▪ Le salut, dans l’énergie comme dans la finance, passe aussi par la diversification. Le tremblement de terre suivi d’un raz-de-marée et de l’explosion partielle de la centrale nucléaire de Fukushima a pas mal bouleversé les données à venir en matière d’énergie. Le nucléaire est devenu subitement le vilain mouton noir. Un sentiment que l’on peut comprendre au regard de la tragédie vécue par le Japon… mais très exagéré si l’on considère nos besoins énergétiques.
Il est utopique de vouloir balayer du jour au lendemain cette ressource. Nos sociétés occidentales comme les pays émergents ont un besoin croissant d’énergie pour produire l’électricité nécessaire à la bonne marche des économies — et encore plus quand elles sont en développement et que des populations migrent par milliers dans les villes, dans des appartements modernes, afin de vivre « à l’occidentale ». Ainsi, beaucoup de pays ont fait appel depuis plusieurs années au nucléaire afin de diversifier leurs ressources.
Evidemment, le nucléaire vient compléter une production énergétique d’abord basée sur le charbon ou le pétrole. On estime qu’il occupe la troisième place derrière ce que la filière appelle le « thermique à flamme » (67% répartis entre charbon, fioul et gaz) et l’hydraulique (19%).
▪ La nécessaire réallocation des ressources énergétiques
Seulement 32 pays font appel au nucléaire et les 442 réacteurs en fonctionnement produisent 370 gigawatts (GW), soit 17% de l’électricité mondiale. De très nombreux projets de nouvelles centrales étaient en cours, notamment dans les pays émergents comme la Chine. D’après les dernières estimations que donnent le magasine MoneyWeek, « au 1er mars, la Chine et l’Inde recensaient, à elles deux, 32 des 62 réacteurs en construction dans le monde et 68 des 158 réacteurs en phase de planification ».Compte tenu d’un environnement défavorable suite à l’accident de Fukushima, même si ces projets sont légèrement gelés et repoussés dans le temps, on peut imaginer que les dirigeants de ces puissances y reviendront petit à petit, tout simplement par nécessité énergétique.
Toutefois, je ne vais pas vous recommander d’investir dans l’énergie nucléaire aujourd’hui. Il me paraît un peu tôt pour y revenir. En revanche, cette situation implique obligatoirement une réallocation des ressources énergétiques : le charbon, le pétrole et le gaz resteront donc encore quelque temps les ressources les plus utilisées. Mais les énergies renouvelables pourraient prendre une nouvelle place dans la production énergétique mondiale.
Partons, si vous le voulez bien, du principe que la demande d’énergie est très forte avec une demande tirée en premier lieu par la croissance des pays émergents. La Chine est le deuxième consommateur d’électricité au monde. Les perspectives de la croissance mondiale avancées par le FMI laissent entrevoir un vrai redémarrage après les années de crise que nous avons connues — principalement dans les pays émergents qui vont donc encore augmenter leurs besoins en énergie. On l’a vu, les projets de développement de centrales sont gelés un peu partout — afin de mettre en place des protocoles qui garantiront encore plus de sécurité et rassureront les populations. Mais en attendant, où et comment augmenter la production d’énergie ?
Le prix du pétrole est durablement à la hausse et, d’après la théorie du Peak Oil, nous avons déjà consommé plus de la moitié des réserves et avons dépassé un maximum de production. La consommation mondiale de pétrole est de 89 millions de barils par jour. Par rapport à la production actuelle, il reste une infime marge de trois ou quatre millions de barils. Attendu que les experts estiment que la demande devrait monter à plus de 100 millions d’ici moins de 10 ans, et que la production maximale ne pourra dépasser les 100 millions, nul doute que l’ajustement se fera au niveau du prix.
Le charbon, vieux grigou des énergies fossiles, est bien reparti profitant de l’augmentation générale de la demande, mais est victime de son caractère très polluant — ceci dit, la Chine n’en a que faire : le charbon est pour elle la source d’énergie numéro un et elle ne peut arrêter sa production, et donc ralentir son économie, pour des critères écologiques.
Le gaz a de son côté le vent en poupe, avec pour très net avantage que les réserves mondiales y sont énormes et relativement diversifiées au niveau des pays producteurs.
Le principal problème des énergies fossiles est que leur consommation épuise les ressources disponibles. Ces matières premières qui nous permettent de faire tourner la machine économique par la transformation en électricité ou en chaleur s’épuisent car notre demande est en constante augmentation. Donc, il ne reste que la solution de trouver et de développer d’autres énergies.
▪ Les énergies nouvelles sont l’avenir de notre planète
Les énergies renouvelables, comme leur nom l’indique, permettent d’être disponibles en quantité illimitée. Avec en plus l’aspect extrêmement favorable de préserver l’environnement.
En 2008, la production mondiale d’électricité a été de 20 169 Térawatt/ heure (TWh). Pour le moment, la production annuelle d’électricité provient essentiellement des énergies fossiles avec en 2008 une production de plus de 13 641 TWh. Alors que l’énergie nucléaire mondiale ne représente que 2 724 TWh, et le renouvelable 3 804 TWh (dont 3 247 TWh pour l’hydraulique et 557 TWh pour le reste).
Pour remettre les choses en perspective, sachez que la France, en 2010, a produit 550,3 TWh pour une consommation intérieure de 488,1 TWh. La consommation annuelle monte régulièrement chaque année d’environ 1 à 2%, sauf en 2009 où, compte tenu de la crise économique, elle avait légèrement baissé de 1,6% par rapport à 2008. En 2010, la hausse a repris avec une progression de 1,9%.
Dans notre politique française énergétique, depuis le Général de Gaulle, nous avons fait largement confiance au nucléaire pour rester indépendants : 407,9 TWh étaient produits par le nucléaire, soit 74% de nos besoins totaux en électricité. 68 TWh provenaient de l’hydroélectrique, 59,4 TWh de la thermique à flamme, 9,5 TWh seulement de l’éolien. Et un tout petit 5,5 TWh des autres énergies renouvelables. En somme, depuis deux générations, nous sommes une nation « tout nucléaire ».
Conséquence de cette politique ? Tout a été mis en oeuvre pour continuer à favoriser le nucléaire… et ce, au détriment de la recherche d’autres sources d’énergie. Et pourtant, on voit à la simple lecture de ces chiffres le potentiel que recèlent les énergies renouvelables !
Certains des grands pays de la planète commencent depuis quelques années à entrevoir les bienfaits de ces nouvelles énergies. En 2008, les Etats-Unis occupent le premier rang mondial en termes d’investissements dans les énergies renouvelables (24 milliards de dollars). La tendance n’en est qu’au début — comme nous le verrons plus en détail demain.
[Diplômé d’un DESS de Gestion internationale de fortune, Frédéric Laurent exerce ses activités de conseil et gestion depuis une vingtaine d’années. Il a choisi de se mettre efficacement au service de l’investisseur particulier — bien souvent mal conseillé par les institutionnels. C’est dans ce but qu’il a rejoint les Publications Agora en tant que Rédacteur en Chef de Vos Finances, dont cet article est extrait.]
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[…] avons vu hier que les énergies “conventionnelles” étaient de plus en plus problématiques ; […]
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