Alors que les républicains tournent le dos au nouveau projet fiscal de Donald Trump – jugé trop coûteux – et que Moody’s abaisse la note des Etats-Unis, l’Argentine de Javier Milei surprend les marchés.
« Président Trump, continuez à faire des Etats-Unis une grande nation. » – Glen Rogers (connu sous le nom du « tueur Casanova », alors qu’il était attaché à son brancard d’exécution à la prison d’Etat de Floride)
Nous assistons à l’un des phénomènes les plus remarquables de l’histoire économique. Une nation est en train de sombrer de la façon la plus classique imaginable – en dépensant trop d’argent, et en tentant d’imposer sa volonté bien au-delà de ses frontières –, tandis qu’une autre prend le chemin inverse et revient sur le devant de la scène, après sept décennies de déclin.
Vendredi dernier, même le propre parti de Trump n’a pas pu soutenir son « grand et beau projet de loi ». Reuters rapporte :
« Les républicains rejettent le projet de réduction d’impôts de Trump
Le projet de loi fiscale du président américain Donald Trump a échoué à franchir un obstacle procédural majeur vendredi ; une tranche de républicains intransigeants, exigeant des réductions de dépenses plus importantes, ont bloqué la mesure, ce qui constitue un rare revers politique pour le président républicain au Congrès.
Tel qu’il est rédigé, le projet de loi ajouterait des milliers de milliards de dollars à la dette fédérale de 36 200 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. Outre la prolongation des réductions d’impôts de 2017, qui ont été la principale réalisation législative de M. Trump au cours de son premier mandat, le projet de loi supprimerait les impôts sur certains pourboires et revenus tirés des heures supplémentaires, augmenterait les dépenses de défense et fournirait davantage de fonds pour les mesures de répression à la frontière mises en oeuvre par M. Trump. »
Ensuite, Moody’s a estimé qu’il était temps de dégrader la note de crédit des Etats-Unis.
« L’agence a déclaré qu’elle ne constatait aucun effort réel de la part du gouvernement pour réduire les dépenses, et qu’elle s’attendait à une détérioration des résultats budgétaires américains par rapport à ceux d’autres grandes économies développées. Elle a également indiqué que la croissance à long terme du pays serait fortement pénalisée par les droits de douane, et que le fardeau de la dette fédérale devrait atteindre environ 134% du PIB d’ici 2035. »
Les républicains se sont ensuite remis au travail dimanche. Le Wall Street Journal rapporte :
« WASHINGTON – Les républicains de la Chambre des représentants ont réussi à faire franchir un obstacle clé au ‘grand et beau’ projet de loi sur les impôts et les dépenses du président Trump, tard dans la nuit de dimanche à lundi. Mais les luttes de dernière minute les ont confrontés à une dure réalité : ce plan ne réduira pas les déficits du budget fédéral – il ne fera qu’aggraver le gouffre fiscal des Etats-Unis. »
Pendant ce temps, au sud du Rio de la Plata, l’Argentine a vu la note de sa dette relevée par Fitch. Le Buenos Aires Times commente :
« Ce changement intervient dans un climat d’optimisme à l’égard de l’Argentine, le président Javier Milei s’étant engagé à rétablir la croissance économique par un vaste programme de réformes. La dette du pays a été l’un des investissements les plus performants des marchés émergents l’année dernière. »
Démocratie, autocratie… toutes les folies sont possibles, mais le schéma reste toujours le même. Une élite prend le contrôle du gouvernement, resserre son emprise, devient de plus en plus corrompue et incompétente, tout en s’éloignant du « peuple » qu’elle est censée servir. En général, il faut un choc majeur – guerre, faillite, peste, révolution ou hyperinflation – pour forcer une remise à zéro.
Mais aucune catastrophe spectaculaire ne s’est abattue sur la pampa. Le pays a simplement été victime de 70 années de mauvaise gestion. Comme Donald Trump, Javier Milei a été élu président – il y a près de 18 mois – en tant que « perturbateur ». Depuis les années 1940, l’Argentine s’est éloignée des grandes nations développées. Les électeurs, lassés, ont voté pour un changement. Ils l’ont élu pour réparer le système… et c’est ce qu’il fait.
A la différence de Trump, Milei a travaillé sur la chaîne cinématique – pas seulement sur la sellerie.
Donald Trump – qui semble toujours jouir d’une certaine popularité auprès des tueurs en série – n’a jamais fait de la réduction des dépenses une priorité. Javier Milei, lui, s’y est attaqué de front. Le Buenos Aires Times rapporte les résultats obtenus jusqu’à présent :
« Le taux de pauvreté en Argentine est tombé à 38,1% de la population au second semestre de l’année dernière, soit une baisse de près de 15 points par rapport au semestre précédent.
L’extrême pauvreté, quant à elle, est descendue à 8,2%, contre 18,1% précédemment. Au total, le nombre de personnes considérées comme pauvres a chuté de 14,8 points de pourcentage entre le milieu et la fin de l’année dernière — un progrès massif, malgré l’entrée en récession de l’économie. »