▪ Wall Street a clôturé vendredi au plus haut du jour, de la semaine, de l’année et même depuis fin décembre 2007 en ce qui concerne le S&P 500.
Les principaux indices américains clôturent en hausse de 0,35% en moyenne et le Dow Jones grimpe vers 13 650 points. Cela lui permet d’afficher un score hebdomadaire de 1% hebdomadaire.
Toutefois, rien n’était encore acquis vers 21h30 (heure de Paris). En effet, le débordement des résistances annuelles n’est survenu qu’à l’issue d’un dernier quart d’heure de pure euphorie après les six premières heures de quasi-stagnation.
Il apparaît peu douteux que l’objectif ait été de faire clôturer Wall Street au zénith pour la séance des « Trois sorcières » et d’entretenir une tendance 100% haussière à la veille d’un week-end de trois jours.
▪ Chute du VIX
Cette séance restera marquée par une chute historique — en forme de « mini-krach » — du VIX (indice du stress) de 9% (vers 12,3). Cela en partant de 13,3 — ce qui était déjà considéré comme un plancher absolu jamais revu depuis juillet ou octobre 2007 et surtout l’automne 2004.
Il nous faut revenir en détail sur l’environnement technique de l’époque. Le S&P 500 venait de consolider à l’horizontale entre 1 070 et 1 150 points durant pas moins de 10 mois, ce qui avait entraîné une détente radicale des oscillateurs hebdomadaires et mensuels.
Nous vivons depuis huit mois de hausse consécutive une surtension de ces mêmes oscillateurs qui atteignent des niveaux que nous qualifierons d’incandescents et qui n’ont été atteints que lors du sommet des principales bulles des 15 dernières années.
Ce furent des périodes d’aveuglement haussier où seules étaient prises en compte les bonnes nouvelles — et surtout celles qui étaient trop belles pour être vraies.
C’est exactement le genre de climat qui règne actuellement sur les marchés… les volumes en moins (par rapport à 2000 et 2007).
▪ Une hausse liée à « l’effet ketchup »
D’après les explications les plus souvent reprises par les commentateurs vendredi soir, Wall Street aurait salué les bons chiffres de l’immobilier. Si l’on creuse un peu, le spectaculaire rebond de décembre est lié à des considérations d’ordre fiscal et d’expiration de certains avantages, d’ou une sorte d' »effet ketchup ».
En se repassant le film des événements, une accélération à la hausse s’était matérialisée dès la mi-journée avec les rumeurs de feu vert républicain à un relèvement du plafond de la dette.
Cette issue réclamée aussi bien par la Maison Blanche que la Fed était inéluctable mais le marché ne connaissait pas la date. L’annoncer avant un week-end de trois jours aux Etats-Unis est tombé au meilleur moment pour rassurer tout le monde !
Plus le plafond s’élève, plus il devient difficile d’endiguer le creusement des déficits. Et plus le temps passe, plus les économies et les coupes budgétaires à réaliser pour inverser la vapeur vont peser sur la croissance.
En cas de demi-mesures et d’enlisement des négociations entre démocrates et républicains, ce sont les agences de notation qui pourraient sévir… et cela fait longtemps qu’elles ont annoncé la couleur.
▪ Wall Street reste à surveiller malgré le jour férié
Wall Street restera fermé ce lundi, il faudra donc surveiller le dollar pour évaluer les chances d’une poursuite de la hausse.
En Europe, il n’y a encore rien de fait tant que l’Euro-Stoxx 50 continuera de plafonner sous les 2 725 points… et cela dure depuis 12 séances !
Les haussiers gardent espoir car le Russell 2000 se rit des résistances historiques. Il a inscrit vendredi un sixième record absolu en 10 jours, à 892,8 — ce sont les 10 dernières minutes qui ont fait la décision.
Nombre de titres du Russell battent tous leurs records de valorisation. Il en va de même pour des vedettes du Dow Jones, malgré des profits en retrait par rapport à 2011 — American Express nous en fournit exemple saisissant — et un environnement conjoncturel moins florissant qu’en 2007.
Nous attendons avec impatience de connaître la réaction de Wall Street aux déboires de Caterpillar en Chine avec la découverte du trucage des comptes d’une filiale achetée il y a deux ans afin de gonfler sa valorisation de plusieurs centaines de millions de dollars.
Il ne faut pas faire d’un cas particulier une généralité mais il serait utile que Wall Street s’interroge sur le nombre d’alliances où il est possible d’affirmer que « tout se passe bien ».
Nous aimerions bien connaître le besoin de recapitalisation de nombre d’entreprises et de banques chinoises de premier plan en ce début d’année 2013 alors que les marchés ne veulent retenir que l’apparent sursaut de la croissance survenu au quatrième trimestre.
Quel crédit apporter à de tels chiffres lorsque le nombre de bateaux affrétés et de conteneurs embarqués, la quantité d’électricité consommée par l’industrie, ne corroborent pas les spectaculaires chiffres des exportations de novembre 2012 ?