Le système est noyé sous un tel excès de « capital » qu’il ne sait plus comment l’investir. La spéculation effrénée et l’endettement malsain règnent – et la situation ne peut se résoudre que d’une seule façon : par la crise.
Nous analysons un texte de l’économiste Nouriel Roubini. Le point de fuite des analyses de Nouriel Roubini n’est pas, comme chez moi, le taux de profitabilité et la suraccumulation de capital, mais il recouvre la même chose par le biais de l’excès de dettes et la référence à Minsky.
L’excès de crédit du moment d’instabilité de Minsky est une sous-partie de l’excès de capital fictif auquel je fais souvent allusion.
Disons que Minsky voit le moment spéculatif de la phase finale comme une sorte de résultat de l’esprit de jeu et de spéculation – alors que pour ma part, je considère que cette phase spéculative est objectivement déterminée. On ne peut y échapper et elle est produite par l’érosion de la profitabilité des investissements économiques productifs.
On spécule car investir ne rapporte plus assez (racheter ses propres actions rentre bien sûr dans la catégorie de la spéculation).
L’insuffisante profitabilité du capital oblige à produire toujours plus de dettes, et l’accumulation des dettes rend le système :
– d’abord fragile…
– ensuite insolvable…
– enfin spéculatif…
… tout en piégeant les banques centrales.
Insurmontable contradiction
Nous sommes dans un moment Minsky étalé par les actions de dilution monétaire des banques centrales.
Le schéma est en apparence diffèrent car c’est de l’économie grand public idéologique, mais le sous-jacent, le cristal des articulations dialectiques qui sous-tend le texte de Roubini est le même : le système est pris dans une contradiction insurmontable, dans un dilemme.
Et encore !
On n’a même pas le choix entre la peste et le choléra, il n’y a aucune solution qui permette d’éviter la révulsion du système.
Là où cela doit advenir, cela adviendra. Les hommes ne sont pas des magiciens ni des dieux – ce ne sont que des illusionnistes.
Le bon sens et la sagesse des nations disent : on est toujours puni par où l’on pèche. Si on a péché par la dette, on sera puni par la dette. On a voulu mettre de l’infini sur du fini – et on périra de cette prétention.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]