Nous sommes ni plus ni moins en train d’assister à un combat de titans entre les Banques centrales des pays émergents et la Fed…
A ce jeu, l’euro pourrait bien être victime, l’or grand gagnant, le dollar battu, et vous grand bénéficiaire si vous shortez le dollar et achetez de l’or…
De quoi devenir schizophrène…
Entre le Trésor américain d’une part, qui prône un dollar fort ; et la Fed d’autre part, qui réaffirme régulièrement vouloir maintenir ses taux bas aussi longtemps qu’il le faudra pour soutenir l’économie américaine… Avouez qu’il y a de quoi y perdre son latin.
Qui croire ? Faut-il miser sur la hausse du dollar ? Ou sur sa faiblesse ?
Cambistes et investisseurs ont tranché dans le vif ! Sans état d’âme aucun
Ils misent 10 contre un sur la Fed.
La preuve ? L’euro s’envolait hier direction les 1,50 et l’or pulvérisait son dernier record, touchant 1 170 $ l’once sur le spot à Londres.
Pas de doute, le "camp de la Fed" est plus crédible. On achète de l’or pour se protéger et on vend du dollar en voie rapide de dépréciation pour acheter des actifs à haut rendement. Le carry trade continue.
Schizophrénie encore…
Comment s’y retrouver entre un Strauss-Kahn rassurant et un Trichet si cruellement lucide…
Pour le patron du FMI la crise est "probablement derrière nous". Il se félicite des milliers de milliards qui sont venus inonder la planète finance. "Le pire a été évité" grâce à cela.
Faut-il poursuivre dans la voie de la politique monétaire laxiste ?
A en croire monsieur Strauss-Kahn, oui ! Il vaudrait mieux…
"Nous recommandons la plus grande prudence, parce qu’il est plus douloureux de retirer ces mesures trop tôt que trop tard".
Forcément, ce discours plaît. Les marchés adorent…
Ils vont pouvoir continuer de jouer avec ces milliers de milliards de dollars si gentiment mis gracieusement à leur disposition.
Si au moins ils en laissaient quelques miettes pour l’économie réelle ! Même pas…
Alors voilà pourquoi je préfère de loin Trichet et son orthodoxie toute allemande.
Trichet, lui, reste cruellement lucide…
"Les traitements d’urgence et de choc sont parfois nécessaires", nous dit-il. "Mais si leur utilisation est prolongée, ils peuvent conduire à une forme de dépendance, voire une addiction".
Je porte une petite nuance toute personnelle : nous sommes déjà accros.
Que dis-je… pas nous ! Mais le système financier. Ce sont les banquiers et les marchés qui sont accros. Sans tout cet argent injecté, les marchés n’auraient jamais rebondi de 70% en six mois et les dizaines de milliards de primes distribués entre banquiers n’auraient jamais été de ce monde…
Notre ami Trichet est également très prudent quant à l’évolution de la conjoncture économique. L’incertitude demeure "exceptionnellement élevée" selon lui.
Et surtout, il reste très ferme sur la nécessité de couper le robinet de l’argent qui coule à flots, dès que cela sera possible. Sans état d’âme. Sous peine de créer de nouveaux déséquilibres et de nouvelles bulles… Nous verrons dès demain les conséquences de ces nouveaux désordres en perspectives sur les matières premières en général, et l’or en particulier.