** La planète court le risque d’un "krach mondial des actions et du crédit", déclare la Royal Bank of Scotland.
* Une période "très désagréable" pourrait s’annoncer, continue-t-elle. Morgan Stanley avertit aussi qu’un "événement catastrophique" pourrait arriver, causé par la collision entre la politique monétaire dure de l’Europe et celle, souple, des Etats-Unis.
* La hausse de l’inflation partout dans le monde met la Fed sous pression pour augmenter les taux. Une telle augmentation, dans une économie où le chômage grimpe et où les prix des maisons chutent, pourrait être désastreuse.
* D’un autre côté, ne pas augmenter les taux pourrait provoquer un désastre aussi. Cela pourrait provoquer l’effondrement du dollar à mesure que les prix grimpent en flèche.
* Dans les bureaux de la Chronique Agora, notre drapeau d’Alerte au Krach flotte depuis si longtemps qu’il est presque en lambeaux. Nous ne nous donnons même plus la peine de le regarder. Nous savons quoi faire — garder notre argent en liquidités… en or… au Japon… et, ces derniers temps, dans les marchés émergents.
* Mais le meilleur placement pour votre argent, depuis 12 mois, c’est l’énergie. Les valeurs énergétiques du S&P 500 ont grimpé de 20% environ. Le pire endroit pour investir a été le secteur financier, qui a baissé de 36% environ. L’indice bancaire BKX était à 110 l’an dernier. A présent, il est sous les 65, en baisse de 40% environ.
* La Fed mène une guerre sans pitié contre la déflation… et la perd. Son argent bon marché et son crédit facile ne semblent plus être d’une grande utilité à ses potes sur Wall Street ou à M. Tout-le-Monde partout aux Etats-Unis. Au lieu de cela, l’argent fait grimper les prix à la consommation… et finit entre les mains des exportateurs d’énergie — la Russie, le Venezuela et les pays du Golfe. Le Financial Times rapport qu’on trouve 15 fois plus de maisons US à vendre qu’on ne trouve d’acheteurs qui en cherchent. Et à présent, il semble que la stimulation très temporaire donnée à l’économie US par les baisses d’impôts soit en train de s’effacer.
* Mais on a rarement ce qu’on attend, de la part des marchés financiers ; on a ce qu’on mérite.
* Et le secteur de la finance obtient ce qu’il mérite. Les grands pontes ont gagné des fortunes en chargeant tout le pays de dettes. Ils encaissent enfin des pertes.
* Cela mérite de faire une petite pause. Stephen Cecchetti, qui écrit dans le Financial Times, affirme que les innovations de Wall Street ces 20 dernières années étaient géniales, dans le sens où elles ont aidé à causer "la Grande Modération". Il fait allusion à la période de croissance constante, avec moins de volatilité. La clé était la titrisation, dit-il. En transformant les prêts en titres adossés au crédit, l’industrie financière ne s’est pas seulement rendu un immense service, elle a également aidé le monde entier, pense-t-il.
* Comment ça ?
* "Non seulement la quantité globale de financement a augmenté, mais ces innovations ont également permis aux emprunteurs à haut risque d’accéder au financement… Il y a clairement le sentiment que l’innovation financière a permis de réduire la relation autrefois directe entre la consommation et le revenu".
* M. Cecchetti, professeur de finance, considère ce crédit supplémentaire comme un triomphe. Nous le voyons comme des ennuis très attrayants. Tout comme une grenade dans une école maternelle, les enfants ne peuvent que jouer avec… jusqu’à ce qu’elle explose.
* En 1985, on ne trouvait que 1 600 milliards de dollars de prêts immobiliers aux Etats-Unis. Et seuls 500 milliards d’entre eux se trouvaient dans des bassins utilisés pour adosser des titres. Vingt ans plus tard, la dette hypothécaire totale frôle les 10 000 milliards de dollars, dont 7 500 milliards sont titrisés.
* A nouveau, le professeur considère cela comme une victoire… mais c’est une victoire bien amère. Les innovations financières de ces 20 dernières années ont poussé les Américains à s’enfoncer profondément dans un territoire dangereux — augmentant leurs dépenses alors que leurs revenus stagnaient. Cela a "lissé" la croissance dans l’économie mondiale. Les économistes adoraient ça. Mais il n’a pas fallu longtemps avant que le consommateur US ne s’effondre — blessé par un excès de dette.
* La banque centrale américaine tente de venir à son secours… mais lorsque la cavalerie finit par arriver, elle lui galope littéralement dessus.
* Ce dont l’économie américaine a désespérément besoin, et qu’elle mérite amplement, c’est un ralentissement. Les gens ont trop emprunté… et dépensé trop librement. A présent, ils doivent réduire leur niveau de vie et rembourser leurs dettes. Plus vite ils s’acquitteront de ces corvées, mieux ils se porteront. Bien entendu, ce ne sera pas facile, ni sans douleur — mais cela leur donnera une base solide pour repartir.
* Pourtant, la Fed fait tout ce qu’elle peut pour éviter un ralentissement. Voilà pourquoi le taux directeur de la Fed est à un rendement réel NEGATIF de 2,2%. Et voilà pourquoi, lorsqu’on met son argent dans un fonds monétaire en dollar, on obtient un rendement de moins de la moitié du taux d’inflation à la consommation. Les taux bas découragent les Américains de faire ce qu’ils devraient faire — épargner de l’argent plutôt que le dépenser.
* En général, la "phase de regret" du cycle financier a ses propres récompenses. On trouve moins de voitures sur la route… et il est plus simple d’obtenir une table dans un grand restaurant. Et lorsque les gens commencent à réduire leurs dépenses, cela provoque une baisse des prix à la consommation. Mais ça, c’était au bon vieux temps. A présent, l’économie est mondiale, et la Fed US ne peut plus contrôler l’inflation. Les prix ne sont plus fixés par les 300 millions de consommateurs américains… mais par les trois milliards de consommateurs asiatiques.
** Nous avons expliqué tout cela à de nombreuses reprises. Aujourd’hui, nous ajoutons une nuance. Le "découplage" n’est pas un fait ; c’est juste une idée. Les Etats-Unis d’Amérique sont toujours le plus grand consommateur au monde ; à mesure qu’ils ralentissent, cela ne pourra qu’avoir un effet sur les marchés mondiaux. La Chine vend toujours 60% de sa production à des acheteurs étrangers. Et les prix sont toujours fixés à la marge. Attention à la chute du prix du pétrole… et de l’alimentaire.
* Et l’or ? Lui aussi chutera peut-être. Mais le pétrole et la nourriture sont des biens de consommation. Ils répondent aux lois de l’offre et de la demande, ainsi qu’à des déclics monétaires. L’or est, fondamentalement, une forme de monnaie. Il est bien moins sensible aux cycles économiques… et bien plus sensible aux cycles monétaires… que le pétrole ou la nourriture.
* Où que nous soyons dans le cycle des matières premières — et nous n’en avons aucune idée — nous sommes probablement bien loin du sommet du cycle de l’or.