Que vous rapportent vos actifs par rapport au prix où vous les avez achetés… et comment la Réserve fédérale régule-t-elle les taux en réalité ?
Avec la politique actuelle des banques centrales, le présent vole le futur, comme nous l’avons vu hier.
Pour vous protéger, il faut que vous compreniez une fois pour toutes comment se forme la valeur d’un actif financier.
Un actif financier a une valeur d’usage – en l’occurrence, procurer des flux de revenus. Mais vous, vous l’achetez à sa valeur d’échange… et si vous le payez très au-dessus de son utilité, vous vous faites voler.
Un actif financier vous donne droit à toute une chaîne de revenus futurs, jusqu’à ce qu’il soit retiré de la circulation.
Vous touchez un coupon pour une obligation et un dividende pour une action. La série des coupons ou des dividendes versés tout au long de la durée de vie représente la vraie valeur d’usage de votre actif.
La valeur d’un actif, c’est la somme actualisée de l’ensemble des flux dont vous allez bénéficier tout au long de sa durée de vie. Le dernier flux étant soit le remboursement, soit la revente.
Cependant, n’oubliez jamais que, si la durée de vie est de 50 ans par exemple, le dernier flux que vous allez recevoir ne vaut pas grand-chose. Il est déprécié car il est lointain – d’où ce que l’on appelle l’actualisation, laquelle consiste à calculer la valeur actuelle d’une chose qui sera touchée dans le futur.
Usage, échange, désir
La politique monétaire des banques centrales a pour objectif de gonfler les valeurs d’échange des actifs financiers jusqu’à un point tel qu’elles divergent totalement d’avec leur valeur d’usage – c’est-à-dire jusqu’à ce qu’ils ne rapportent plus rien.
Les autorités jouent sur la triple disjonction : usage, échange, désir. Le désir étant ici le désir de jouer, de participer à la loterie comme les autres.
La réalité est pire encore car les autorités gonflent, font « buller » les valeurs d’échange alors que les valeurs d’usage baissent : la croissance économique réelle espérée à long terme ne cesse de baisser. Nous sommes dans des mondes de stagnation, de régression.
Vous payez de plus en plus cher des actifs qui en fait valent de moins en moins : c’est là la vraie définition d’une bulle.
Les premiers servis sur les marchés financiers sont ceux qui ont les meilleurs prix et les meilleurs rendements. Les autres sont en fait spoliés ; ils servent de relais, de pigeons, aux premiers. On a acheté avant eux pour les gruger.
Bien entendu, ceux qui obtiennent les meilleurs rendements sont ceux qui sont très riches et très proches des marchés. Ils achètent avant les autres… et même ils achètent à crédit en levier.
Ils s’endettent pour acheter plus, car ils savent que la hausse du prix des actifs est acquise, sûre, garantie : la banque centrale leur a fait un cadeau. Ils sont ce que j’appelle des initiés structurels.
Les inégalités sont voulues
D’où bien sûr la croissance exponentielle des inégalités : vous comprenez qu’elle est voulue !
Il y a une relation entre la masse de monnaie de base, la production nationale, le PIB nominal et le niveau des taux de rendement des valeurs du Trésor.
La Fed a créé tellement d’argent à taux zéro, il y a tellement d’argent oisif, que la seule façon de relever les taux d’intérêt sans réduire la taille de son bilan est de stabiliser cet argent en payant des intérêts sur cet argent excédentaire : ce qu’on appelle l’IOER (interest rate on excess reserves).
L’IOER est en quelque sorte le robinet qui permet de réguler le flux de liquidités qui coule dans le système.
S’il est élevé, les réserves rapportant plus, elles restent gelées, oisives ; s’il est bas, les réserves sortent de l’oisiveté et vont chercher leur rentabilité ailleurs.
Sans l’IOER, les taux d’intérêt à court terme américains ne seraient que de 12 à 15 points de base environ. Le bilan de la Fed est toujours considérablement gros, il est même gigantesque par rapport aux normes.
Si la Fed abaisse les taux d’intérêt, ce ne sera donc pas en « injectant de l’argent dans l’économie » comme le disent faussement la presse et même les gourous ; ce sera simplement en réduisant le taux qu’elle verse sur les réserves excédentaires.