** Que sont devenues les "jeunes pousses" de la reprise ?
– Le 15 mars, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, déclarait que les "jeunes pousses" de la reprise étaient bien visibles. La phrase s’est immédiatement gravée dans les coeurs et l’imagination des investisseurs. Peu importe les nouvelles économiques funestes, les "jeunes pousses" ont semblé bourgeonner de partout.
– Toutes les données économiques, aussi horribles soient-elles, ont fourni une occasion supplémentaire de s’écrier : "Ha ha !… Une autre jeune pousse !"
– Bien sûr, le nombre de chômeurs a continué à augmenter, les prix des maisons ont continué à chuter, et la production industrielle a continué à se contracter, mais les choses auraient pu être pires encore. Et puisque les mauvaises nouvelles n’ont pas été aussi mauvaises qu’elles auraient pu l’être, l’économie doit être en train de se reprendre, pas vrai ?
– Hmmm… eh bien pas tout à fait. Pour avoir une idée plus précise de ce qui se passe avec ces "jeunes pousses", consultons un point de vue vieux de 2 000 ans.
** "Ecoutez !" a déclaré Jésus-Christ dans l’Evangile de Marc. "Un fermier est allé semer ses graines. Tandis qu’il répandait ses graines dans les champs, certaines sont tombées en chemin, et les oiseaux les ont mangées. Certaines sont tombées sur un sol caillouteux, où il n’y avait pas beaucoup de terre. Elles ont poussé rapidement, car l’épaisseur de terre était fine. Mais quand le soleil est apparu, les plants étaient brûlés, et ils ont flétri parce qu’ils n’avaient pas de racines. D’autres graines sont tombées parmi les buissons épineux, qui ont poussé et ont étouffé les plants, qui ne donnaient plus de graines. Mais d’autres graines sont tombées sur de la terre fertile. Ils sont sortis de terre, ont poussé et ont donné des récoltes, se sont multipliés 30, 60, et même 100 fois".
– Cette parabole était utilisée pour décrire la réceptivité d’un individu au message d’espoir et de salut du christianisme… mais la métaphore des semences pourrait aussi s’appliquer aux reprises économiques. Par exemple, quel genre de graines pousse dans la terre de l’économie américaine ?
– La réponse à cette question contient peut-être la clé des tendances boursières pour les mois à venir.
– La parabole du Christ présente quatre possibilités :
1. Les graines que les oiseaux mangent ;
2. Les graines qui poussent dans une fine épaisseur de terre et flétrissent prématurément ;
3. Les graines qui poussent au milieu des buissons épineux et ne grandissent pas ;
4. Les graines qui prennent racine dans une terre fertile et s’épanouissent.
Donc, pour répéter la question, quel genre de jeunes pousses sont sorties de la terre de l’économie américaine ?
Si vous pensez que la réponse 4 est la bonne, vous allez vouloir acheter des actions dès demain matin… et pendant plusieurs matins à venir. Cependant, si vous pensez, comme votre chroniqueur californien, que les jeunes pousses américaines ressemblent plus aux graines qui poussent parmi les buissons et/ou sur une terre pauvre, vous allez vouloir vous réfugier dans les actifs les plus sûrs que vous puissiez trouver.
– Votre chroniqueur aimerait croire en ces jeunes pousses que tant de gens prétendent voir. Mais il n’y croit pas. Il ne peut pas. "Moins grave" ne signifie pas "bon", et ce ne sera jamais le cas. "Moins grave" peut entraîner une tendance aux jeunes pousses pendant une courte période, mais cela ne donnera jamais un chêne… ni même une jonquille.
– Les jeunes pousses ont besoin de racines… et c’est ce qui leur manque dans le cas présent. L’économie américaine sous-jacente est toujours malade ; elle ne peut pas fournir suffisamment de nourriture à une activité économique renaissante. Presque tous les systèmes de "racines" essentiels à l’activité économique demeurent défectueux, malades ou compromis d’une façon ou d’une autre.
– Et pendant ce temps, au-dessus du sol, l’économie continue à se contracter de toutes les façons imaginables (et inimaginables).