Les promesses de Trump de réduire les impôts et d’éradiquer l’inflation semblent déconnectées de la réalité économique et historique du pays.
Si Dieu décide de détruire, il commence par rendre fou
-Euripide
MarketWatch rapporte :
Trump promet des « réductions d’impôts massives » et la fin de l’inflation
« Je mettrai fin immédiatement à la crise inflationniste dévastatrice, je ferai baisser les taux d’intérêt et le coût de l’énergie », a déclaré M. Trump lors d’un discours de grande envergure. Nous allons « forer », a-t-il ajouté, en prédisant que cela « mènera à une baisse des prix à grande échelle ».
Accrochez-vous ; la course risque d’être effrénée.
Tout peut arriver, mais la fin de l’inflation est peu probable.
En 1999, les Etats-Unis étaient maîtres d’eux-mêmes, et du monde. Jusqu’en 2008, ils pouvaient encore contrôler leur dette nationale et augmenter les taux d’intérêt, si nécessaire, pour freiner l’inflation et protéger la valeur du dollar.
Mais aujourd’hui, ils sont pris au piège. La dette est six fois plus importante. Elle contrôle désormais le pays. La Fed peut abaisser les taux d’intérêt, mais elle ne peut pas les augmenter… ou très peu. Et plus la dette augmente, plus la pression se fait sentir, non pas pour lutter contre l’inflation, mais pour l’accueillir… voire la provoquer. L’inflation est un choix politique.
Le gouvernement américain est le plus grand débiteur du monde. Ses dettes sont, bien entendu, libellées en dollar, une monnaie qu’il contrôle, justement. En abaissant les taux (et en imprimant de la monnaie), il provoque une hausse des prix et réduit la valeur réelle de sa propre dette.
Le pays est entré dans la « saison de la stupidité ». Elle s’est trouvée au sommet du monde pendant si longtemps… et donc privée d’oxygène… qu’elle semble avoir souffert d’une sorte de lésion cérébrale. Ses dirigeants racontent des choses « folles »… font des choses invraisemblables…
Stopper l’inflation ? Pourquoi ne pas rembourser la dette nationale aussi… et faire pousser des orchidées sur la lune ?
Mais poursuivons notre brève histoire… nous verrons comment nous en sommes arrivés là… Et tout d’abord, comment nous sommes devenus la nation la plus puissante du monde – de tous les temps. Nous pourrons alors voir plus clairement le reste du schéma.
Le nouveau système monétaire
L’abandon de l’étalon-or par Nixon est l’un des principaux événements déclencheurs de la situation actuelle, dont nous parlons souvent dans ces chroniques. Dès lors, les hommes politiques ont pu disposer d’un pouvoir presque illimité pour lever des fonds sans mécontenter les électeurs. L’emprunt de dollars de crédit – produits par le nouveau système monétaire – a permis aux autorités fédérales de dépenser de l’argent qui n’avait pas encore été gagné, et encore moins taxé. Au lieu de cela, il a fait payer la facture aux non-votants, à la génération suivante, sous la forme de l’inflation.
C’est ce financement frauduleux qui a provoqué, en partie, un autre événement majeur. Les conseillers de Ronald Reagan l’ont convaincu que l’Union soviétique représentait une menace existentielle pour l’Amérique. Pour protéger la nation, Reagan a abandonné son économie « conservatrice » en faveur d’un programme activiste, financé à crédit. Et pourquoi pas ? Les déficits n’avaient pas d’importance ; une crise de la dette et l’inflation étaient loin dans le futur.
L’administration Reagan a augmenté la dette américaine de 160 %… le troisième plus grand « gain » présidentiel, après Roosevelt et Wilson. Mais ce n’est pas seulement l’argent qui a changé les choses, c’est ce qu’il est advenu de l’argent… et ce qu’il a fait aux Etats-Unis.
La plupart des dépenses supplémentaires ont été consacrées à l’armée. De là, une grande partie est allée à l’industrie de la puissance de feu du secteur privé… et une partie substantielle de cet argent a été utilisée pour payer des lobbyistes, des politiciens, des « groupes de réflexion » et des universités pour chanter les louanges de l’industrie de la puissance de feu.
Les bellicistes, les néoconservateurs et les grands fournisseurs de la défense ont acheté le contrôle du gouvernement, avec l’argent du contribuable américain.
L’administration Reagan a également marqué le début d’un changement politique majeur. Les Républicains n’étaient plus un parti « conservateur » qui évitait les dépenses inutiles, la dette et les aventures militaires à l’étranger… ils sont devenus des activistes, des grands dépensiers et des promoteurs de l’amélioration du monde. Au lieu de contrebalancer les projets du « Big Government » des Démocrates, les Républicains en ont repris les éléments clés – les dépenses excessives à l’intérieur du pays, et l’ingérence à l’étranger – pour se les approprier.
Aujourd’hui, le coût du muscle de l’empire s’élève à 1 300 Mds$ par an. Sur le plan politique, il est impossible de le réduire. Tout homme politique qui s’y essaie est marginalisé.
L’autre grande composante est la sécurité sociale et l’assurance-maladie. M. Trump a promis de réduire les impôts… mais pas un centime de la sécurité sociale et de l’assurance-maladie… ni de l’armée. La dette augmente, donc. Et les politiques monétaires et étrangères du gouvernement doivent maintenant être adaptées… non pas au bénéfice du peuple américain, mais pour accommoder la dette et les puissants intérêts spéciaux qui en bénéficient.
Et maintenant, si la tendance se maintient, les Etats-Unis s’enfonceront davantage dans la dette, et… son capital – en actions, en obligations et en biens immobiliers – perdra de sa valeur.