Avant d’approfondir la nouvelle transaction détectée par Bill Bonner pour la décennie qui s’annonce, retour sur les deux recommandations précédentes et leurs résultats à ce stade.
Voilà quelques jours que nous vous parlons de notre « Transaction de la Décennie ». Ce n’est pas un « investissement ». C’est une supposition… une spéculation… un pari sur des tendances de long terme.
Elle dépend de deux des phénomènes les plus fiables du monde de l’argent – l’ignorance et l’oscillation.
En ce qui concerne l’ignorance, pas franchement besoin d’en dire plus. Nous vivons avec. Elle est universelle. Elle est omniprésente et permanente, partout et toujours.
La plus grosse erreur qu’un investisseur puisse commettre, c’est penser qu’il sait ce qui va arriver. Il fait alors un « investissement » basé sur une illusion, une connaissance qui n’existe pas.
Cela le pousse à acheter des choses surévaluées (il sait qu’elles montent) et à conserver ses positions longtemps après qu’il aurait dû s’en débarrasser (après tout, elles devraient grimper !).
Les autorités ont dépensé des millions de dollars à employer des milliers d’économistes, de statisticiens, de mathématiciens et d’analystes. Cependant, pas un seul d’entre eux ne peut vous dire ce que le prix du pétrole sera demain.
L’avenir est un livre fermé. Nous ne le connaissons pas… et ne pouvons le découvrir qu’une page à la fois.
L’investisseur intelligent admet qu’il ne sait pas ce qui l’attend… et fonde ses décisions financières sur le roc dur et inflexible de l’ignorance.
Certitudes
Si l’on garde cela en tête, enfermer votre argent dans une transaction à 10 ans semble spectaculairement malavisé.
Peut-être que c’est bien le cas. Un horizon à 10 ans multiplie les conséquences négatives d’avoir tort sur une décennie entière.
D’un autre côté, la transaction est conçue pour capturer de grands mouvements, pas des petits. Et les grands mouvements, comme la vigne, ont besoin de temps pour mûrir.
Si l’on regarde une économie de près – comme on jette un coup d’œil à une plante –, on ne peut pas dire ce qui se passe. Il lui faut une saison pleine pour s’exprimer ; mais ensuite, visible comme le nez au milieu de la figure, le fruit est là.
Parier sur l’inflation (après l’introduction du nouveau dollar factice en 1971) a été facile.
Parier contre l’inflation (après que Paul Volcker l’a arrêtée net en 1980) était un autre pari sûr.
Dans les années 1990, le marché boursier a grimpé en flèche. Qui ne l’avait pas vu venir ?
Dès 1987, le président de la Réserve fédérale d’alors, Alan Greenspan, a clairement fait comprendre que la Fed soutenait la Bourse.
L’économie était en plein boom. Le médicament miracle de l’époque – internet – promettait une toute nouvelle ère de croissance et de prospérité.
Déséquilibres
Nous en arrivons donc au XXIème siècle.
En 1999, à la fureur de bon nombre de nos lecteurs, nous avons averti que la bulle des dot-com allait éclater. Ensuite, début 2000, nous avons sorti notre première Transaction de la Décennie – vendez les actions, achetez de l’or.
Cette transaction était basée sur l’ignorance de l’avenir… mais la connaissance du passé. Au fil du temps, les marchés oscillent entre la hausse et la baisse, entre l’optimisme aveugle et la morosité inflexible.
De toute l’histoire du Dow, jamais les actions n’avaient été aussi chères en termes d’or. D’habitude, il fallait environ 10 onces d’or pour acheter les 30 plus grandes valeurs industrielles du Dow. En 1999, on était passé à plus de 40.
Mais si les actions cotaient désormais 11 fois plus qu’en 1980, l’or, lui, cotait près de trois fois moins (le prix avait chuté de 700 $ environ à 250 $ seulement).
Les choses étaient clairement déséquilibrées. Ni l’or ni le marché boursier n’allaient disparaître. Les deux s’étaient de plus en plus éloignés au cours des années précédentes ; un rééquilibrage (une oscillation) possible sur les 10 années suivantes était un pari trop beau pour le laisser passer.
Cela se révéla être à peu près le meilleur pari qu’on puisse faire. Les actions entrèrent dans un déclin quasi immédiat en 2000. L’or prit le chemin de la hausse.
A la fin de la période de 10 ans, l’or avait les meilleures performances.
Le côté or de la « transaction » à lui seul a presque quadruplé notre mise, tandis que le côté actions était presque exactement au niveau qu’il avait 10 ans auparavant.
L’étape suivante
Et puis la décennie s’est achevée. Nous devions faire autre chose. Mais quoi ?
La tendance s’était inversée.
A cette époque, l’or semblait justement valorisé. Il n’y avait pas de raison de penser qu’il enregistrerait une autre hausse spectaculaire. (Il a en fait continué à grimper pendant des années.)
Et les actions ? On n’en était qu’au début du grand renflouage de Wall Street par la Fed. Ce n’était pas le moment de vendre les actions à découvert.
Nous avons regardé autour de nous. Qu’est-ce qui baissait depuis si longtemps qu’une hausse était presque obligatoire ? Et si cela grimpait, qu’y avait-il de l’autre côté du balancier ? Qu’est-ce qui baisserait ?
Le pari japonais
Nous suivions le Japon depuis des années. A la fin des années 1980, nous avions prédit que le miracle économique japonais ne durerait pas.
Nous avions raison. La bulle avait éclaté en 1989.
Suite à quoi la Bourse japonaise est tombée… et ne s’est pas relevée.
Après 20 ans, nous pensions que le moment d’une renaissance était venu. Les entreprises japonaises étaient encore vigoureuses ; il était raisonnable de parier que leurs actions grimperaient à un moment ou à un autre au cours des 10 années à venir.
De l’autre côté de cette transaction, il y avait un choix évident : les obligations japonaises. Le pays avait une dette nationale en pleine explosion… une population vieillissante… et des engagements en matière de santé et de retraites à faire pâlir un comptable.
Malgré cela, les obligations japonaises restaient remarquablement coûteuses, avec les rendements les plus bas au monde. Cela aussi, pensions-nous, changerait probablement.
Que s’est-il passé ? Eh bien, pas grand’chose.
Les actions japonaises ont rebondi de plus 150% entre 2010 et la fin de l’année dernière. Les obligations nippones, de l’autre côté de la transaction, ont en fait grimpé de 34%…
Nous avions donc raison d’acheter des actions japonaises… mais étions à côté de la plaque en pariant contre les obligations japonaises.
Il nous faut cependant mentionner une chose…
Les obligations japonaises auraient chuté si la Banque du Japon n’avait pas adopté des politiques d’argent facile : elle a imprimé quelque 4 000 Mds$ entre 2010 et 2019.
« On ne lutte pas contre la Fed », disent les vétérans des marchés. Nous avons combattu la Fed japonaise pendant 10 ans… et c’est elle qui a gagné !
Profits faciles
Si vous aviez entamé le XXIème siècle avec 100 000 $… et n’aviez rien fait d’autre que les deux transactions que nous avons recommandées… vous auriez désormais 612 786 $.
Nous sommes parfaitement satisfait de ce profit, au passage. Il a été obtenu en prenant très peu de risques et quasiment aucun travail.
Par ailleurs, il est supérieur au rendement du Dow et du S&P 500, et de loin…
De 2000 à 2019, 100 000 $ investis dans le Dow seraient devenus 251 000 $ (dividendes inclus). Le même montant sur le S&P 500 serait devenu 222 000 $.
Nous voilà maintenant arrivés à une nouvelle décennie.
Les Etats-Unis ont un nouveau président… l’économie est hantée par le Covid-19… la dette gouvernementale US atteint les 27 000 Mds$… tandis que celle des ménages et des entreprises US est à 54 000 Mds$.
Qu’est-ce qui est déséquilibré désormais ? Quel miracle va échouer ?
A suivre…