Les riches ont mauvaise presse en ce moment – et ce sont eux que l’on accusera lorsque la prochaine crise se déclenchera.
Les marchés atteignent sommet après sommet – mais l’économie décline.
L’industrie financière et les riches prospèrent ; l’économie réelle et les classes moyennes perdent du terrain. Les capitalistes s’enrichissent ; le prolétariat reste le bec dans l’eau. Telle est l’histoire des Etats-Unis – et d’une bonne partie des économies développées – ces 30 dernières années.
Les profits des entreprises US avant impôts – les bénéfices réels des plus grandes entreprises américaines – stagnent depuis 2012… mais le Dow a grimpé de plus de 100%.
Aujourd’hui, nous nous concentrons sur cet argent – sur la finance et non sur l’économie réelle. Plus précisément, nous regardons les riches. Non pas la bouche ouverte, bavant de jalousie, rendus muet par leurs jets privés et leurs demeures tape-à-l’œil, ni dans un esprit de révulsion ou de revanche.
Nous n’avons rien contre eux, pas plus que nous ne les admirons particulièrement.
Nous avons vécu parmi eux. Nous avons appris leur langage et leurs manières. Devinez quoi ? Ils sont comme tout le monde – sauf qu’ils ont plus d’argent. Et une autre chose… qui est sans doute plus importante.
Dette et spoliation
Avant d’en parler, voyons pourquoi ils ne se sentent pas très aimés ces jours-ci. Ensuite, nous examinerons rapidement comment ils se sont autant enrichis et ce qu’ils font avec leur argent en ce moment.
Le journal The Guardian rapportait :
« La part des 0,1% les plus riches est quasi-égale à celle des 90% les plus pauvres.
Les inégalités de richesse aux Etats-Unis sont à des niveaux quasi-record, selon une nouvelle étude universitaire.
Ces trois dernières décennies, la part de richesse des ménages possédée par les 0,1% les plus riches a augmenté, de 7% à 22%. Pour les 90% de familles au bas de l’échelle, une combinaison d’augmentation de la dette, d’effondrement de la valeur de leurs actifs durant la crise financière et de stagnation des salaires réels a mené à l’érosion de richesse. »
Le Guardian, le reste des médias, les universitaires, les démocrates et une bonne partie du public pensent que quelque chose ne va pas. Ils affirment que les inégalités créent « des tensions sociales ». Certains sont d’avis qu’une grande disparité de richesses ralentit la croissance économique. Nombre d’entre eux pensent que les riches font fortune en spoliant les pauvres et les classes moyennes.
Ils ont presque raison concernant cette dernière accusation… comme nous l’avons vu dans ces lignes… mais rares sont ceux qui ont ne serait-ce qu’une petite idée de la manière dont l’arnaque fonctionne. Nous y reviendrons cependant encore… et encore… et encore, parce que c’est ce qui mène le monde entier à la plus grande crise financière qu’il ait jamais connue.
« Taxe milliardaire »
Tenons-nous en aux riches pour l’instant. Beaucoup de gens n’aiment tout simplement pas voir d’autres devenir bien plus riches qu’eux. Ils attendent des autorités qu’elles remettent les choses d’aplomb. CNBC :
« La candidate à la présidentielle Elizabeth Warren a exaspéré les individus les plus riches des Etats-Unis en dévoilant sa proposition d’impôt sur la fortune, un peu plus tôt dans l’année : une taxe de trois cents par dollar au-dessus d’un milliard de dollars d’actifs nets.
Aujourd’hui, cherchant à financer la refonte du système de santé du pays, elle leur demande de participer un peu plus.
Vendredi, [elle] a appelé au doublement de la ‘taxe milliardaire’ dans le cadre de sa proposition ‘Medicare pour Tous’, passant de 3% à 6% sur les patrimoines dépassant les 10 chiffres.
La proposition d’impôt sur la fortune de Warren imposerait également une taxe de 2% sur les patrimoines nets entre 50 M$ et un milliard de dollars. »
Mme Warren pense tenir un thème gagnant pour sa campagne. Après tout, on ne trouve que 600 milliardaires environ aux Etats-Unis…
Une stratégie perdante
Mme Warren est d’avis que tout le monde déteste les milliardaires et adore les soins de santé gratuits – un système qu’on peut mettre en place en forçant les riches à le financer, selon elle. CNBC encore :
« La sénatrice Elizabeth Warren [valeur nette : 12 M$] lance une nouvelle attaque contre les milliardaires qui ont critiqué ses propositions de politiques et de taxes, avec une nouvelle publicité dévoilée sur CNBC cette semaine, selon un aide de campagne. »
Sauf qu’affronter les milliardaires n’est peut-être pas la stratégie gagnante espérée par Mme Warren.
Les milliardaires ont certes peu de voix dans l’isoloir, mais ils ont beaucoup d’argent. Ils vont probablement l’utiliser pour s’assurer que d’autres soient élus à la place de Mme Warren. CNBC à nouveau :
« Les donateurs démocrates à Wall Street et dans les grandes entreprises se préparent à passer leur tour dans le cycle de levées de fonds pour la campagne présidentielle – voire à soutenir le président Donald Trump – si la sénatrice Elizabeth Warren emporte la nomination de son parti.
Ces dernières semaines, CNBC a parlé à plusieurs donateurs démocrates d’importance dans le milieu des affaires et a découvert que cette opinion était de plus en plus partagée à mesure que Warren, très critique à l’encontre des grandes banques et entreprises, gagne du terrain face à Joe Biden dans la course de 2020. »
Tout est de la faute des riches
Par bien des aspects, les riches n’ont jamais été en si mauvaise posture. Autrefois, les Américains les admiraient… et aspiraient à les rejoindre. Aujourd’hui, ils pensent que les riches se sont emparés du butin par des méthodes louches, et qu’ils devraient en « rendre » une partie.
Les politiciens les taillent en pièces. Les films en font des méchants. La police adore les faire défiler menottes aux poignets.
Pourtant, les choses vont probablement empirer pour les riches, non s’améliorer. Lorsque la prochaine crise arrivera… qui endossera la responsabilité ?
La Réserve fédérale – pour n’avoir pas rempli son stock de taux d’intérêt de manière à avoir quelque chose à réduire pour lutter contre le ralentissement ? Le président – pour avoir accumulé des déficits de plusieurs milliers de milliards de dollars quand tout allait bien, laissant peu de marge de manœuvre lorsque les choses se gâtent ?
Ou les FDP riches, avides et bons à rien qui ont le plus profité du boom ?
C’est probablement eux qu’on accusera de la crise… et bientôt, on les accusera aussi d’empoisonner les puits, de jeter des sorts à leurs voisins et de faire commerce avec le diable.