▪ La Chine a faim, avons-nous vu hier — et il est un pays qui profite du déséquilibre chinois : les Etats-Unis. Ce sont eux qui, principalement, fournissent à la Chine les céréales qui lui manquent. Cette année, les exportations des agriculteurs américains ont atteint le niveau record de 14 milliards de dollars. Certes, la Chine n’est pas seule en cause. Les Etats-Unis ont également bénéficié d’un report de commandes, à la suite des périodes de sécheresse en Russie et en Europe de l’Est. Elles ont largement réduit la quantité de récoltes de ces pays, conduisant même la Russie à cesser, pour un temps, ses exportations de matières agricoles. Nous avons d’ailleurs profité de cette tendance bénéfique aux Etats-Unis grâce à l’une de nos valeurs en portefeuille : le fabricant de machines agricoles, John Deere, qui a réalisé près de 20% de plus-values depuis notre recommandation à 60,62 $.
La demande pour les matières agricoles va donc augmenter, soutenant ainsi une hausse des prix. Non seulement cela va se répercuter sur les softs eux-mêmes, mais aussi sur toutes les entreprises liées au secteur agricole, comme les fabricants de machines ou les semenciers.
▪ A court terme, la météo fait la loi
A long terme, le marché des matières premières agricoles semble donc inexorablement orienté à la hausse. A plus court terme, toutefois, d’autres composantes sont à garder à l’oeil pour anticiper les mouvements des cours : les saisons de récoltes et la météo, éléments importants lorsqu’on choisit d’investir dans les softs. Cet été, le prix du blé a ainsi flambé — près de 100% de hausse en moins de deux mois –, entre autres à cause de la sécheresse en Russie, qui a conduit le pays à restreindre ses exportations, afin de privilégier son marché national. A la suite de cette forte hausse, il est trop tard, dans un objectif à court ou à moyen terme, pour investir sur le blé. Quelle sera alors la prochaine céréale dont les cours vont grimper ?
Le maïs semble très bien placé, ainsi que l’explique Julien Perez, responsable de la communication financière chez Exel Industries, entreprise spécialisée dans la pulvérisation pour le secteur agricole : "Lorsqu’on évoque la Russie, on ne parle que du blé ; pourtant, ce n’est pas le plus touché, car ses cultures étaient déjà assez matures au moment de la sécheresse, tandis que d’autres cultures comme le maïs doivent être récoltées à l’automne. Sans compter les craintes qui pèsent sur les récoltes américaines à cause des fortes pluies. En revanche, la récolte américaine de soja s’annonce record".
Cet avis rejoint l’opinion de Sébastien Duhamel, notre analyste technique : "La forte augmentation des prix du blé récemment, alors que le cours du maïs reste relativement stable, devrait pousser les éleveurs à privilégier ce dernier, ce qui entraînera une spirale inflationniste qui devrait progressivement s’étendre à l’ensemble des céréales".
Ainsi, chaque matière première peut voir son cours fortement fluctuer à chaque récolte, en fonction des perspectives. Bien que, à long terme, le secteur agricole soit orienté à la hausse, investir directement dans les matières premières demande d’avoir le coeur bien accroché, afin d’affronter une forte volatilité. Il existe un effet de cycle : lorsque le cours d’une céréale monte, les agriculteurs ont tendance à accroître sa culture, délaissant les autres, dont les prix monteront alors à leur tour à cause d’une production insuffisante, tandis que, devant une offre abondante, la première verra son cours chuter. Sans compter, bien entendu, les aléas météorologiques.
Autant de raisons qui, pour un investissement plus "serein" et au rendement plus sûr, nous font privilégier le choix d’actions. Une stratégie qui est la nôtre depuis longtemps et qui nous a déjà permis d’enregistrer des plus-values tout en limitant la prise de risques.
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