La vérité du système ne se voit pas dans ce qu’il voudrait vous faire croire, mais dans ses défaillances : un principe indispensable pour qui souhaite investir en connaissance de cause.
La théorie des marchés efficients est une incroyable escroquerie destinée à conférer le pouvoir de fixer les valeurs au système bancaire et aux marchés boursiers.
Elle permet de les disjoindre du fondamental et de les relier aux perceptions. Ensuite, il suffit de manipuler les perceptions.
Celui qui détient le pouvoir dans un système, c’est celui qui a la possibilité d’imposer les équivalences ; un système de valeurs est un système d’équivalences.
Le pouvoir de fixer les équivalences, c’est le pouvoir de dire « 1 S&P 500 équivaut à 3 000 $ », par exemple.
Tout système de pouvoir est un système d’équivalences : le droit qui dit qu’un assassinat équivaut à 15 ans de prison.
Le système soviétique était un système d’équivalences fixées par une nomenklatura. Quand le pouvoir de la nomenklatura s’est effondré, le système de valeurs et de prix s’est fracassé.
Cela se passera en Chine – mais aussi en Europe, quand le pouvoir des eurocrates sera renversé.
Le rapport avec la Bourse ?
Le pouvoir équivaut au droit de décider des valeurs – mais aussi et surtout de décider du mode de fixation des valeurs. D’où la théorie des marchés soi-disant efficaces, qui était le complément nécessaire du néo-libéralisme financiarisé.
D’où aussi la théorie des anticipations rationnelles sur laquelle repose la pseudo-science économique moderne.
D’où la théorie de l’équilibre.
D’où la théorie de la neutralité du crédit et de la monnaie.
Tout se tient, tout un corpus idéologique bidon a été construit afin d’accompagner/légitimer la diffusion du néo-libéralisme version financière.
La théorie des marchés efficients a contribué à établir le pouvoir illusoire des banques centrales car elle a fait reposer la valeur des actifs sur trois choses dont on a exclu… le réel :
– les taux ;
– la communication ;
– le risque dénaturé comme incertitude et remplacé artificiellement par la volatilité.
Une fumisterie colossale
C’est une colossale fumisterie que j’ai épinglée dès 1981 dans un article intitulé « Les nains de la réflexion » – article qui fut considéré comme scandaleux à l’époque.
Celui qui a raison – et sa fortune le prouve –, c’est George Soros : il soutient que la théorie de l’équilibre est fausse, que les marchés vont de stupidité en stupidité, d’aberration en aberration, et que c’est en jouant contre eux que l’on gagne, pas en les suivant.
Les marchés découvrent les prix, certes, mais c’est uniquement au travers de leurs erreurs !
Le système a pour fonction non pas de vous dire comment les choses sont réellement, mais comment ceux qui en ont l’illusion du contrôle veulent que vous pensiez qu’elles sont.
Le système tord la réalité dans le sens qui convient à la perpétuation de son pouvoir, de ses intérêts et de ses désirs.
De la même façon que la vérité de l’inconscient du sujet qui parle se découvre non pas dans son discours conscient/maîtrisé mais dans ses failles, dans ses lapsus etc.
Retenez ceci : la vérité des valeurs se découvre dans les ruptures du système, dans ses défaillances.