Nous l’avions dit en début de crise, et les faits nous donnent raison à ce jour : la « gestion par les bulles » mise en place par les autorités n’est pas remise en question.
Dès les premiers jours de la tourmente boursière, mi-mars, j’ai pris une position claire, tranchée et sans nuance : non, la bulle n’a pas éclaté, non, « le tout en bulle » n’est pas fini.
Ce n’était pas un pronostic, c’était un constat analytique.
J’ai pu le faire parce que j’ai depuis longtemps décortiqué les articulations organiques qui permettaient la gestion des crises par le remède de la fabrication de bulles.
Cette succession de bulles est un mode de gestion ; voilà ce qu’il faut assimiler.
L’issue fatale des bulles n’est pas dépendante de leur taille – il n’y a pas de limite. Non, l’issue des bulles repose sur son socle : la demande de bons du Trésor US et de fonds d’Etat de bonne qualité comme les Bunds allemands et les bons japonais. Tant que la demande de monnaie restera forte – c’est-à-dire tant que l’inflation des prix et des revenus ne se manifestera pas, on pourra jouer aux « bulles ».
Pourquoi nous avons eu raison
Les marchés avaient chuté de plus de 20% ; des milliers de milliards étaient partis au paradis de la monnaie… mais j’ai tenu bon et j’ai pris la peine d’expliquer les points suivants :
1) La bulle mère de toutes les bulles, celle qui fait fonctionner le système des bulles, c’est la bulle des fonds d’Etat – et singulièrement celle des Treasuries américains. Si cette bulle tient bon, si elle résiste, alors on va s’en servir pour regonfler les autres. J’ai eu raison : la mécanique, la pompe a continué de fonctionner et c’est reparti.
2) L’état d’esprit bullaire – l’humeur bullaire qui est aussi importante que la mécanique – est resté inchangé : les opérateurs et investisseurs ont continué de raisonner en fonction du paradigme ancien du risk-on et du risk-off ; l’argent n’est pas sorti des marchés, il y est resté piégé.
3) Il n’y a aucun acteur « rogue » pour précipiter l’éclatement volontaire et cynique de la bulle et du « tout en bulle ». La Chine est dans la même situation que les Etats-Unis et elle a besoin de reflater, donc elle va jouer le jeu. C’est bien le cas. La concertation a fonctionné. Il n’y aucun Soros, à l’échelle mondiale, qui ait les reins assez solides pour en appeler du bluff des autorités.
4) La situation des émergents endettés en dollars est favorable à une demande élevée de dollars pour des raisons techniques. Par conséquent, il n’y a pas de doute ou de fuite sur le dollar – ce qui permet à la Fed d’en créer autant qu’elle le juge nécessaire. C’est un point essentiel, car pour regonfler la bulle il est nécessaire dans un premier temps que la demande de dollars soit forte.
5) L’ensemble européen est encore plus mal en point que les émergents, avec une désunion patente et mortifère – ce qui fait que la demande d’euros ne peut pas mettre en danger le dollar et faire ressortir sa fragilité.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]