actuel pourrait bien être le retournement tant attendu. Beaucoup y croient. Si la réponse est NON, ce ne serait qu’un énième rebond dans un grand marché baissier. Ce scénario est loin d’être improbable.
Pour ma part, je suis extrêmement prudente quant à la nature de ce rebond.
La confiance serait-elle revenue d’un coup ? Non. Je pense que ceux qui ont investi hier l’ont fait pour jouer le mouvement haussier et le pousser aussi loin que possible. Je pense aussi qu’une part très importante de ce rebond est liée au rachat de positions vendeuses. Mais je pense qu’ils sont prêts à sortir aussi vite du marché qu’ils y sont entrés. Au moindre problème.
Je pense aussi qu’une part très importante de ce rebond est liée au rachat de positions vendeuses.
Autre facteur qui m’incite à la prudence. Les hedge funds. J’y reviendrais. La purge n’est pas terminée. Et les pressions vendeuses resteront fortes jusqu’à la fin de l’année. L’horizon se dégagera à partir de 2009 en revanche.
Enfin, je reste très négative sur l’évolution des économies dans les mois à venir. Et j’ai beaucoup de mal à croire ceux qui me disent que le rebond de l’économie américaine sera rapide…
Et nous sommes au moins deux à être sur la défensive : "Une remontée (des marchés actions) est possible pour la fin de l’année 2008, mais à mon sens, elle ne constituera qu’une très jolie opportunité pour faire le plein de produits baissiers (possiblement à effet levier). D’ici là, on en reparlera…", nous dit Laurent Gosse.
En attendant, l’affaiblissement du dollar (1,31 contre l’euro), la baisse des taux et le rebond des marchés ont dopé l’or (772 $), le brut (68 $) et les métaux qui nous offrent un beau rebond sur le LME.
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
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