Par Emmanuel Gentilhomme (*)
Parue le 13 août dernier, la note sur l’or de la banque Gonet & Cie, très dense, ne se limite pas à l’analyse du marché du métal jaune. Elle conseille également d’en profiter : "l’or est un actif réel qui mérite sa place dans chaque portefeuille", affirme la banque genevoise, qui donne même des précisions : elle conseille d’y allouer "entre 7 et 15% de son portefeuille, selon le profil de risque de l’investisseur". Elle avance les neuf arguments sur lesquels repose son raisonnement. Les voici !
"Banque" et "banque"
A propos de l’auteur de cette note sur l’or : Gonet & Cie est une banque privée genevoise. En clair, elle fait de la gestion de fortune. Elle oriente donc les investissements de ses clients en fonction de ses convictions. Comme la maison tient, bon an mal an, depuis 1842, on peut supposer que ses conseils ne sont pas si mauvais. De surcroît, ses actionnaires doivent, selon le droit suisse des banques privées, engager la totalité de leur patrimoine personnel en garantie des obligations de la société. Voilà qui, dans le monde bancaire, est rare.
Que ce soit clair : nous n’avons pas d’intérêt inavouable à parler ainsi de Gonet. Mais en ces temps troubles, il n’est pas superflu de rappeler que le terme de "banque" recouvre des réalités très diverses qui ne peuvent qu’avoir une incidence sur les discours de ses différents acteurs. Non pas que nous affirmions que les banques de ce type soient meilleures que les autres. Nous n’en savons rien. Mais manifestement, leur implication est nettement supérieure à la moyenne.
Neuf arguments en or
Revenons à notre métal jaune. Gonet & Cie a pris la peine de rassembler les raisons pour lesquelles elle conseille de se positionner sur l’or, ce qui permet d’en faire un catalogue synthétique.
Les grands classiques : le "gros de la troupe"
– une valeur refuge : l’or "ne peut être dupliqué à volonté" — mais pourquoi donc pensez-vous aux monnaies fiduciaires ? — et "ne dépend pas de la souveraineté des Etats". Dans les périodes sombres, l’or "a fait ses preuves", Gonet citant l’exemple de la crise argentine, durant laquelle "les propriétaires d’or n’ont pas souffert de l’énorme dévaluation de la monnaie locale" ;
– une protection contre l’inflation… : "la création monétaire excessive des banques centrales déprécie la valeur de la monnaie". Logique : quand la masse de monnaie en circulation gonfle de 10% l’an et que la croissance de la richesse correspondante, mesurée par le PIB, n’est que de 2%, chaque unité monétaire se dévalorise mécaniquement. Toute ressemblance avec une situation réelle serait fortuite… Grâce à sa rareté, "l’or maintient sa valeur" ;
– … et contre la stagflation : la performance de l’or se tient bien dans les périodes de stagflation, surtout lorsque les taux d’intérêt réels (taux nominaux diminués de l’inflation) sont négatifs ;
– un "antidote contre la baisse du dollar et la remonétisation de l’or" : la première partie de l’argument est connue, l’or ayant tendance à évoluer à l’inverse du dollar. La seconde l’est moins : "une baisse du dollar n’est pas une condition nécessaire à la hausse de l’or",indique Gonet. Qui a dit que les monnaies ne pouvaient qu’être fiduciaires ? A en croire Gonet, l’or fait de facto concurrence aux devises classiques — et pas seulement au billet vert.
Nous verrons les cinq raisons suivantes dès demain…
Meilleures salutations,
Emmanuel Gentilhomme
Pour la Chronique Agora
(*) Emmanuel Gentilhomme est journaliste et rédacteur financier. Il a collaboré à plusieurs reprises avec le Journal des Finances et la Société Générale. Il suit de près les marchés boursiers européens et étrangers, mais s’intéresse également à la macroéconomie et à tous les domaines de l’investissement. Il participe également régulièrement à la rédaction de L’Edito Matières Première & Devises.