Par Sylvain Mathon (*)
Examinons ensemble les tribulations du gaz naturel
Bien que la reprise des dernières semaines ait touché l’ensemble des commodities, le Natty — comme on dit dans les salles de marché — a pris le train avec un peu de retard.
La chute de la demande industrielle en raison du ralentissement économique outre-Atlantique, un hiver peu rigoureux et des stocks en augmentation continue contrariaient toute tentative de rebond en ramenant le cours vers les trois dollars — niveau jamais vu depuis 2002.
Mais la roue tourne
Car les investisseurs ont récemment pris prétexte de la remontée des indices actions pour se repositionner. Résultat : après avoir abandonné près de 75% par rapport à ses tops de juillet 2008, le cours du gaz naturel a repris 22% en une semaine.
Et ce n’est pas sans doute pas fini, si l’on en juge par la configuration technique présentée sur les graphiques de grande tendance. Après une glissade spectaculaire depuis les tops de 2008, le marché trouve désormais appui sur une droite de tendance bien nette, joignant les points bas majeurs depuis 1993. C’est un facteur clé de soutien, et je doute qu’il soit enfoncé à brève échéance.
Signaux techniques positifs
Dans la foulée de cette brutale hausse, de nouveaux signaux techniques positifs confirment que le mouvement devrait durer : le cours croise à la hausse sa moyenne mobile qui tenait lieu jusqu’ici de résistance, tandis que le MACD déclenche un signal d’accélération en passant au-dessus de sa ligne signal ; par ailleurs, les volumes sont nettement plus étoffés qu’à l’ordinaire.
A l’évidence, le marché a trop baissé et les traders ont flairé l’opportunité.
Objectif technique ?
Enfin, pour une fois que le décompte elliottiste est clair, nous n’allons pas nous priver de son apport. Après une séquence haussière en cinq vagues majeures — culminant vers les 16 $ en 2005 –, le marché a bouclé une phase corrective en trois temps.
Maintenant, il est mûr pour retracer à la hausse la dernière jambe de baisse avec comme objectif théorique le ratio des 50%, situé autour des 8 $.
La reprise ne sera que temporaire…
Cette vive reprise ne doit pas faire oublier que de mauvais fondamentaux subsistent. Les stocks restent de 23% plus élevés que leur moyenne sur cinq ans. En fait, les opérateurs parient sur une résorption du surplus au deuxième semestre, le temps que la conjoncture s’améliore et que les réductions de quotas engagées par les producteurs portent leurs fruits.
Par exemple, le nombre de plates-formes de forage en activité a baissé de moitié depuis le début de la crise. Mais cela suffira-t-il ? Le pari relève davantage de la méthode Coué que d’une l’analyse objective. Les dernières ventes au détail aux Etats-Unis semblent indiquer que la sortie du tunnel n’est pas encore pour tout de suite.
Selon moi, le gaz déclenche un retournement haussier qui pourrait se poursuivre quelques mois. Mais il ne s’agira que d’une correction technique, dans le sillage d’une forte baisse. Même si la croissance était au rendez-vous au second semestre, le marché se trouverait "cappé" par les solides réserves des producteurs, accumulées durant la période de prospection, entre 2006 et 2008.
Donc, je me contente de viser un ancien support identifié autour de 5,50 $ : il faudrait attendre son retour pour concevoir une reprise plus durable vers les 8 $.
[NDLR : L’analyse de Sylvain l’a mené à ouvrir une position bien spécifique qui lui permettra de jouer la hausse temporaire du gaz : pour l’accompagner et en faire profiter votre portefeuille, continuez votre lecture…]
Meilleures salutations,
Sylvain Mathon
Pour la Chronique Agora
(*) Globe-trotter invétéré et analyste averti, Sylvain Mathon est un peu "notre" Jim Rogers… Après avoir travaillé durant dix ans au service de grandes salles de marché, il met depuis février 2007 toute son expertise en matière de finances et de matières premières au service des investisseurs individuels dans le cadre de Matières à Profits, une lettre consacrée exclusivement aux ressources naturelles… et à tous les moyens d’en profiter. Il intervient régulièrement dans L’Edito Matières Premières & Devises.