Il faut de tout pour faire un monde, comme nous le dit la sagesse populaire. Et des problèmes apparaissent bien quand il commence à manquer de certaines choses importantes…
Notre thématique du moment, c’est le travail réel… et pourquoi les gens n’y tiennent plus autant. Et les points se relient enfin.
Evidemment que les gens démissionnent : le salarié moyen américain n’a obtenu qu’une augmentation de 0,32 $ de l’heure, au cours de ces 50 dernières années. A présent, corrigé de l’inflation, son revenu baisse.
Evidemment que les gens veulent rejoindre l’élite : c’est là que se trouvent le statut et l’argent. Mais elle est devenue un fardeau parasitaire : ses rangs débordent de directeurs semi-compétents, d’absentéistes et de parasites … trop fiers, trop puissants et surpayés.
Evidemment que les prix augmentent alors que la Fed imprime de l’argent.
Evidemment que Wall Street et ses clients de l’élite se sont enrichis : c’est là que l’essentiel de l’argent fraichement imprimé est allé.
Evidemment, enfin, que la croissance ralentit, et que l’empire américain est sur le déclin : ses classes supérieures ont été corrompues par le pouvoir et l’argent, tandis que ses classes ouvrières – méprisées et plumées par ceux qui « sont au-dessus d’elles » – abandonnent la truelle et descendent des camions.
La culture du travail
Regardons cela de plus près…
C’est la « culture du travail » qui a fait de l’Amérique une telle puissance. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, en Amérique, on a donné la possibilité aux prisonniers de guerre allemands de travailler dans des exploitations agricoles. Après la guerre, certains ont choisi de rester. L’un deux l’a expliqué ainsi : « Ici, je peux travailler autant que je veux. »
A présent… il semblerait que de moins en moins de personnes aiment travailler.
Rappelez-vous notre explication du déclin des Etats-Unis. Chaque société possède son élite. Le gouvernement ne représente jamais « la totalité d’entre nous » mais « certains d’entre nous ». Il y a ceux qui gouvernent et ceux qui sont mal gouvernés. Naturellement, les gens ambitieux visent les sièges confortables du premier rang.
« Si tu continues à avoir ce genre de notes », disent les mères à leurs enfants, « tu finiras comme ton père, à poser des briques. »
Le métier de maçon est tout à fait honorable. Il apporte de la richesse réelle au monde. N’importe qui peut le faire, en théorie. Mais le faire correctement exige une compétence réelle, que l’on apprend en pratiquant. On commence comme manœuvre, chargé de la préparation du mortier. Ensuite, on assiste ici et là. Puis, quand le patron cesse de vous taper sur les doigts, vous pouvez dire que vous êtes maçon.
Mais les jeunes d’aujourd’hui ont d’autres opportunités. Et, grâce aux aides gouvernementales, ils disposent d’une longueur de corde extraordinaire pour se pendre.
Au lieu d’être payé pour apprendre la menuiserie, la maçonnerie, l’hôtellerie, la boulangerie ou des dizaines d’autres métiers utiles, un jeune souscrit des prêts étudiants et obtient un diplôme de « management » ou de « communication » ou de « gestion ».
Ensuite, il peut prendre sa place parmi les gens qui travaillent sans salir leurs vêtements, pour rembourser au fil du temps sa dette étudiante, ses cartes de crédit, ses prêts immobiliers, ses crédits auto et une part de la dette nationale américaine.
Il ne fera peut-être jamais partie de l’élite, ni même des vrais « décideurs », mais il pourra tout de même garder la tête haute et se sentir bien dans sa peau. Ses parents seront fiers de lui.
Calés sur des sièges
En outre, quand une société devient plus régulée et contrôlée, il faut de plus en plus d’individus souhaitant appartenir à l’élite pour la « gérer ». Même si le nombre d’étudiants et d’enseignants reste plus ou moins régulier, par exemple, le nombre « d’éducateurs » ou « d’administrateurs » grimpe.
Et il faut également davantage de fessiers calés sur les sièges du secteur médical. Là encore, même si le nombre de médecins et de personnels infirmiers reste relativement stable (beaucoup viennent de l’étranger, aux Etats-Unis), quelqu’un doit leur dire comment traiter leurs patients. Et il faut beaucoup plus d’intermédiaires pour maîtriser les formalités administratives complexes et les règles obscures de Medicaid, Medicare et l’Obama Care, systèmes auxquels près de la moitié des Américains adhèrent actuellement.
Les CDC (NDLR : Centers for Disease Control and prevention, centres pour le contrôle et la prévention des maladies) doivent suivre ceux qui sont vaccinés et ceux qui ne le sont pas.
La Small Business Administration (département en charge des petites entreprises) doit savoir qui (une bonne partie de l’élite, à tous les coups) a obtenu un prêt PPP [NDLR : un type de prêt mis en place pendant la crise du Covid pour maintenir la masse salariale].
La SEC doit poursuivre quelqu’un pour délit d’initié. Le FBI doit arrêter des criminels… et tendre des pièges à ses cibles politiques. La CIA doit fournir des « renseignements » pour justifier un surcroit de dépenses consacrées à la « défense ».
Et c’est ainsi que les rouages tournent. Mais de plus en plus lentement. La gestion intermédiaire les bloque.
Même les éléments superflus doivent être graissés, entretenus, connectés à des vilebrequins et des volants d’inertie. Certains sont froids et immobiles, comme une voiture rouillée… d’autres sont chauds, jeunes et en mouvement, mais sans raison apparente.
Dans le carter… dans la transmission… il faut faire tourner d’autres engrenages encore… d’autres pièces doivent être huilées. Mais aucune d’elles ne fournit de force motrice. Aucune traction. Aucune propulsion.
Ce sont des « parasites », au sein de l’économie, qui doivent être payés… dont les besoins médicaux doivent être satisfaits… dont les retraites doivent être financées.
Et qui votent pour des candidats jurant devant Dieu qu’ils ne laisseront jamais les taux d’intérêt augmenter.
A suivre…