Début septembre, Frederic Mishkin, un gouverneur de la Fed, a estimé que les prix de l’immobilier pourraient chuter de 20% d’ici la fin 2008, et que cela pourrait coûter jusqu’à 1,5% au PIB US sur les trois prochaines années. Cela ne nous semble pas beaucoup — pas assez pour s’inquiéter, en tout cas. Mais Mishkin s’est senti comme un passager sur le Titanic ; il voulait trouver les canots de sauvetage.
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Aïe aïe aïe… et le dollar est passé sous les 1,44/euro. Mais qui s’en soucie ? Les experts nous disent que la baisse du dollar simplifie la vie des exportateurs américains. Les entreprises US vont prospérer, disent-ils. On s’attend à ce que la Fed favorise les exportateurs américains, cette semaine. Bon nombre d’analystes parient que les taux seront réduits d’un quart de point supplémentaire. Bernanke s’inquiète bien plus des problèmes de l’immobilier, disent-ils, que de la chute du dollar. Ils ont sûrement raison. Personne ne semble particulièrement inquiet du déclin du billet vert.
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Malgré les inquiétudes sur la consommation intérieure américaine, les investisseurs n’ont pas manqué de noter que les exportations, aidées par la faiblesse du dollar, sont devenues plus gaillardes. Il est peu probable que les Américains veuillent un dollar plus fort dans les mois qui viennent. En effet, la faiblesse de leur monnaie, avantageant les exportations, leur permet d’amortir le choc du ralentissement de leur croissance — qui se fera ainsi en douceur. La croissance mondiale restant assez forte pour leur permettre de passer ce cap difficile et pouvoir repartir ensuite.
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Nous sommes en Allemagne pour fêter le 50ème anniversaire d’un ami. C’est le "Warren Buffett de Bonn", déclare la presse locale. La fête a commencé le matin par un toast au champagne… et s’est terminée en fin d’après-midi par une croisière sur le Rhin. Tandis que nous naviguions sur le fleuve, une pensée nous a frappé : a quel point Warren Buffett a-t-il réussi, en fin de compte ? Nous y revenons dans quelques lignes. En revenant d’Argentine, nous avons ouvert les journaux. Nous nous sommes connecté sur internet. Nous avons regardé ce qui s’était passé dans le monde de la finance. Pas grand’chose. Les actions ont rebondi. Le dollar a chuté. L’or a grimpé.
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"Permettez-moi de souligner l’ironie de la situation", a déclaré Guido Mantegna, ministre des finances brésilien, aux journalistes lors d’un récent pow-wow mondial… "Des pays qui étaient des références en termes de bonne gouvernance, de modèles et de codes pour le système financier" sont désormais des nations où les problèmes menacent de couler la prospérité mondiale. Mais qui donc pouvait-il avoir en tête ? Pas les Etats-Unis, tout de même… le pays qui, depuis 20 ans, pointe un doigt réprobateur sur toutes les économies boiteuses de la planète ?
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Ces cinq dernières années, l’Américain moyen a vu sa richesse s’accroître uniquement parce que le prix de sa maison grimpait. A présent, même cela disparaît. Et malheureusement pour lui… et pour l’économie US en général… il a déjà dépensé la richesse qui est en train de disparaître. Chaque année, la valeur "retirée" des maisons par le biais de prêts hypothécaires a grimpé… jusqu’à atteindre un sommet en 2005/2006. Les dépenses de consommation ont grimpé aussi — nourrissant la croissance du PIB des Etats-Unis
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L’approche de la Toussaint/Halloween, peut-être ? En tout cas, des fantômes baissiers semble revenir hanter les marchés — comme le disait le Guardian ce matin : "les prix des actions s’effondrent à Londres, dans un étrange écho du krach du Lundi Noir, en octobre 1987". Il n’y a pas qu’à Londres, que les actions chutent… et ce n’est pas réservé au lundi. La journée a été catastrophique vendredi, suite à de mauvais résultats trimestriels — et une semaine généralement triste du point de vue des statistiques économiques.
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Fut un temps ou le capitalisme à l’américaine ressemblait à un combat à mains nues — un match de boxe thaï où les compétiteurs se frappaient mutuellement jusqu’à ce qu’un vainqueur émerge. Mais le capitalisme à l’américaine moderne ressemble plus à un atelier d’arts plastiques dans l’une des luxueuses écoles maternelles de Manhattan. Toutes les créations "artistiques" des enfants dorlotés — peu importe qu’elles soient ineptes ou laides — attirent les félicitations de la maîtresse d’école. En fait, le moindre grognement justifie des louanges… et le moindre bobo fait apparaître un sparadrap.
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Nous avons assisté ce jeudi à un scénario boursier constituant le parfait symétrique de celui observé la veille : une banque américaine (JP Morgan) avait dévoilé mercredi des trimestriels supérieurs aux estimations (une divine surprise en ces temps de crise du subprime !). Cela avait fait bondir le CAC 40 de 0,2% à 0,8% en quelques minutes peu après 13h… Or ce jeudi, l’annonce d’une chute de 32% des profits de Bank of America a fait dévisser le CAC 40 de -0,2% vers -0,9% en moins d’un quart d’heure (peu après 13h10).
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Aujourd’hui, un dollar permet d’acheter moins d’une demi-livre sterling, et pas même les trois quarts d’un euro. Le billet vert bien-aimé chute par rapport aux principales devises, atteignant de nouveaux sommets quasiment chaque semaine. – Et les choses ne s’arrêtent pas là. En fait, impossible de dire où elles s’arrêteront. Nous penchons pour un arrêt brutal lorsque le dollar atteindra sa valeur intrinsèque — c’est-à-dire la valeur du papier sur lequel il est imprimé.
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En dépit des problèmes de l’immobilier, la plupart des Américains se sentent plutôt gras et insolents. Le niveau de vie — selon les standards actuels, du moins — a grimpé en flèche ces 30 dernières années. En 1950, une nouvelle maison faisait en moyenne 102m2. A présent, elle atteint en moyenne plus de 220m2 — alors que les familles sont beaucoup plus petites. Dans les années 50, la famille typique n’avait qu’une seule voiture. A présent, les garages en sont pleins. Et bien entendu, il y a également la clim’, des jacuzzis, des télévisions grand écran et tous les autres gadgets de la vie moderne.
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La chute du dollar n’est pas là simplement pour amuser les spéculateurs. Le dollar, c’est la devise dans laquelle quasiment tous les espoirs et les rêves des Américains sont calibrés. Si une maison vaut 300 000 $… ces 300 000 morceaux de papier peuvent représenter toute une vie d’efforts passés… ainsi que tous les espoirs de repos futur. Retraites, assurances-vie, portefeuilles boursiers, obligations… Tout ce que les Américains gagnent et tout ce qu’ils dépensent — quasiment tout est en dollars.
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C’est la fin du monde tel que nous le connaissons… et tout va bien ! L’Inde est en plein boom. La Chine est en plein boom. Les dernières nouvelles de l’Empire du Milieu montrent que son excédent commercial grimpe au taux annuel de 56%. Même l’Argentine est en plein boom. Depuis cinq ans, son économie se développe trois fois plus rapidement que le modèle US.
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Il y a 60 ans environ, pour rester à flot aux Etats-Unis, il fallait épargner un dollar ou deux. Aujourd’hui, il faut… emprunter un dollar ou deux. – Chaque jour qui passe, les Américains ajoutent 2,43 milliards de dollars à leur dette nationale record — et le dollar continue de décliner. – Et que font les Américains ?
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Nous passons des journées agréables à Buenos Aires, à bavarder avec de vieux amis. Les Américains sont heureux, ici ; l’Argentine est l’un des rares pays où le dollar ne baisse pas. Vous allez au restaurant et vous êtes agréablement surpris, plutôt que déprimé, comme vous pouvez l’être à Londres ou Paris. Comment se fait-il que le dollar et le peso aillent de concert ? C’est en partie parce que le gouvernement Kirchner contrôle le taux de change peso/dollar — en essayant de maintenir le dollar aux environs des 3,15 pesos. Et en partie parce qu’au nord du Rio Grande et au sud du Rio Plata, les deux gouvernements détruisent leurs devises à peu près au même rythme.
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Nous assistons à une dernière charge désespérée du Capitalisme mûr et dégénéré… Le Dow a atteint un nouveau sommet historique cette semaine. Tout ce qui a un prix semble grimper — le pétrole a re-dépassé les 80 $… et l’or a grimpé. Cela peut sembler de bonnes nouvelles — du moins pour tous ceux qui souhaitent une série de prix haussiers. La "flation" qui commence par "in" a une longueur d’avance sur celle qui commence par "dé". Cela signifie que le dollar baisse. Et lorsqu’il baisse, il permet d’acheter moins d’actions, moins de pétrole… et moins de nourriture.
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En Bourse, c’est un peu pareil : une fois que l’on a doublé la mise à Hong-Kong en deux ans, triplé la mise en un an à Shanghai, il n’y a plus qu’à ramasser ses jetons et partir en quête d’une nouvelle bulle… et beaucoup de rédacteurs de la Chronique anticipent que ce sera celle du métal précieux puis des mines d’or. Mais la spéculation se montre toujours réticente à jeter son dévolu sur un support qui grimpe pour de bonnes raisons : il est plus difficile d’y orchestrer une spirale haussière car c’est un marché de connaisseurs… alors que pour que les cours s’envolent sans retenue, il faut beaucoup de naïveté, d’exubérance irrationnelle et de réflexes moutonniers.
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Si la crise du crédit est réellement terminée, comme le pensent Ben Bernanke et tous les autres experts financiers des Etats-Unis (et du monde en général), comment se fait-il que nous, pauvres amateurs, avons le sentiment que la crise ne fait que commencer ? Qu’est-ce qui ne va pas chez nous ? Quel manque de talent, d’expérience et/ou d’éducation nous empêche, simples amateurs, de percevoir la vitalité économique au milieu d’une stagnation totale ?… Ou d’apprécier les miraculeux pouvoirs guérisseurs d’une réduction d’un demi pour-cent des taux d’intérêt ?… Ou de reconnaître les nouveaux sommets boursiers comme le signe indubitable que tout va bien ?