Maintenant les élections passées, l’attention se tourne vers les quatre prochaines années sous Trump. Et à en croire les premiers signes, tout ne se passera pas comme prévu.
Après son investiture en 2009, Barack Obama s’est entretenu avec le congrès Républicain pour discuter de son plan économique. Malgré beaucoup de contestations et d’oppositions de la part des républicains, Obama s’est montré clair sur le fait qu’il allait s’en tenir à ses programmes, qu’ils soient d’accord ou non.
Obama a fait comprendre aux leaders républicains que « les élections ont des conséquences » et qu’il avait gagné. Obama n’a rien accompli de majeur, mais il a concrétisé le projet Obamacare (la Loi sur les soins abordables) et a oeuvré pour changer les modalités de la loi immigration.
La phrase « les élections ont des conséquences » était continuellement utilisée pour appuyer le fait que les gagnants peuvent faire ce qu’ils veulent.
A présent, la boucle est bouclée.
Donald Trump a non seulement remporté la Maison-Blanche par un vote écrasant du collège électoral et une majorité du vote populaire, mais son parti a pris le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants. Aujourd’hui, ce sont les républicains qui sont en train de renverser la vapeur.
Un changement défensif
Prenons l’exemple de la nomination de Donald Trump pour le poste de secrétaire à la Défense. Il a choisi Pete Hegseth, un major de l’armée américaine et ancien combattant ayant servi en Irak et en Afghanistan, décoré de deux étoiles de bronze et diplômé de Princeton et de Harvard.
Bien que hautement qualifié, ce choix s’écarte des normes conventionnelles, car Hegseth ne provient pas du complexe militaro-industriel. Opposant résolu aux politiques « woke » qu’il considère comme affaiblissant l’armée et nuisant au recrutement, il affiche une volonté claire de pousser à la retraite ou à la démission un grand nombre de généraux et d’amiraux davantage préoccupés par le politiquement correct que par la préparation au combat.
L’équipe de transition de Donald Trump envisage la création d’un Warrior Board, un comité composé de militaires retraités de haut rang. Ce comité aurait pour mission d’examiner les officiers généraux et amiraux afin d’identifier ceux jugés inadaptés au leadership, notamment en raison de leur politisation ou de leur soutien à des figures comme l’ancien président de l’état-major interarmées, Mark Milley. Les officiers ne répondant pas aux critères seraient contraints de partir, ce qui pourrait améliorer le moral des troupes et ouvrir des opportunités de promotion pour des majors et colonels méritants.
Plus de perturbateurs
Prenons deux autres nominations jugées « controversées » par les médias traditionnels.
Tulsi Gabbard, nommée directrice du renseignement national (DNI), a un parcours impressionnant. Ancienne membre du Congrès et lieutenant-colonel dans l’armée américaine, elle a été déployée en Irak, où elle a reçu la Meritorious Service Medal et le Combat Medical Badge. Actuellement affectée au commandement des opérations psychologiques de la réserve de l’armée, son expérience est particulièrement adaptée à un rôle dans le renseignement. Pourtant, ses détracteurs l’accusent de manquer d’expérience, une critique étonnante au vu de ses qualifications.
Matt Gaetz, choisi pour devenir procureur général des Etats-Unis, est connu pour son esprit juridique aiguisé et ses compétences redoutables en contre-interrogatoire. Ces talents seront précieux pour enquêter sur les abus bureaucratiques supposés des années Biden-Harris. Sa nomination provoque également une tempête médiatique, les élites de Washington craignant de le voir à la tête du ministère de la Justice.
Victor Davis Hanson résume brillamment cette stratégie de nominations :
« De nombreux choix de premier plan dans les nominations de Donald Trump partagent des caractéristiques communes. Tout d’abord, une grande partie de ces individus a été, par le passé, la cible des abus de pouvoir des bureaucrates ou des ‘tyrans’ gouvernementaux, ou bien ils se sont distingués comme des critiques acerbes de l’Etat administratif. Aujourd’hui, ils se retrouvent à la tête des agences mêmes qui les ont un jour traqués.
Prenons l’exemple de Elon Musk, autrefois constamment visé par les régulateurs gouvernementaux. Il est passé de cible permanente à gardien de l’intégrité bureaucratique.
Robert Kennedy Jr., souvent moqué pour ses prises de position, assumera désormais la supervision des programmes de santé gouvernementaux, défiant ainsi les scientifiques subventionnés et les administrateurs qu’il a longtemps critiqués.
Pete Hegseth, qui a combattu la machine DEI (Diversité, Equité et Inclusion) alors qu’il servait comme soldat et qui a dénoncé la corruption au sein du Pentagone dans ses écrits, pourrait bien diriger cette institution s’il est confirmé.
Tulsi Gabbard, autrefois inscrite sur une liste de surveillance pour des raisons de sécurité nationale, est aujourd’hui considérée comme une menace pour l’establishment administratif.
Quant à Tom Homan, anciennement ridiculisé par l’administration Biden pour ses positions fermes sur l’immigration, il supervisera désormais l’ICE (Immigration and Customs Enforcement), où il héritera des désastres laissés à la frontière.
Deuxièmement, ces nominations se démarquent par leur rupture totale avec les pratiques traditionnelles. Peu de ces personnalités sont issues des cercles établis de Washington. Elles ne proviennent pas des think tanks classiques, ni des rangs des ‘sages’ à la retraite ou des officiers d’état-major reconvertis. Contrairement aux habitudes, ce ne sont pas des figures familières du système unipartisan qui oscillent entre les institutions gouvernementales et les grandes entreprises. En somme, leurs parcours affichent intentionnellement des lacunes en termes d’expérience bureaucratique classique – il y a peu de CV ornés de postes de sous-secrétaires ou d’assistants spéciaux, ni de titres académiques prestigieux accumulés pour impressionner. »
En d’autres termes, ils sont vaccinés contre la mentalité administrative enracinée qui, selon beaucoup, a aliéné les citoyens et exacerbé leur méfiance envers l’Etat.
En effet, ses nominations ne visent pas simplement à maintenir le statu quo. Elles sont conçues pour bousculer l’ordre établi et nettoyer ce que beaucoup considèrent comme une « puanteur » dans les cercles du pouvoir à Washington.
En 2016, Trump était un novice politique et n’a pas réussi à percer les défenses du marais. Cette fois, il semble déterminé à non seulement s’y attaquer, mais aussi à le drainer pour de bon.
Cette approche radicale pourrait bien être la bouffée d’air frais dont le Beltway a désespérément besoin. Et comme l’a si bien dit Barack Obama, les élections ont définitivement des conséquences.
1 commentaire
Un texte qui change du politiquement correct habituel… Bravo. L’opposition entre Trump et Kamala Haris a été exemplaire : Les peuples contre une élite, et l’inverse. Toute l’histoire de la Démocratie occidentale va dépendre de la victoire finale. Ce n’est pas pour demain. La guerre civile occidentale va continuer tout au long de la présidence de Trump. Et sans aucun doute après. L’Occident va-t-il échapper au « Meilleur des Mondes » ? Une invention des « élites éclairées » contre les peuples « stupides ». Les sondages qui montrent qu’en France au moins 80% de la population a accueilli favorablement l’élection de Trump alors que 99% des médias proclament la catastrophe sont très significatifs d’une situation hautement anti-démocratique.