Les indices boursiers progressent bien plus vite que l’économie qu’ils sont censés représenter – et certains en profitent largement. Comment en est-on arrivés à une telle situation ?
Comment les fonds de dotation des universités américaines – et les investisseurs dans leur ensemble – font-ils pour engranger des gains à deux chiffres… alors que la croissance de l’économie se limite à un seul chiffre ?
Telle est la question à laquelle nous tentons de répondre aujourd’hui…
Le Nasdaq est passé de 9 875 points à la fin juin 2020 à 14 500 à la fin juin 2021 (soit un exercice fiscal pour les fonds de dotation). Cela représente une augmentation de 47%, soit beaucoup plus que le rendement médian des fonds de dotation (27%).
Le Dow Jones, quant à lui, est passé de 25 600 à 34 300 points. Cela représente une augmentation de 34%. Le S&P 500 est passé de 3 050 à 4 300 points, soit une augmentation de 40%.
En d’autres termes, avec un gain médian de 27%, les gestionnaires de fonds de dotation ont en réalité sous-performé. Il n’y avait pas besoin d’« alternatives » ou de génies.
Le jeu est truqué
Mais attendez…
C’est là que les choses deviennent intéressantes. Comment le marché des capitaux tout entier a-t-il pu grandir bien plus rapidement que l’économie qui le soutient ?
Dans une économie saine, une entreprise peut aller bien… une autre peut aller mal.
Mais les ventes d’une personne sont les profits d’une autre. Les coûts de l’une sont les revenus d’une autre. Un mois peut être solide. Le suivant peut être lent. Les profits peuvent s’accumuler durant une année de boom… mais se dissiper lors du krach qui suit.
Dans l’ensemble, ils ne peuvent pas faire beaucoup mieux que l’économie elle-même – parce qu’ils sont l’économie.
Disons que nous avons un stand de vente de bananes. Et disons que nous gagnons un profit de 1 000 $ par an. Nous pourrions vendre notre stand à quelqu’un pour… 10 000 $, par exemple.
Ce serait un PER de 10 pour l’acheteur. Très raisonnable. Et il pourrait s’attendre à un retour sur investissement annuel de 10%.
L’année suivante, il pourrait voir son rendement grimper à 1 050 $ – une augmentation de 5%. Il pourrait ensuite prévoir de vendre l’entreprise à quelqu’un d’autre pour 10 500 $ environ – une augmentation de 5% là aussi. Pas de 30%.
Ainsi, si les fonds universitaires investissaient dans la structure de capitaux des Etats-Unis… dans les stands de bananes produisant des biens et fournissant des services… ils devraient s’attendre à une croissance équivalente au PIB… et rien de plus.
Pourtant l’an dernier, ils – et d’autres investisseurs – ont gagné au moins cinq fois plus.
La question ne sera pas posée lors des conseils généraux de ces fonds… ni dans les divers ministères des Finances… ni dans les banques centrales… et encore moins dans la presse financière.
Nous allons donc la poser ici : à quoi est-ce dû ?
Nous allons aussi proposer une réponse : en réalité, il n’« investissent » pas du tout. Ils ne font que parier… ils « prennent » au lieu de « faire » dans un jeu à somme nulle… en comptant sur les banques centrales pour truquer la partie.
Qui est le perdant ?
Cette hypothèse ne fait qu’augmenter notre perplexité. S’ils gagnent autant… qui perd ? Qui est de l’autre côté de la transaction ?
De toute évidence, ils ne se prennent pas mutuellement leurs gains, parce qu’on parle du rendement médian, pour le groupe entier. Et ce n’est pas l’économie elle-même qui a produit la richesse supplémentaire : la croissance aux Etats-Unis n’a été que de 5% tandis que les fonds engrangeaient 27%.
Alors qui est le pigeon ?
Et comment se fait-il que les universités, ces bastions du politiquement correct et de la « bonne gouvernance », s’enrichissent cinq fois plus vite que l’augmentation du salaire moyen ?
Ah, cher lecteur, avez-vous pris une longueur d’avance ? Est-il possible que les élites prennent l’argent des masses laborieuses, plumant ceux-là même qu’elles prétendent défendre ?
A suivre…