Les cours boursiers sont aussi déséquilibrés que le reste du système – et la meilleure illustration est Tesla, qui souffre sur son propre marché, derrière Volkswagen et Renault.
Nous le disons souvent : lorsque la monnaie se déséquilibre, le reste suit… y compris les cours boursiers. Durant la bulle de 1999, c’était les actions dot-com. Durant la bulle de 2007, c’était les sociétés de finance hypothécaire.
Et maintenant ?
Plusieurs secteurs – pharma, services internet – mènent la danse.
Concentrons-nous aujourd’hui sur une entreprise particulièrement tape-à-l’œil – Tesla. Récemment, des ailes ont poussé au constructeur automobile.
Tesla produit des véhicules électriques. Sa marge est déterminée par la différence entre le coût de production des véhicules et l’argent que la société encaisse grâce à ses ventes et services – actuellement, environ 6 cents par dollar de revenus. Son avenir dépend principalement du nombre de voitures qu’elle peut vendre.
Sa valorisation boursière actuelle suggère (avec un multiple moyen de 12 environ) que l’entreprise devrait générer 600 Mds$ de ventes pour justifier le cours actuel de son action.
Voyons voir… il se vend quelque 90 millions de véhicules dans le monde entier chaque année… pour environ 1 800 Mds$ de revenus.
Un tiers des ventes
Tesla va-t-elle vraiment vendre un tiers de voitures dans le monde ? Vaut-elle vraiment plus de 500 Mds$ – plus que tous les autres grands constructeurs pris ensemble ? Elon Musk a-t-il vraiment gagné une fortune de 139 Mds$ ?
Goldman Sachs a fixé un nouvel objectif de cours pour Tesla – à plus de 700 Mds$. A ce prix, un investisseur comptant sur les revenus nets actuels pour rentrer dans ses frais attendra plus de 1 000 ans.
Mais attendez…
Ce n’est pas comme si Tesla avait le monopole des véhicules électriques (VE). D’autres entreprises en construisent. Elles ont un réseau de vendeurs plus étendu… plus de garages et de concessions… et les poches plus profondes.
Tesla avait l’avantage d’être le « premier venu ». Qu’est-ce que cela vaut dans le monde très compétitif des ventes automobiles ? Nous n’en savons rien.
Mais des nouvelles inquiétantes nous viennent du front européen. Là-bas, les grands constructeurs volent déjà des places de parking à Tesla. De Forbes :
« En octobre, l’ID.3 de Volkswagen a dépassé à la fois Tesla et Renault, devenant la voiture électrique qui se vend le mieux en Europe.
Elle a même pris de la vitesse, engrangeant les meilleures ventes toutes voitures confondues en Norvège, aux Pays-Bas et en Irlande, et prenant plus de 19% de parts de marché globales en Norvège.
La Zoe de Renault était en tête des ventes de VE durant la majeure partie de 2020, mais elle a été dépassée par la hausse de la Volkswagen ID.3, la chaîne de production de l’usine de Zwickau fonctionnant à pleine capacité.
L’information choc, c’est le fait que le chouchou des investisseurs en VE, Tesla, a complètement disparu du Top 10 des VE en Europe pendant tout le mois. »
Au pays des fantasmes
Un mois ne fait pas toute une année. Mais les principaux vendeurs de VE n’ont pas seulement dépassé Tesla en Europe en octobre. Ils lui ont fait mordre la poussière… avec 35 fois plus de ventes que TSLA.
Or Tesla n’est qu’une seule des nombreuses actions dont les valorisations tiennent du pur fantasme. Les moyennes sont à leur niveau le plus élevé depuis… eh bien, depuis leur dernier séjour au pays des fantasmes, en 1999 ou en 2007.
Il semble peu probable que M. le Marché ramène les prix au pays des fantasmes de 1999 et 2007… sans vouloir aussi une redite des krachs de 2000 et 2008.
Que vaudra Tesla à ce moment-là ?