Bill Bonner est toujours quelque part entre la Floride et Baltimore… en attendant son retour, nous remontons le temps – avec un « classique » datant du 21/12/2016, lors des débuts de Donald Trump à la Maison Blanche : entre temps, les choses ont beaucoup changé… ou pas.
« Vous avez droit à vos opinions, mais pas à vos faits », lançait malicieusement le politicien Daniel Patrick Moynihan, au siècle dernier.
Au XXIème siècle, cependant, tout le monde dispose de tous les faits qu’il souhaite. Des faits inexacts, altérés, fabriqués sur mesure pour flatter le lecteur.
Enfant, et alors que nous grandissions, nous regardions les informations de 18 heures.
Il y avait les informations nationales, diffusées sur trois chaînes : ABC, NBC ou CBS. Il existait peu de différences entre les trois.
Lorsque Chet Huntley vous présentait les « faits », peu de gens en doutaient. Les Américains nourrissaient leurs propres mythes et idées fausses, mais c’étaient les mêmes pour tous.
A présent, les informations et les opinions sont diffusées à partir de centaines de différents sites internet, blogs et « chaînes d’information ». Un utilisateur d’internet est « alimenté » d’informations qu’il veut voir. Personne ne s’efforce de donner des « informations » impartiales. Au contraire, les nouveaux médias se contentent de flatter les préjugés de l’audience qu’ils ciblent, comme le propriétaire d’un animal de compagnie caresse son chat.
Les idées reçues ne sont plus remises en questions. Elles sont embellies… justifiées… et renforcées.
C’est dans ce nouvel univers de fausses informations, d’argent falsifié, de statistiques et politiques faussées, que Donald J. Trump a identifié son opportunité. Pour les marchés, la politique est plus importante qu’elle ne l’a jamais été depuis des générations. Et Trump a plus d’importance, pour la politique : pour le meilleur ou pour le pire, nous n’en savons rien encore.
Nous savons seulement qu’il va prêter serment à une période particulièrement dangereuse, sur laquelle plane une bulle de 35 000 Mds$ de surendettement…
Plus de moyen pour gagner du temps
Clinton, Bush et Obama ont tous pu reporter le problème à plus tard. Mais il se pourrait que Trump ne dispose pas de cette marge de manœuvre. Pour les investisseurs, il s’agit de la question la plus importante, en ce qui concerne l’année 2017.
Nous prédisons que le problème va exploser à la figure « du Donald », sans qu’il en soit pour autant responsable. De quelle façon et à quel moment, c’est ce que nous aborderons désormais dans d’autres articles.
Certes, nous pourrions nous tromper. Mais, en l’occurrence, nous envisageons le bon côté des choses. Si nous avions tort, cela signifierait que le désastre sera encore pire.
Soit cette bulle de 35 000 Mds$ explosera à la figure de Donald Trump, soit elle explosera à celle de son successeur… et l’explosion serait alors encore plus importante. Car on ne peut la retarder qu’à coups de dettes supplémentaires… ce qui la rendra encore plus violente et dangereuse.
Trump : attirer les électeurs ayant une dent contre « le système »
Commençons par observer comment Donald Trump a changé le système politique des Etats-Unis d’Amérique.
Quels que soient ses autres talents, M. Trump possède un instinct très développé pour l’art du spectacle. Il s’est rendu compte qu’il pouvait utiliser ce talent pour contourner les partis, médias et idéologies traditionnels… en parlant directement aux gens dans un langage bien compris à l’ère Twitter.
Il a surtout ciblé une partie de la population qui avait été négligée par les deux partis… des gens qui en veulent aux initiés… et qui ont une dent contre le système tout entier.
Ensuite, il a réduit les questions complexes à des messages simples et symboliques, ou démotiques, absurdes aux yeux de l’élite des médias, mais si bien accueillis par l’audience qu’il ciblait que cette dernière l’a envoyé à la Maison Blanche.
Les universitaires et commentateurs pouvaient bien débattre sans fin des problèmes de la classe moyenne américaine : la mondialisation, les technologies, les bas salaires, les pertes d’emplois, l’inégalité, l’abus de drogues, et même la diminution de l’espérance de vie. « D’un côté ceci… », disaient certains. « D’un autre côté cela… » contredisaient d’autres.
Bla… bla… bla…
Un professeur brandissait des preuves statistiques démontrant qu’il fallait davantage de plans en faveur de l’emploi. Un chroniqueur suggérait que les problèmes pouvaient être déconstruits de façon freudienne. Un lobbyiste du domaine de l’éducation étudiait plus attentivement les conséquences d’une baisse des dépenses consacrées à l’éducation. « Nous avons besoin d’augmenter les dépenses en faveur de l’école primaire », disait-il en conclusion.
Trump a coupé court aux bavardages et absurdités.
Plus important encore, il a vu que les médias traditionnels n’exerçaient plus leur fonction de gardien de l’information et de l’opinion.
Les électeurs de Trump ne lisent pas le New York Times
Trump a remarqué qu’il n’avait pas besoin d’analyser soigneusement les problèmes, ni d’avoir des positions politiques cohérentes et défensives. Il ne voulait pas passer pour un candidat qui fait du blabla. Ce monde nouveau exigeait un nouveau type d’approche.
Il a proposé de construire un mur le long de la frontière méridionale de l’Amérique. Il a interpelé la Chine sur ses pratiques commerciales déloyales … et tapé sur les deux grands partis en leur reprochant d’avoir laissé les étrangers profiter des Américains.
Il était milliardaire, a-t-il rappelé aux électeurs. Il savait comment conclure un accord. Et c’était un homme d’affaires, pas un politicien. Il savait comment gagner de l’argent et recruter des gens. Inutile d’entrer dans les détails.
Et en ce qui concerne le terrorisme, il a promis des mesures rapides et déterminantes. Trêve de bavardage. Il n’y avait aucune confusion entre les terroristes qu’il soutiendrait et ceux auxquels il s’opposerait.
Au contraire, il a donné l’impression qu’il s’attaquerait à tous… torturerait si nécessaire, tuerait les membres innocents d’une famille s’il le fallait, et s’acharnerait sur Daesh, qui que ce soit, à coups de bombes.
Le New York Times pouvait bien mettre le doigt sur ses erreurs et incohérences flagrantes autant qu’il le voulait. Et alors ? Ses partisans ne lisent pas ce journal.
Et donc, ses critiques et détracteurs se sont battus contre un moulin à vent. Ils auraient voulu se bagarrer avec lui, lui démontrer qu’il avait tort. Ils voulaient le clouer au sol… lui mettre un genou à terre.
Mais ils n’ont eu aucune prise sur lui.