▪ La semaine dernière, l’Espagne et l’Italie ont pu se délester de 22 milliards d’euros de dettes. Cela a rassuré les investisseurs. Les journaux ont rapporté que le calme et la confiance sont revenus sur les marchés. Les prêteurs et les emprunteurs ont respiré avec plus de facilité. Les banquiers se sont détendus un peu.
Apparemment, aucune grande banque en Europe n’était à ce point sous l’eau que la Banque centrale européenne ne puisse la ramener à la surface. Aucune n’avait ses poumons à ce point remplis de dettes douteuses que la BCE ne puisse y réinsuffler la vie.
Puis S&P a abaissé la note de la dette de plusieurs pays européens. Cela a eu pour effet de jeter également le doute sur la dette du Fonds européen de stabilisation financière (FESF). Soudain, l’Europe perdait pied à nouveau.
Mario Draghi, président de la BCE, s’est ensuite posé la question de savoir si les notations avaient une valeur. Après tout, il avait octroyé aux banques 489 milliards d’euros en décembre. Un manque de liquidités n’était plus à envisager. Alors, qu’est-ce qui pourrait les gêner ?
C’est ce que nous nous proposons de voir.
La BCE est dans une démarche de détente de ses conditions de contre-partie. Dorénavant, la banque prêtera en échange de vieilles voitures et de pain rassis. Mais Draghi a fait comprendre qu’il n’avait pas l’intention de suivre la Fed américaine sur son chemin irresponsable « d’assouplissement quantitatif ».
Au lieu d’acheter les obligations directement, il s’associera avec les banques pour escroquer le monde : la BCE prétendra contrôler la situation et les banques prétendront être solvables.
La prétention des finances publiques modernes repose sur le fait que les gens ayant de bonnes compétences politiques sont plus à même que le marché de décider quelles banques sont solvables. Le « capitalisme brut » est selon eux trop impulsif. Il prend des décisions hâtives, jetant souvent le bébé, voire la baignoire, avec l’eau du bain. Par comparaison, les bureaucrates, plus avisés, gardent leur sang-froid, même en pleine crise.
Le Financial Times publie une série d’articles intitulée « La crise du capitalisme ». Le journal affirme que le capitalisme doit être placé sous la surveillance d’un adulte. Ainsi, Samuel Brittan affirme qu’il « nécessite… la mise en oeuvre d’une politique fiscale et monétaire »… afin de continuer à faire ce qu’il est censé faire. C’est-à-dire, selon lui, « un moyen vers la liberté et la prospérité, pas une fin en soi ».
Nous ne sommes d’accord avec aucun de ces deux points. Le capitalisme pourrait prendre encore moins en considération la prospérité ou la pauvreté des gens. De même pour la politique monétaire et fiscale… Il suppose qu’on a réglé le point central, celui-là même qui pose problème — savoir si la planification centralisée par des bureaucrates améliore les résultats des marchés.
Il y a quelques jours, la Réserve fédérale américaine a aidé à dissiper le doute que nous n’avons jamais eu. Elle a publié les enregistrements de ses discussions internes tenues en 2006, lorsque la bulle immobilière et financière américaine atteignait son pic. On tient la preuve que les responsables de la Fed ne s’en sont jamais rendu compte, même au moment des faits.
En lisant le New York Times, nous découvrons que « les responsables de la Réserve fédérale se sont émerveillés devant les singeries désespérées des constructeurs immobiliers cherchant à attirer par la ruse les acheteurs. Les responsables se sont moqués des voitures que les constructeurs offraient comme primes à la signature et des efforts déployés pour faire en sorte que des maisons vides semblent occupées.
Ils ont plaisanté à propos d’un constructeur qui a déclaré que les stocks ‘atteignaient le plafond’.
» Mais les responsables — qui se réunissent toutes les six semaines pour discuter de la santé économique du pays — ont prêté peu de crédit à la possibilité que le marché immobilier en difficulté pèserait sur l’ensemble de l’économie… A la place, ils ont continué à se convaincre les uns les autres tout au long de l’année 2006 que le plus grand danger était l’inflation — la possibilité d’une croissance trop rapide de l’économie ».
Alors que les autorités américaines n’ont pas pu repérer une crise, les responsables européens en créaient activement une. Draghi est un vétéran de la Banque mondiale, du Trésor italien et de Goldman Sachs. Il travaillait à Rome tandis que l’Italie contractait la dette qu’elle trouve aujourd’hui si difficile à rembourser.
Christine Lagarde, aujourd’hui à la tête du FMI, a été ministre des Finances de l’Etat français de 2007 à 2010 — période au cours de laquelle la France a augmenté sa dette publique d’environ 50%. Etudiez n’importe quelle scène de crime financière de ces 20 dernières années : vous y trouverez leurs traces et celles de toute la confrérie des cancres des administrations qui déclare à présent qu’elle répare le système.
Ce sont ces gens-là qui ont amené l’Europe… et le monde… au bord de la catastrophe financière. Et aujourd’hui ils président encore plus de modifications monétaires et fiscales, plus de contrôles, plus de régulations et plus de stress tests.
Plus vraisemblablement, les principales institutions financières… ainsi que la plupart des nations souveraines du monde développé… sont déjà insolvables. Nous disons « plus vraisemblablement » parce que personne ne peut réellement savoir. La solvabilité réelle — comme la valeur du nantissement de la BCE — n’est pas évaluée par des estimations sérieuses, par des stress tests simulés ou par des bureaucrates. Elle est déterminée par les stress tests réels du marché.
Personne ne sait vraiment quelle est la valeur réelle d’une chose — en particulier ce que valent des institutions financières avec des avoirs complexes et des business models abscons. Pas même leurs propriétaires. C’est ainsi qu’en 2008, des comptables ont dû interrompre Jimmy Cayne, PDG de Bear Stearns, au cours d’un tournoi de bridge pour lui annoncer que son entreprise était en faillite.
L’insolvabilité, c’est comme la mort. Lorsque les conditions changent, l’espérance de vie aussi. Vous découvrez qu’une entreprise est en faillite en la testant.
Un exemple : nous avons vu ce que valaient les banques dans des conditions de crédit bienveillantes qui ont prévalu jusqu’en 2007. Puis, les conditions de marché ont changé. Avec le stress test du nouveau challenge du marché, Bear Stearns et Lehman Brothers sont mortes.
Résultat : les investisseurs se sont mis à douter des autres. Mais au lieu de permettre au processus de continuer son chemin, les autorités américaines ont mis fin au test.
Quel dommage ! Nous ne savons pas quelle banque… ou quelle nation… est insolvable. Le plus vraisemblable est qu’elles le sont toutes.
[NDLR : Inquiet, notre spécialiste Mory Doré a décidé de faire passer aux plus grandes compagnies d’assurance françaises toute une batterie de stress tests. Les résultats sont formels : la situation est grave. N’hésitez pas à parcourir ses conclusions car votre propre contrat d’assurance pourrait être en danger.]
1 commentaire
je me permets d’écrire la chose suivante, et pourquoi ne pas faire comme L’Islande? foutre ces banques qui spéculent dehors!!!!!!!!!c’est encore nous qui allons payer……La bce a débloqué, je dirai même mieux fait tourner la planche à billets!!!!!!!!Ce qui va occasionner un huper inflation!!!!!!!!C’est un monde de subir les malversations de quelques politiques et leur incapacité, il y aurait aussi une chose à faire qui semble être primordiale, REDUIRE LES DEPENSES PUBLIQUES ET LES HAUTS SALAIRES DE CES MESSIEURS AINSI QUE LEURS PRIVILEGES!!!!!!!!!!