▪ Quelle semaine. Pleine de bruit et de fureur… Et qui ne signifie rien.
Le rebond de mercredi dernier signait « le septième meilleur jour pour le Dow Jones en 110 ans », rapporte Chris Hunter, analyste pour notre bureau d’investissement familial. « Bien entendu, cela semble plutôt impressionnant. Mais il est utile de se rappeler que le meilleur jour de l’histoire du Dow Jones était le 13 octobre 2008 (l’indice avait fusé de 936 points). Lors des quelques jours qui suivirent, le Dow Jones avait perdu 11%. Il regrimpa ensuite de 15%… pour redégringoler de 25%. Le meilleur jour ensuite fut le 28 octobre 2008. Et le sixième meilleur jour est venu six jours après le sommet de la bulle du Nasdaq, le 16 mars 2000″.
Oui, cher lecteur, un rebond fier et considérable : voilà ce qui précède une chute à pic. Voire pire.
Les prix de l’immobilier US ont chuté le mois dernier, une fois de plus — ce qui nous donne 15 mois sur les 16 derniers dans le rouge.
Mais les nouvelles de la semaine dernière étaient en majeure partie bonnes, du moins celles qui provenaient des Etats-Unis. Le chômage a baissé. Les ventes de maisons ont grimpé. Les données industrielles étaient plutôt positives.
Les nouvelles de la consommation étaient en grande partie bonnes aussi… Les ventes de voitures sont saines, disent les journaux. Le carburant se vend moins de 3 $ le gallon.
Tout cela pourrait pousser un fou têtu à imaginer que cette histoire de Grande Correction a été annulée.
▪ Est-ce que ce ne serait pas énorme, cher lecteur ? Si nous ne nous trompions pas seulement au sujet des détails, mais bien sur toute la ligne ? Si le nombre de nouveaux emplois continuait d’augmenter ? Si les consommateurs continuaient à acheter des choses ? Si l’Europe prenait le contrôle de son problème de dettes… et si l’économie américaine recommençait à vraiment se développer ?
Mais attendez… la croissance des 30 dernières années venait de ce que les Américains dépensaient de l’argent qu’ils n’avaient pas. En Europe, c’est le gouvernement qui l’a dépensé. Aux Etats-Unis, c’était les ménages. En Grande-Bretagne, les deux.
Cela pourrait-il se reproduire ? C’est certainement ce que visent les autorités… en réduisant les taux en Europe et en prêtant à 0% aux Etats-Unis. Et en renflouant les principaux débiteurs. Ma foi, nous n’écarterons aucune hypothèse.
Tout de même, il doit bien y avoir des limites à la quantité de dette qu’une économie peut absorber. Selon tous les critères, nous avons explosé lesdites limites il y a bien longtemps. Prenez le monde développé dans son ensemble. Additionnez ses dettes. Elles ont grimpé au taux de 11% tout au long de la dernière décennie, soit près de trois fois plus rapidement que le PIB. Elles sont désormais à 310% du PIB.
On pourrait penser que ça suffirait à faire sombrer la planète dans une dépression mondiale. Avec un taux d’intérêt à 5%, le coût de maintenance de cette dette représente 15,5% de la production totale. C’est de la finance zombie — visant à rembourser les jouets d’enfants qui sont désormais adultes… et les voyages de gens qui sont désormais morts. C’est comme si le travailleur moyen trimait près d’une journée par semaine rien que pour payer le coût du passé.
▪ Les finances gouvernementales sont les plus zombifiées de toutes — comme on pourrait s’y attendre. Aux Etats-Unis, par exemple, les contribuables crachent environ 2 100 milliards de dollars par an. Sauf que les autorités en mobilisent 15 000 milliards. Ce qui met le ratio dette/revenus à environ 1/7. Avec des coûts de maintenance de 5%, les intérêts représenteraient 750 000 000 000 $ à payer par les autorités — soit environ un tiers des recettes fiscales. Cela ne laisserait que 1 350 milliards de dollars environ pour couvrir les dépenses fédérales — qui atteignent désormais 3 500 milliards de dollars par an.
Il y a pire : les autorités doivent aussi renouveler environ 40% de leur dette au cours des trois prochaines années.
Un monde aussi corrompu, zombifié et endetté peut-il s’en sortir et renouer avec la croissance ?
Normalement, il devrait se débarrasser de son fardeau de dettes. Les zombies devraient d’abord trouver un travail honnête. Nous garderons un esprit ouvert sur toute cette affaire, mais nous sommes d’avis que l’argent intelligent continue de vendre les actions sur leurs rebonds… et d’acheter de l’or durant ses creux, et non l’inverse.