Entre Paris et Washington, les dettes explosent, les promesses pleuvent… et les ballons d’essai s’envolent. L’un d’eux finira par éclater – sur nos têtes.
Entre les annonces de François Bayrou et celles de Donald Trump, vous seriez tenté de penser qu’il n’y a guère de points communs… Mais mon esprit caustique et tortueux en a identifié plusieurs.
Des communiqués de Bloomberg et de Reuters ont fait état mercredi (vers 16h45) de « sources » émanant de la Maison-Blanche selon lesquelles Donald Trump aurait manifesté l’intention de « virer Powell ».
Trump a dû rédiger un démenti lui-même, pour tenter de calmer les esprits : « Je n’ai jamais dit que j’allais licencier le patron de la Fed… mais qu’il faisait du mauvais travail et coûtait cher au pays en refusant de baisser les taux. »
Eh oui, le paiement des créanciers coûte cher aux Etats-Unis, et pour financer cette ardoise de 1 200 Mds$, Trump n’envisage pas de supprimer des jours fériés, lui – juste le personnage qu’il estime être à l’origine de ce surcoût !
Nous avons affaire à deux pays manifestement surendettés. Avec 37 100 Mds$ de dette pour 335 millions d’habitants, contre 3 200 Mds€ (3 700 Mds$) pour 68 millions d’habitants, une simple règle de trois permet de constater que chaque Américain l’est beaucoup plus qu’un Français, avec plus de 110 000 $ pour le premier contre 54 000 $ pour le second.
Force est de constater que le coût de la dette américaine est de 4,40 % ce 16 juillet, contre 3,40 % pour nos OAT. Une différence de 100 points de base qui ne semble préoccuper aucun créancier des Etats-Unis.
Symétriquement, lequel se sent mal à l’aise avec nos OAT, malgré la perspective d’une motion de censure du gouvernement Bayrou d’ici fin septembre (discussion du projet de budget) ?
Nous venons d’avoir la démonstration que notre « endettement mortel » n’engage pas en réalité notre pronostic vital, puisque nos créanciers n’ont pas bronché à l’annonce de la volonté présidentielle de consacrer 15 Mds€ de plus à notre défense (par rapport à 2024), soit un total de 64 Mds€ (75 Mds$), avec de l’argent que nous n’avons pas (environ 100 € par Français), auquel il faudra rajouter l’effort de renforcement de la défense européenne (30 Mds€, d’après notre quote-part). Les Etats-Unis y consacrent 12 fois plus d’argent (environ 900 Mds$, soit 270 $ par Américain), et cela ne préoccupe personne !
Trump a fait passer un projet de budget 2026 (Big Beautiful Bill) qui devrait propulser la dette américaine au-delà des 40 000 Mds$ d’ici juillet 2026 (7,25 % de ratio dette/PIB). Et la France – avec un ratio 36 % moins élevé, de 4,6 % (ou 5 % pour arrondir, car l’objectif gouvernemental, personne n’y croit) – risquerait de faire fuir les détenteurs d’OAT ?
En réalité, c’est l’instabilité politique et sociale qui devrait inquiéter nos créanciers… mais les Français ne bougent pas : ils se font éplucher, surtaxer, dérembourser, dépouiller, baratiner, spolier… Mais non, ils ne bougent pas.
Et le coup des deux jours fériés en moins, qui va rapporter selon les calculs de Bercy 4,5 Mds€, ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport à la contribution négative de 10 Mds€ de la France au budget européen, ou aux sommes versées à l’Ukraine : 43 Mds€ d’après certains calculs depuis mars 2022, soit environ 15 Mds€/an en combinant les aides européennes ; notre quote-part est de 19 %, c’est prélevé directement dans la poche des Français – et les armes offertes à Kiev sont payées par le contribuable.
L’addition de ces deux postes européens est lourde (25 Mds€, soit plus de 350 € par Français). Il serait intéressant d’évaluer le coût pour chaque ménage d’un doublement – totalement absurde – de leur facture d’électricité (cela peut représenter facilement +1 000 € de plus par abonné et par an par rapport à 2020).
Vous commencez à cerner d’où vient le sentiment de paupérisation des Français ?
Ils vont toucher le fond avec le doublement de la franchise sur les médicaments (à 100 €), puis le déremboursement des soins pour « longue maladie ». Et ils vont être appauvris – en termes de temps de loisirs – par la suppression de deux jours fériés.
Mais je vous fais le pari que cela sera une stratégie à la Trump : « Je vous sucre deux jours… mais je ramène votre peine à un, avec sursis si vous acceptez de souscrire à mon grand emprunt. »
Tout le monde serait d’accord, car seuls les vraiment « riches » (et pas les retraités à 1 666 €/mois, les seuls qui ne pâtiront pas de la suppression de l’abattement de 10 % sur leurs pensions) pourraient souscrire à une émission de 43 Mds€, la somme recherchée par Bayrou.
Tout comme Trump avec ses « super-tarifs » douaniers qu’il réduit de moitié sous 48h ou dont l’application est repoussée de 90 jours, il s’agit de ballons d’essai – histoire de voir ce qui cause le plus de remous sur les réseaux sociaux.
Ce que nous devrions faire passer comme message, c’est qu’il faut cesser de nous prendre pour des idiots en ne s’attaquant pas aux causes profondes des déficits, c’est-à-dire aux décisions politiques absurdes, à la spoliation de nos revenus au profit des « copains » et des « obligés du régime », aux milliards versés à des pays en guerre dont on comprend très bien que cela donne lieu à un ballet de rétrocommissions digne de la galerie des Glaces du temps de Louis XVI.
Les Français ne sont bons qu’à remplir le tonneau des Danaïdes d’un Etat mafieux : il est percé façon écumoire à sa base, mais chaque trou alimente en fait un tuyau qui court se déverser dans les bonnes poches.
Aux Etats-Unis, avec la guerre en Ukraine (et toutes les précédentes), de nombreux « tuyaux » alimentent le lobby militaro-industriel (prêt à vendre des armes à Kiev, si elles sont payées par les Européens).
Et François Bayrou a oublié de nous faire part de sa fierté que la France soit le second exportateur d’armes au monde : une guerre fait décidément bien nos affaires, puisqu’elle autorise tous les surendettements et dope notre industrie militaire.
3 commentaires
Etes-vous certain qu’au nom de l’UE la France doit financer l’absence d’effort de ses voisins européens depuis des décennies? Ils ont été pire que nous, est-ce à nous de payer, de plus pour qu’ils achètent américain.
Trump je ne sais pas .. mais Bayrou , en réalité Macron, ce texte paraît bien vu. Supprimer deux jours fériés pour faire mieux la guerre à la Russie à propos d’une prétendue démocratie en Ukraine… Contre une Russie qui n’est pas capable de vaincre l’Ukraine mais qui représenterait un danger pour l’Europe « Démocratique » !! Les « élites » occidentales, notamment européennes, veulent nous habituer à une troisième guerre mondiale. Au nom de la Démocratie bien évidemment. Une démocratie où les peuples mourront, tandis que les « élites » resteront, une fois de plus, bien à l’abri : A Londres, New-York, Paris…
Une majorité de Français laborieux ne supportent plus de payer pour des assistés et des migrants, Il suffit de parcourir les réseaux sociaux pour s’ne convaincre. Une troisième guerre mondiale reste peu envisageable : une atteinte aux intérêts vitaux de la Russie déclencherait une riposte nucléaire, c’est de l’inconscience. La doctrine Russe a changé sur ce point. Notre intérêt est de s’entendre avec la Russie dont les déclarations sont toujours aller dans ce sens. Il faut changer d’élite, ce qui s’appelle une révolution.