Des déficits de plusieurs milliards de dollars, une guerre imminente, une politique épouvantable et la route vers Buenos Aires…
Depuis longtemps, à La Chronique Agora, nous pensons que les Etats-Unis suivront l’Argentine sur le chemin de la ruine, avec des niveaux élevés de corruption et d’inflation. Au milieu du bruit et de l’agitation de 2023, il était difficile de suivre la mélodie. Mais en arrière-plan, le rythme du tango s’intensifie.
Les actions ont atteint des sommets, les guerres et les massacres se sont poursuivis, la politique américaine a dégénéré et l’inflation s’est atténuée. Au cours des deux dernières administrations (2017-2024), la dette américaine est passée de 19 900 milliards de dollars à 33 900 milliards de dollars, soit un rythme de 2 000 milliards de dollars par an.
Les mois d’octobre et de novembre derniers ont établi un nouveau record d’endettement, avec un déficit de 383 milliards de dollars pour les deux premiers mois de l’année fiscale, soit 2 300 milliards de dollars en rythme annuel. Pas d’attaque contre les Etats-Unis. Pas de dépression. Pas de situation d’urgence… et pourtant, les politiciens américains ont dépensé de l’argent comme s’ils étaient argentins !
Que penser de tout cela ?
Pas le moindre souci
Le plus remarquable, c’est que personne ne trouve cela vraiment étonnant. Des actes que nous considérions autrefois comme criminels sont aujourd’hui respectables. Les péchés sont désormais considérés comme des vertus. La stupidité, l’incompétence et la corruption sont désormais des conditions préalables à l’exercice d’une fonction publique.
Les actions sont proches de leurs plus hauts niveaux historiques, comme si les investisseurs ne se souciaient pas du tout du monde. Les budgets fédéraux ne sont plus examinés ni approuvés ; aucune tentative n’est faite pour aligner les dépenses sur les recettes. Au lieu de cela, dans une forme d’improvisation budgétaire, des projets de loi de dépenses sont adoptés, sans véritable discussion ou dissension. Le Congrès ressemble à une voiture remplie d’ivrognes roulant à toute allure sur l’autoroute et se disputant sur ce qu’il faut écouter à la radio.
Plus remarquable encore, les gens continuent de prêter de l’argent au gouvernement américain, tout en sachant que la Fed aura recours à la planche à billet (ce qui entraînera inévitablement une baisse de la valeur du dollar) cette année.
Et croyez-le ou non, il fut un temps où les gens pensaient que les meurtres et la destruction de masse étaient méprisés. Les Nations unies les ont solennellement interdites. Mais aujourd’hui, ce sont des éléments lambdas de la politique étrangère des Etats-Unis.
Après avoir vécu 2023, nous nous demandons comment 2024 pourrait mieux faire. Quelle chose loufoque, malveillante et épouvantable se produira cette année ? Au lieu de prétendre que nous pouvons connaître l’avenir, examinons plutôt le type de surprises auxquelles il pourrait être utile de se préparer.
Dominos des défauts de paiement
Premièrement, un krach boursier serait malvenu. Au début de l’année dernière, nous avons recommandé de garder un maximum de liquidités, craignant qu’un autre scénario ne se produise. Les deuxième, troisième et quatrième plus grandes faillites bancaires de l’histoire sont arrivées. Pourtant, à la fin de l’année, les étagères étaient pleines de mocassins et de bottes à talon qui n’étaient pas encore tombées.
Il y a fort à parier que certaines d’entre elles toucheront le sol, cette année.
Le Daily Mail rapporte :
« Les immeubles de bureaux américains sont confrontés à une bombe à retardement de 117 milliards de dollars. Les hypothèques arrivant à échéance cette année menacent de faire sombrer l’économie américaine, alors que des milliers de lieux de travail restent vides.
Des milliards de dollars d’emprunts sur des immeubles de bureaux arrivant à échéance risquent de faire des ravages dans l’économie américaine après la montée en flèche des taux d’intérêt.
Selon la Mortgage Bankers Association, environ 117 milliards de dollars devraient arriver à échéance cette année et doivent être remboursés ou refinancés.
Une grande partie de ces prêts risque de ne pas être remboursée et de coûter des sommes considérables aux banques et aux promoteurs, voire de provoquer l’insolvabilité de certains d’entre eux. »
Yahoo Finance ajoute :
« Davantage de grandes entreprises risquent de faire faillite l’année prochaine en raison du ‘double choc’ des coûts d’emprunt élevés et de la pression exercée sur les budgets des consommateurs.
Les administrateurs et les spécialistes de la restructuration ont également averti que les entreprises à forte croissance, telles que les entreprises technologiques, pourraient faire partie des entreprises confrontées à des turbulences financières.
Cette mise en garde intervient après une nouvelle année de conditions économiques difficiles qui a entraîné une augmentation du nombre de faillites d’entreprises au cours de l’année. »
La deuxième mauvaise surprise serait la suivante : des taux d’intérêt encore plus élevés. Outre les déficits actuels, qui s’élèvent à environ 2 000 milliards de dollars par an, le gouvernement fédéral doit refinancer des milliers de milliards de dollars supplémentaires, à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés.
Les grands acheteurs institutionnels d’obligations vont vouloir se protéger contre les crises évidentes qui s’annoncent. Défauts de paiement, inflation… ou simplement hausse des taux – autant de bonnes raisons d’exiger des rendements plus élevés.
Troisième coup
Troisième mauvaise surprise : la récession. Les grands médias annoncent aux investisseurs qu’il n’y aura ni atterrissage brutal, ni atterrissage en douceur, ni atterrissage tout court. Les prix resteront élevés probablement pour toujours.
Mais la combinaison de taux d’intérêt plus élevés, de faillites d’entreprises et de consommateurs à court d’argent devrait finalement provoquer la récession que nous attendions.
Et il y a une chose de plus à craindre : une guerre plus importante et plus dangereuse. La guerre engendre la guerre. Envoyer des combattants dans une zone de guerre est dangereux… Et bientôt vous risquez d’avoir plus de combats que vous ne le souhaitiez. Quoi, où, quand ? Nous n’en savons rien. Mais l’offre entraîne la demande. L’industrie américaine de la puissance de feu est si importante, si riche et si puissante politiquement que rien ne peut l’arrêter. Et après avoir vu tant de dévastations causées par les bombes et les missiles américains, le reste du monde est certainement en train de préparer une riposte.
Les principaux risques, cher lecteur, qu’il s’agisse du marché boursier, du marché obligataire, de l’économie ou de la géopolitique, sont plutôt orientés à la baisse. Chacun d’entre eux, seul ou combiné, entraînerait une crise financière, avec une diminution des recettes fiscales de l’Etat et une augmentation des dépenses. Les déficits se creuseraient. Les taux d’intérêt augmenteraient. Les entreprises feraient faillite. Les actions s’effondreraient. Et la clameur – probablement une panique, pour réduire les taux d’intérêt et commencer à acheter de la dette américaine avec de la fausse monnaie – serait irrésistible.
L’inflation ou la mort. Le refrain reste le même. Dans les mois à venir, nous verrons probablement plus notes basses qu’aigues, plus de morts que d’inflation. Mais ce ne sera qu’un prélude, un échauffement, pendant que l’orchestre s’accorde… prend le rythme d’un tango… et entame sa Rhapsodie de la Pampa.