Pour faire approuver son « European Green Deal », la Commission européenne est prête à dépenser beaucoup… de votre argent.
La Commission européenne a récemment dévoilé une liste de priorités politiques censées contribuer à sauver l’environnement. Ce « European Green Deal » a pour intention de révolutionner nos moyens de production et nos manières de consommation. Jetons un coup d’œil sur un des moyens avec lequel Bruxelles veut s’acheter le consentement de l’Europe centrale et de l’Est dans ce dossier.
Le fonds de transition équitable
Du point de vue de Bruxelles, un pays est particulièrement hésitant lorsqu’il s’agit de mener la guerre idéologique de l’Union européenne (UE) contre le changement climatique. En Pologne, qui est fortement dépendante de son secteur industriel, les objectifs ambitieux de l’UE ne sont ni bien accueillis ni compris. Pour Varsovie, céder à Greta Thunberg n’est ni avantageux sur le plan électoral, ni justifiable sur le plan économique.
Il se trouve que l’Union européenne a été le seul grand intervenant lors de la conférence sur le changement climatique COP 25 en décembre, qui a fixé un objectif de zéro émission nette de dioxyde de carbone pour le milieu du siècle, en dépit des objections de la Pologne notamment.
Ces objections et les débats qui ont suivi ont également permis d’éviter un marché à mi-parcours, ce qui signifie qu’aucun objectif spécifique n’a été fixé avant 2030 ou 2035. Cela dit, la législation européenne peut toujours fixer différents objectifs dans les directives réglementant certaines industries.
Le Green Deal européen lui-même ne pourra pas être accepté comme un seul texte législatif, mais plutôt comme un ensemble de propositions, toutes à accepter individuellement en vertu de dispositions différentes. Si la Pologne parvient à rallier le soutien au sein du Conseil européen, elle pourrait être l’instigatrice d’une opposition structurelle à ce Green Deal.
Pour éviter cela, la commission Von der Leyen propose un fonds de transition équitable (au sujet duquel vous pouvez d’ailleurs remplir un formulaire de consultation, pour donner votre avis en tant que citoyen de l’UE).
Suite à quelques objections initiales de l’Allemagne et des Pays-Bas, la Commission a changé la communication et a ajouté que le fonds de transition équitable est sous l’égide du « mécanisme de transition équitable », lequel fait partie du « plan d’investissement pour une Europe durable ». Pour faire court :
Le fonds de transition équitable sera alimenté par 7,5 milliards d’euros de votre argent. Il s’agit de fonds frais et directs.
Les Etats-membres seront mandatés pour s’engager à égaler chaque euro du fonds de transition équitable avec l’argent du Fonds européen de développement régional et du Fonds social européen Plus. Cela signifie qu’ils devront également ajouter 30 à 50 milliards d’euros de financement.
Un « régime de transition » dans le cadre du plan « InvestEU » déjà existant, anciennement connu sous le nom de « plan Juncker », mobiliserait jusqu’à 45 milliards d’euros, essentiellement des fonds privés, par le biais de prêts et d’avantages.
Entre 25 et 30 milliards d’euros d’investissements
Les ONG écologistes sont évidemment aux anges. « Le manque de moyens financiers ne peut plus servir d’excuse pour ne pas s’engager à augmenter l’ambition climatique. Au contraire, ce fonds devrait ouvrir la voie à l’augmentation de l’objectif climatique de l’UE pour 2030 à une réduction de 65 % des émissions, conformément à l’accord de Paris », a déclaré Wendel Trio, directeur du Climate Action Network (CAN).
Toutefois, un certain nombre d’Etats-membres de l’UE ont déjà fait part de leurs critiques à l’égard de ces plans, et un certain nombre d’entre eux les ont carrément rejetés.
Leur argument est facilement compréhensible : les nations d’Europe centrale reçoivent déjà un soutien financier par le biais du fonds octroyant de l’argent pour le développement régional, et avec l’engagement de la Commission européenne de rendre les subventions agricoles plus « vertes », les chances sont très bonnes que l’Europe centrale et orientale bénéficie de subventions progressivement accrues dans le domaine de l’agriculture dans le budget 2021-2027.
En substance, la Commission européenne achète le consentement à ses projets, que ce soit par des paiements directs ou des prêts à avantages.
Cela a deux répercussions majeures : pour une fois, les prêts accordés à un pays comme la Pologne pour construire des parcs éoliens (qui devraient remplacer les centrales au charbon) ne sont pas de véritables prêts à la valeur du marché. Cela signifie que si jamais les subventions vertes de ces énergies renouvelables devaient cesser (comme cela s’est produit avec les véhicules électriques dans des pays comme Hong Kong et le Danemark), le gouvernement devra alors renflouer les investisseurs privés ou même les pays.
D’autre part, le système consistant à payer les pays pour acheter leur consentement s’il est éloigné de tout ce qui prétend être une « valeur européenne » ne représente pas non plus une bonne politique…