Les taux d’intérêt pourraient-il repartir brutalement à la hausse ? Oui, si l’on en croit l’Histoire – et les banquiers centraux seront impuissants.
Nous tenons pour acquis le subtil pilotage des taux d’intérêt des banquiers centraux et le fait que la normalisation qui commence aux Etats-Unis et même en Europe sera une douce transition d’un monde de taux bas vers un monde de taux « normaux ».
Mais comme vous le savez, les grands planificateurs centraux réussissent rarement. Plus exactement, leurs échecs retentissants émaillent l’histoire.
Les taux d’intérêt pourraient-ils échapper au contrôle de Janet Yellen, James Powell, Mario Draghi et autres ?
L’or a démarré une reprise « en douce, » faisant plus de 10% de gains sur l’année… rivalisant avec le CAC 40 !
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« Oui ! », répond le blog « Bank Underground ». Ce blog de libre expression tenu par les employés de la Banque d’Angleterre conteste ou soutient les théories ou politiques monétaires du moment.
Un article posté le 6 novembre monte qu’historiquement, les sorties d’une période de taux d’intérêt déprimés sont brutales.
Vous trouverez dans cet article un graphique intéressant sur l’évolution des taux d’intérêt « sans risque » depuis 1311 !
Pour la petite histoire, les prêts « sans risque » sont ceux consentis aux villes, princes et souverains : cités italiennes aux XIVème et XVème siècles, puis l’Espagne et la Hollande au XVIème et XVIIème siècles, le Royaume-Uni à partir de 1703 puis l’Allemagne et enfin les Etats-Unis.
Les bandes verticales bleu-ciel de ce graphique indiquent les périodes de « dépression des taux d’intérêt réels » similaires à la période que nous traversons.
Deux remarques de ma part et qui ne figurent pas dans l’article :
- Les taux d’intérêt « sans risque » ne sont pas à risque nul comme en témoignent de nombreuses faillites royales, notamment celles de Philippe II d’Espagne en 1557 et 1575, pour ne citer qu’elles.
- La fin des accords de Brettton Woods en décembre 1971 marque l’entrée dans un système monétaire de crédit pur ou la monnaie n’a plus de support tangible (or ou argent) et où les taux d’intérêt sont « pilotés ». Visuellement vous pouvez constater la différence avec les siècles précédents.
Le pic de 1400 correspond au « risque géopolitique » maximal : chute de Constantinople et main-mise par les Ottomans sur les mines d’argent.
Visiblement, la Révolution française, les guerres de l’empire et deux guerres mondiales ne furent que petite bière en comparaison de la prise de Constantinople.
Mais revenons à aujourd’hui et maintenant.
La conclusion de cette étude (dont je vous recommande chaleureusement la lecture si vous êtes à l’aise avec l’anglais) : les retournements de taux d’intérêt se produisent rapidement et nous pas doucement.
« Dans les 24 mois après avoir touché leur plus bas dans un cycle de dépression des taux d’intérêt réels, les taux remontent en moyenne de 315 points de base (1). Dans deux cas de retournement, les taux d’intérêt réels se sont appréciés de plus de 600 points de base en deux ans (2).
D’une façon générale, des preuves historiques solides soutiennent la récente assertion d’Alan Greenspan selon laquelle les taux d’intérêt réels remonteront ‘relativement vite’ une fois que la tendance se sera retournée ».
Concrètement, dans notre douce France dont la dette publique s’élève à près de 2 000 Mds€, cela veut dire que les intérêts de la dette triplent (dans le meilleur des cas) en moins de deux ans.
La charge de la dette est de 41 Mds€.
Cette charge passe à 120 Mds€ en deux ans.
Par comparaison, les recettes de l’impôt sur le revenu sont de 78 Mds€.
La ligne « économies complémentaires actions publiques » du budget national 2018 (3) prévoit 0 en 2018 , 0 en 2019 et 4,5 Mds€ en 2020.
Je ne vous fais pas un dessin…
1- + 3,15%
2- + 6%
3 – page 10 premier tableau : https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/farandole/ressources/2018/pap/pdf/PLF2018.pdf